Génération nouveau C.N.E

24 novembre 2016 Non Par SoTennis

Situé désormais rue Molitor à Paris (à 500 m de Roland-Garros), le nouveau Centre National d’Entraînement de la Fédération française de tennis offre à ses pensionnaires et à ses visiteurs des équipements à la pointe de la technologie. Lionel Faugère, coordinateur de ce centre, évoque son fonctionnement et les nouveautés qu’il apporte.

Le nouveau C.N.E est entré dans une nouvelle ère/©SoTennis

Le nouveau C.N.E est entré dans une nouvelle ère/©SoTennis

Qui peut bénéficier des infrastructures du Centre National d’Entraînement (C.N.E) ?
En priorité, il y a tous les joueurs susceptibles d’être sélectionnés en Coupe Davis ou en Fed Cup dans l’année et les joueurs handisport médaillables aux Jeux Olympiques. La deuxième priorité est portée envers les pensionnaires du centre et les joueurs français qui figurent parmi les meilleurs du monde, mais qui ne sont pas nécessairement sélectionnables dans l’année en Coupe Davis ou en Fed Cup. Il y a également ceux de première série, jouant sur le circuit international. Il y a enfin les joueurs figurant dans les parcours associés qui s’entraînent dans des structures privées, mais que nous accompagnons financièrement à travers d’aide ou de stage. Sans oublier nos jeunes stagiaires âgés de 12-13 ans (faisant partie des parcours associés), qui peuvent venir ici pour des stages courts (de quelques jours) à un moment où nous avons des disponibilités sur les terrains.

Depuis le 12 octobre 2015, le nouveau C.N.E est en activité. En quoi est-il différent du précédent ?
Globalement, il offre tout en mieux. Nous avons plus de terrains, en dur couvert (7) et quatre en extérieur (ndlr: utilisés à certaines heures par les associations de la Ville de Paris), ce qui n’était pas le cas dans l’ancien. L’un de ces terrains couverts est équipé de la technologie Playsight, qui permet une analyse précise et un décorticage des entraînements, donnant ainsi beaucoup d’informations aux entraîneurs sur les séquences réalisées. C’est un outil qui ponctuellement permet de faire le point sur les évolutions techniques. La salle de préparation physique est pratiquement trois fois plus grande que la précédente, où un caisson hypoxique (l’un des plus grands en Europe) offre aux joueurs la possibilité de s’entraîner dans des conditions de pression atmosphérique reproduisant celles de l’altitude (jusqu’à 3 000 m). Nous avons mis également l’accent sur la récupération, qui est un élément fondamental du tennis moderne. La salle des kinésithérapeutes est plus spacieuse et lumineuse. Un espace balnéothérapie avec un bassin pour la rééducation, un bassin froid (à 8°C) et chaud (28°C), un espace de cryothérapie (avec deux cabines une à -60 degrés l’autre à -110) viennent compléter ce dispositif très pointu, qui n’était pas présent au sein de l’ancien C.N.E.

«L’idée d’un Centre dans le Sud ne semble pas abandonnée, car la Fédération participe à la rénovation d’un grand club en Côte d’Azur»

Ce nouveau C.N.E se situe en dehors du stade Roland-Garros. Cette « délocalisation » est-elle un inconvénient ?
Le fait d’être en dehors du stade nous coupe un peu du stade, en lui -même. Cependant, cela va être le lot de nombreux salariés de la fédération puisque plusieurs autres Directions doivent prochainement quitter le stade pour aller à proximité, rue Escudier, afin de pouvoir débuter une nouvelle tranche de travaux. Nous continuons ainsi que les joueurs à aller au restaurant du stade pour y déjeuner afin de maintenir ce lien. En été, les joueurs et les entraîneurs vont s’entraîner sur les terres battues du stade et reviennent au C.N.E le soir pour les entraînements physiques. Cette délocalisation présente donc certains inconvénients, mais qui sont secondaires par rapport à tous les avantages que nous tirons de ce nouveau bâtiment.

Le nouveau C.N.E compte quatre courts en dur extérieur, qui ne seront bientôt plus utilisables en raison notamment de la pluie et du froid. Que pensez-vous de cette fameuse idée d’un C.N.E dans le sud de la France ?
L’idée d’un Centre dans le Sud ne semble pas abandonnée, car la Fédération participe à la rénovation d’un grand club en Côte d’Azur. L’utilisation qui en sera faite par la Fédération sera à définir lors de la prochaine mandature, mais il apparaît difficile d’imaginer un second Centre National avec les infrastructures et le personnel au niveau de ce dont on dispose ici.

«Cet accompagnement ne s’arrête pas aux portes du C.N.E»

Sur l’aspect structurel, qui travaille au sein de ce nouveau C.N.E ?
La Direction Technique Nationale, qui est l’une des directions de la Fédération française de tennis. C’est-à-dire, le directeur technique national, les responsables du haut niveau masculin et féminin et leurs collaborateurs, les responsables des catégories 15 ans et moins, les entraîneurs nationaux, les préparateurs physiques, le Département de la Formation et de l’Enseignement, les kinésithérapeutes et les médecins de la FFT.

Combien de chambres comptent ce nouveau C.N.E ?
Nous avons retrouvé la capacité d’hébergement que nous avions perdue à l’ancien centre, car beaucoup de chambres avaient été transformées avec le temps en bureau. Actuellement, nous avons 38 chambres (individuelle, double, triple et quadruple) qui peuvent accueillir jusqu’à 57 personnes. À l’instant où je vous parle (le 11 octobre) nous avons 11 pensionnaires à temps complet puis d’autres qui sont de passage pour des durées plus ou moins longues. Ces effectifs évoluent régulièrement.

«Lucas a prouvé depuis le début qu’il était un garçon d’une grande humilité, d’une très grande gentillesse et très ouvert aux autres»

Le C.N.E a-t-il également pour mission d’accompagner, les joueurs dans leurs projets d’après carrière ?
Tout d’abord, tous les mineurs présents ici sont scolarisés. Aujourd’hui, il y a 6 filles qui le sont (de la classe de la troisième à la terminale). Nous bâtissons une scolarité sur-mesure autour du programme d’entraînement et de compétition. C’est ma mission de suivi socioprofessionnel. L’objectif pour nous, c’est que nos jeunes obtiennent le baccalauréat, qui reste la porte ouverte à toutes les possibilités, en cas d’échec sportif. Dernièrement, nous avons accompagné Guillaume Rufin (titulaire du baccalauréat) dans sa démarche pour devenir kinésithérapeute. Aujourd’hui, il est à l’école de Saint Maurice. Rien n’est fermé. Je suis prêt à accompagner ces sportifs de haut niveau, dans leur reconversion dès lors qu’ils font appel à moi. Cet accompagnement ne s’arrête pas aux portes du C.N.E. J’ai parfois un coup de téléphone d’un athlète se trouvant en province. Nous sommes là pour les aiguiller, ensuite c’est à eux d’agir. Ils doivent être acteurs de leur reconversion.

Y a-t-il ici un espace dédié aux joueurs qui disputent la Coupe Davis ou la Fed Cup?
Il y a au C.N.E un club France. C’est un espace, où les joueurs disputant la Coupe Davis et la Fed Cup, peuvent s’en servir comme un endroit de repos après s’être entraînés ici. C’est un espace de détente qui leur est dédié. Cet espace peut servir également lors d’un stage préparatoire pour une rencontre de Coupe Davis ou de Fed Cup.

Que vous inspirent les récents résultats de Lucas Pouille, qui a été pensionnaire permanent au C.N.E et où il a rencontré son entraîneur actuel (Emmanuel Planque)?
Cela m’inspire que la structure peut toujours sortir un sportif de haut niveau. Mais ce n’est pas la structure qui fait seule le champion, c’est son cœur avant tout, c’est l’envie qu’il a de réussir, les efforts qu’il est prêt à accomplir. Il y a beaucoup de choses qui peuvent amener à un sportif qui est jeune à déraper. Lucas a prouvé depuis le début qu’il était un garçon d’une grande humilité, d’une très grande gentillesse et très ouvert aux autres. Malgré son ascension relativement rapide, il a su garder son authenticité. Cela doit donner à réfléchir à tous les autres, qui se disent qu’ils ont tout pour réussir. Lucas n’a eu ni plus ni moins que ce qu’ils ont eu, sauf qu’il a peut-être mieux exploité les possibilités qui lui étaient offertes. La génération que nous avons aujourd’hui celle de Gilles Simon, Jo-Wilfried Tsonga, Gaël Monfils, Julien Benneteau, Nicolas Mahut, ce sont des joueurs qui ont suivi complètement la filière (fédérale) et ont suivi leur chemin en sachant garder le cap de leurs ambitions.

Propos recueillis par E-A.