Jarkko Nieminen : « C’était un rêve »

25 novembre 2015 Non Par SoTennis

Après avoir usé pendant plus de 15 ans les cordes de sa raquette sur le circuit ATP, Jarkko Nieminen a décidé de dire stop. Sans blessure et sans regret le Finlandais de 34 ans s’apprête à débuter une nouvelle vie, où le tennis aura toujours une place importante.

Jarkko Nieminen. ©SoTennis

Jarkko Nieminen. ©SoTennis

Avant de ranger « définitivement » vos raquettes, vous disputez cette année les interclubs avec la Villa Primrose…
J’ai été très bien accueilli. Le club est magnifique, j’ai déjà eu l’occasion de découvrir la gastronomie bordelaise et de déguster quelques bons vins. Nous formons une bonne équipe, jusqu’à présent nous avons eu de bons résultats. Tout est positif.

Le 9 novembre dernier, vous avez disputé à Helsinki un match exhibition face à Roger Federer. Peut-on parler de jubilé?
C’était un rêve de terminer comme cela. Mettre un point final à ma carrière chez moi, en Finlande, devant plus de 30 000 spectateurs (ndlr : le match a eu lieu à l’Hartwall Arena de Helsinki), face au meilleur joueur de tous les temps, c’est impossible de demander mieux. J’ai été très touché que Roger que je connais depuis plus de 20 ans accepte de venir, alors qu’il avait un emploi du temps très chargé. C’était une belle fête, et dans un certain sens un beau jubilé.

« Il est temps pour moi de passer à autre chose, avec beaucoup de sérénité »

Vous n’avez pas été contraint de prendre votre retraite sportive à cause d’une blessure, vous l’avez prise plus de votre plein gré. Cette prise de décision la redoutiez-vous?
Dans la vie d’un athlète, cette décision n’est pas la plus simple à prendre. C’est difficile d’éviter le match, le tournoi voire la saison de trop. Dans mon cas, je me considère chanceux de finir en bonne santé, sans blessure, après plus de 15 ans à avoir tout donné sur le court.

Aujourd’hui, quel regard portez-vous sur votre carrière?
Je suis heureux de ce que j’ai fait. J’ai toujours travaillé très dur. J’ai eu une très longue carrière, à un haut niveau. Évidemment, lorsque vous commencez à avoir de bons résultats, vous en voulez toujours plus. À chaque match, j’ai toujours tout donné. Aujourd’hui, je ne peux avoir de regrets.

Fin 2007 vous avez fait votre service militaire. C’est assez inhabituel pour un joueur de tennis professionnel…
(sourire) Effectivement, ce n’est pas habituel, d’autant plus que j’avais déjà 26 ans, et j’avais réalisé une bonne saison. Ce fut une bonne expérience, et cela eu un bon impact dans ma carrière. Par la suite, ma vision de mon métier a légèrement changé.

Lorsqu’ils prennent leur retraite sportive, certains joueurs de tennis professionnel craignent leur vie après le tennis. Est-ce votre cas?
Pas vraiment. J’ai une académie de tennis depuis 3 ans en Finlande (ndlr : la JNTA), où je transmets quelques conseils aux joueurs qui y sont présents. J’ai été heureux de jouer pendant 15 ans sur le circuit, il est temps pour moi de passer à autre chose, avec beaucoup de sérénité.

« Dans le passé, il pouvait y avoir un nouveau joueur qui parvenait à être n°1 le temps de quelques semaines, ou quelques mois »

Quels conseils donnez-vous à ces jeunes joueurs présents dans votre académie, qui aspirent à devenir professionnel?
De rester fort. Le monde professionnel est dur, et il faut beaucoup travailler pour tenter d’accomplir ses objectifs, tout en aimant ce que l’on fait. La clé de la « réussite » est de pouvoir s’améliorer tous les jours, ou du moins tenter de le faire, tant sur l’aspect physique, mental, technique, tactique… C’est ce que tous les athlètes essayent d’accomplir. Si cette quête d’amélioration est présente en eux, alors ils auront une chance de devenir professionnel.

Devenir entraîneur, ça vous tente ?
Je n’aspire plus pour le moment à voyager autant que par le passé. Je suis intéressé à rester dans le monde du tennis, mais être un coach à plein temps, repartir de tournoi en tournoi, non. Pourquoi pas plus tard, dans 10 ans.

Vous avez affronté Andre Agassi, Pete Sampras, Roger Federer, Rafael Nadal, Novak Djokovic… avez-vous observé une différence notable entre ces générations?
Aujourd’hui, la différence réside dans le fait qu’il y a ce Big Four, Djokovic, Federer, Murray et Nadal qui tiennent éloignés les autres joueurs des Grands Chelems. Dans le passé, il pouvait y avoir un nouveau joueur qui parvenait à être n°1 le temps de quelques semaines, ou quelques mois. Depuis l’arrivée de Roger Federer à la tête du classement ATP, ce n’est plus le cas. Comme ce fut le cas avec Nadal et comme c’est le cas actuellement avec Djokovic. Ce qu’ils réalisent est incroyable. Ce qui est fantastique, c’est qu’ils jouent à la même époque. C’est bien pour le tennis.

Propos recueillis par E-A