Dominic Thiem : «Le tennis reste un jeu»

23 mai 2017 Non Par SoTennis

Son revers est spectaculaire, son coup droit est ravageur. Dominic Thiem s’est révélé au grand public l’an dernier, en enquillant les titres et en atteignant les demi-finales à Roland-Garros. L’Autrichien, âgé de 23 ans, à qui ont prédit un bel avenir, garde néanmoins les pieds sur terre. Lui, qui vient de battre pour la première fois un n°1 mondial et pour une seconde fois Rafael Nadal, conserve comme valeur refuge le travail.

Dominic Thiem espère briller encore une fois à Roland-Garros / ©SoTennis

Dominic Thiem espère briller encore une fois à Roland-Garros /©SoTennis

L’an dernier a été une belle année pour vous (quatre titres gagnés). Notez-vous une différence entre le Dominic Thiem de 2016 par rapport à celui de 2017 ?
Avec les résultats que j’ai eus la saison dernière, mes attentes sont désormais plus élevées. L’an dernier, j’étais heureux d’atteindre les huitièmes de finale à Monte-Carlo. Pas cette année. Je suis un peu moins « relax » sur le court du fait que je sois un membre du Top 10, ce qui fait que mes adversaires ont encore plus envie de me battre. Mais je dois m’en accommoder et m’y habituer.

Lorsqu’on évoque votre nom, beaucoup d’observateurs voient en vous le prochain numéro un mondial. Comment prenez-vous ces commentaires ?
C’est toujours plaisant d’entendre cela, mais c’est très difficile de le devenir. Pour le moment, ce n’est pas mon principal objectif. Actuellement, j’essaie juste de jouer le mieux possible et d’obtenir de bons résultats. Si je parviens à réaliser cela, le reste viendra et mon classement s’améliorera.

Billie Jean King adore dire : « La pression est un privilège ». Que pensez-vous de cette citation ?
(sourire) C’est une bonne citation, même si elle n’est pas la seule à la dire. Pour moi, le tennis reste un jeu. Il y a tellement d’autres choses importantes dans la vie. Bien sûr qu’il y a de la pression, mais je n’en fais pas toute une histoire. Avoir la possibilité de réaliser de belles choses sur un court a un côté amusant, mais à la fin, cela reste que du tennis.

« Mon but est de ressortir ce niveau de jeu à Roland-Garros »

En avril dernier, lors du tournoi ATP 500 de Barcelone, vous avez battu pour la première fois un numéro un mondial (Andy Murray en demi-finale). Comment vous sentiez-vous au moment de serrer la main du n°1 mondial en tant que vainqueur ?
Ce fut très spécial. C’était tout d’abord ma première victoire cette année contre un membre du Top 10, qui plus est contre le n°1 mondial. C’était un match accroché, au troisième set, je n’avais pas bien démarré, mais j’ai su rester fort mentalement et trouver les solutions pour recoller au score et finir par l’emporter. C’était une nouvelle grande étape.

En finale, vous vous êtes incliné contre Rafael Nadal. Quels enseignements peut-on tirer après un tel match ?
Lors de cette finale, le niveau de jeu était élevé. Rafa avait mieux joué que moi, ne me donnant très peu de points. C’est toujours très intéressant d’affronter les meilleurs. En réalité, je me suis « rassuré » quant à mon niveau de jeu. Désormais, mon but est de ressortir ce niveau de jeu à Roland-Garros, avec je le sais des matchs pouvant aller en cinq sets.

Lors de ce tournoi, vous avez réussi à retourner des situations compliquées. Votre approche mentale est-elle différente cette année ?
Je pense que cela provient avant tout de l’expérience accumulée sur le circuit. Chaque année, vous apprenez de nouvelles choses. Vous apprenez des victoires, des défaites, des situations stressantes… Je peux désormais m’appuyer sur ces expériences et uniquement sur cela.

« Mon meilleur coup reste mon coup droit »

Même si vous n’avez jamais été embonpoint, vous semblez être depuis le début de l’année un plus « fit ». Vous avez déjà évoqué travailler avec un physio, Alex Stober, mais travaillez-vous aussi avec un nutritionniste ?
Non, j’ai juste arrêté de manger de la mauvaise nourriture (rires). J’ai commencé à entreprendre cela en 2015. J’étais mince, mais je mangeais des cochonneries, des sucreries qui ont un impact lors des phases de récupération, lors des entraînements. Désormais, je suis devenu plus rigoureux aussi sur le plan de la nutrition. Pour remporter de longs matchs, cela passe aussi par ce que vous avez dans votre assiette.

Le revers, le coup le plus impressionnant de Dominic Thiem / ©SoTennis

Le revers, le coup le plus spectaculaire de Dominic Thiem / ©SoTennis

Votre revers, à une main, est souvent très commenté. Pensez-vous que c’est votre meilleur coup?
C’est probablement le coup le plus spectaculaire de mon jeu. Mais mon meilleur coup reste mon coup droit. Avec lui, je peux faire des ravages. En réalité, mon revers n’est pas meilleur que mon coup droit, voilà pourquoi je dis cela. Je remporte plus de points avec mon coup droit.

Lorsque vous avez commencé le tennis, vous jouiez ce revers à deux mains. Pourquoi et à quel moment êtes-vous passé à un revers à une main ?
Tout d’abord, cette décision ne vient pas de moi (sourire). Je devais avoir 11 ans et je débutais ma collaboration avec Günter Bresnik, qui est toujours mon entraîneur aujourd’hui. Il a souhaité que je change mon revers à deux mains avec lequel je n’étais à l’aise. En réalité, j’avais une mauvaise prise. Günter pensait que ce revers allait être un frein pour ma progression. Il a alors décidé que je passe à un revers à une main. Comme je lui faisais confiance, j’ai suivi. Avec le recul, aujourd’hui, on peut dire que ce fut une bonne décision.

L’an dernier, vous avez atteint les demi-finales à Roland-Garros. Pour vous que représente ce tournoi du Grand Chelem ?
C’est sans doute le tournoi du Grand Chelem où j’ai le plus de chances d’aller loin. L’an dernier, j’étais en demi-finales, j’étais en finale du tournoi juniors (NDLR : en 2011). Je m’y sens bien, j’adore la terre battue et chaque année, c’est LE tournoi le plus important de la saison. Ça l’est encore plus aujourd’hui avec les résultats que j’ai pu obtenir sur cette surface.

Propos recueillis par E-A à Barcelone.