Geoffrey Blancaneaux : «C’est un kif »

22 mai 2017 Non Par SoTennis

Un an après avoir remporté Roland-Garros chez les juniors, Geoffrey Blancaneaux y disputera cette semaine les qualifications, grâce à une wild-card. Le Breton, qui vit sa première année chez les pros, n’a pas perdu de temps pour amorcer la délicate transition entre le monde des juniors et le circuit professionnel. Derrière le sourire et l’extrême courtoisie de l’actuel 447e mondial, se cache un caractère bien trempé et un mental d’acier, qu’il compte bien exploiter pour atteindre ses objectifs, qui sont élevés.

Geoffrey Blancanneaux au BNP PARIBAS PRIMROSE / ©SoTennis

Geoffrey Blancaneaux /©SoTennis

Le grand public vous a connu l’an dernier lors de votre victoire à Roland-Garros junior. Aujourd’hui, que reste-t-il de cette victoire en vous ?
Il reste beaucoup de bons souvenirs et de la confiance. Cela me permet de toujours me rappeler sur le terrain des bonnes choses à faire et d’essayer de les reproduire, en améliorant le jeu que j’ai pu produire lors de cette semaine.

Après votre titre à Roland-Garros junior, pourquoi avoir poursuivi votre parcours dans le giron fédéral, alors que vous avez été courtisé par des structures privées ?
Après ce titre, je m’étais replongé dans mes épreuves du baccalauréat. Ensuite, je ne voyais pas l’intérêt de changer de coach, Cédrid Raynaud, avec qui j’ai travaillé pendant deux ans à l’INSEP, et qui m’accompagne aujourd’hui sur les tournois. Avec lui, j’avais progressé et réalisé de belles choses. Depuis, je n’ai jamais eu envie une seule fois de changer d’entraîneur. J’espère continuer avec lui le plus longtemps possible.

Depuis le début de l’année, vous évoluez sur le circuit professionnel. À mi-saison, quel « bilan » tirez-vous de vos premiers pas chez les pros ?
En début d’année, j’ai eu un peu de mal sur dur. Depuis plus d’un mois cela va mieux. J’ai remporté mon premier Future, j’ai fait finale au Challenger d’Angers. Je pense que mon niveau de jeu évolue dans le bon sens. J’ai pour objectif d’intégrer le Top 200 dès la fin de cette année.

En avril dernier, vous avez remporté votre premier Future à Hammamet. Comment avez-vous vécu cette victoire ?
C’était une étape et également un soulagement, car j’avais fait auparavant pas mal de demi-finales d’affilées. Cette victoire m’a fait du bien. Elle m’a relancé lors d’une période un peu plus dure, où je n’avais pas eu de grands résultats.

« Remporter un Grand Chelem à 24 ans c’est l’un de nos objectifs »

Vous vous êtes fixé, à court terme, d’intégrer avant le 8 août 2018 le Top 100. Pourquoi cette date ?
C’est un objectif à moyen terme, me permettant de me motiver jour après jour. Dans mon projet, que j’ai mis en place avec mon père, de remporter un Grand Chelem à 24 ans, c’est l’un de nos objectifs. Si j’atteins le Top 100 à 20 ans, soit le 8 août 2018, je serais alors dans les temps. Néanmoins, je ne m’arrête pas à des dates. Si je parviens à intégrer ce Top 100 en 2018, c’est bien, si c’est en 2019 ce ne sera pas un problème.

Votre père, Michel, a toujours eu un rôle important dans votre parcours. Quelle place occupe-t-il aujourd’hui dans votre team ?
Désormais, il est mon manager. Il gère tous les à-côtés du tennis. Nous avons créé avec lui la marque 888G, en référence à ma date de naissance (8 août 1998) et la première lettre de mon prénom. J’ai mon entraîneur avec qui j’évoque l’aspect tennistique, les tournois à jouer et avec qui je m’entraîne.

Votre entraîneur, Cédrid Raynaud, avait dit à la suite de votre victoire à Roland-Garros junior, que vous étiez l’un des rares joueurs à proposer lors d’un échange toujours deux balles différentes. Est-ce cela votre identité de jeu ?
Mon identité de jeu, c’est la variation, afin de faire déjouer l’adversaire. J’ai toujours joué comme cela dans mes jeunes années et aujourd’hui, j’essaie de faire pareil en tapant plus fort dans la balle et en la prenant plus tôt. La plupart des joueurs aiment bien jouer en cadence. Moi, j’essaie de proposer des balles toujours différentes, c’est sans doute un atout.

Vous avez intégré Rodolphe Gilbert à votre staff, avec qui vous aviez collaboré il y a quelques années. Pourquoi ce choix ?
C’est tout d’abord un très bon coach. Il a été joueur professionnel, il connaît ce que c’est le circuit. J’ai une très bonne relation avec lui, j’ai de bonnes discussions. J’adore m’entraîner aussi avec lui. Cela me pousse vers le haut. Il m’accompagne quelques semaines dans l’année. Lors du Challenger de Bordeaux il était là.

« J’ai compensé par le mental »

Votre croissance a été plus lente que les autres joueurs de votre âge. Comment avez-vous vécu cette période où vous n’aviez pas les mêmes atouts physiques que vos adversaires ?
À cette période, j’ai développé un autre type de jeu. Celui d’un contreur, en jouant bien tactiquement. Il a fallu être patient. C’est certain que c’était un peu frustrant d’être face à des joueurs plus grands. Mais j’ai compensé par le mental. Je me disais souvent qu’un jour, j’aurai les mêmes atouts. J’ai beaucoup travaillé cet aspect mental lors de ces années-là. Aujourd’hui, cela me sert bien.

Entre août 2015 et juin 2016, vous avez pris 15 centimètres. Est-ce que cet aspect physique, vous le travaillez spécifiquement désormais ?
Il est vrai que les joueurs du circuit pro sont désormais très physiques. C’est au physique que cela se passe et au mental. Je fais ce travail physique tout en essayant de ne pas me blesser avec mon préparateur physique Cyril Brechbuhl. J’ai monté ma structure moi-même. Je progresse à mon rythme et c’est très bien ainsi.

Lors de son élection à la tête de la Fédération française de tennis, Bernard Giudicelli a été particulièrement élogieux à votre encontre et a évoqué notamment sa volonté que vous rencontriez le podium (nouvelle instance composée de champions français). Est-ce le cas ?
Il m’a envoyé un message lors de son élection, mais je n’ai pas eu encore l’occasion de le rencontrer, j’espère que ce sera le cas avant Roland-Garros. Il en est de même concernant les membres du podium. Ces dernières semaines, j’étais souvent à l’étranger. J’espère les rencontrer prochainement.

Vous avez obtenu une wild card pour disputer les qualifications à Roland-Garros comment avez-vous accueilli cette nouvelle ?
C’est encore un honneur de jouer là-bas. Ce sera une première pour moi de potentiellement jouer un match en cinq sets, si je m’extirpe des qualifs, dans un tel tournoi. Je vais faire mon maximum pour représenter ce que je vaux. C’est une étape de plus, comme toutes les autres.

Vous êtes un jeune homme de votre temps. Vous avez votre chaîne Youtube 888G où vous proposez différents contenus. Qu’est-ce que cela vous apporte de vous mettre en scène comme cela?
C’est un kif. J’adore faire des vidéos. Cela m’apporte de la visibilité et cela me permet de me faire connaître du grand public. J’essaie d’ajouter une vidéo au moins toutes les deux semaines. Je remercie Sachka Lelouch qui réalise ces vidéos. Pour moi, c’est juste du fun.

Vous êtes également actif sur les réseaux sociaux. Le contact entre l’athlète et ses fans est direct avec parfois des commentaires qui peuvent être bienveillants mais aussi très violents. Les lisez-vous ces messages ?
Ce n’est pas moi qui m’occupe de cet aspect-là, c’est mon père. Moi, je joue au tennis s’est déjà assez compliqué comme cela. J’essaie d’être à fond dans mon projet. J’espère avoir le maximum de personnes qui me soutiennent. Pour les autres, je suis désolé pour ceux qui ne m’aiment pas trop, qui trouvent que j’ai peut-être un peu le boulard ou que mon jeu n’est pas très bien. J’essaie de faire plaisir à tout le monde, mais c’est compliqué.

Propos recueillis par E-A à Bordeaux.