Pierre-Hugues Herbert: « C’est maintenant que je dois passer un cap »

22 mai 2015 Non Par SoTennis
Pierre-Hugues Herbert

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Pierre-Hugues Herbert est de retour. Après un début d’année compliquée, et une blessure à l’épaule, qui l’a contraint à rester loin des courts durant près de trois mois, «  P2H » a effectué son retour à la compétition à l’occasion du challenger de Bordeaux. Cette semaine, l’Alsacien a tenté d’intégrer le tableau final de Roland-Garros, en y disputant les qualifications, où il s’est incliné au deuxième tour face à Andrea Arnaboldi, après un match record (ndlr: Arnaboldi s’est imposé 6-4, 3-6, 27-25 en 4h26, et sur deux jours). Mais Pierre-Hugues Herbert, n’en a pas fini avec le “French Open”, puisqu’il sera aligné dès la semaine prochaine, en double, associé à Nicolas Mahut. Avec lucidité, disponibilité et une dose de «second degrés », l’actuel 145e mondial évoque pour So Tennis ses débuts sur le circuit ATP, et ses objectifs cette saison, qui sont élevés, notamment en double.

Une blessure contractée lors du dernier Open 13 vous a contraint d’être éloigné des courts durant plus de deux mois. Après quelques semaines d’entraînement sur terre battue comment jugez-vous votre niveau de jeu?
J’ai été agréablement surpris par mon niveau de jeu lors du challenger de Bordeaux. Car cela faisait très peu de temps que je pouvais servir correctement. En simple ça s’est joué sur deux trois points. Même s’il y a eu une défaite au bout au 1er tour, j’ai été content de défendre de nouveau mes chances, presque à fond.

Depuis le début de la saison vous n’êtes pas épargnés par les pépins physiques. Comment gérez-vous ces pauses forcées, alors que vous êtes en pleine progression?
C’est quelque chose de nouveau pour moi. Jusqu’à présent je n’ai jamais été vraiment blessé. Je suis pas sûr d’être  le meilleur à les gérer au mieux. Durant cette période j’ai malgré tout continué à bosser ce que je pouvais bosser. Aujourd’hui je suis très content d’être de retour.

«  Jouer les tournois du Grand Chelem c’est l’objectif et le rêve de tous les joueurs de tennis »

Le grand public a pu vous découvrir notamment lors du Masters 1000 de Paris-Bercy en 2013, où vous étiez sorti des qualifications (en sauvant 1 balle de match au 1er tour à face à Zeballos), avant de vous incliner au 2e tour face à Novak Djokovic (en ayant eu 2 balles de 1er set). Quels enseignements aviez-vous tiré après un tel parcours?
Cela m’a fait réaliser que je pouvais gêner de très bons joueurs, et enchaîner les victoires, ce qui était quelque chose que je n’arrivais pas à faire. J’ai pris conscience qu’il fallait que je travaille sur ma différence, qui est mon jeu d’attaque, pour arriver à être encore meilleur. Rien que le fait d’accrocher Djokovic qui était le n°2 mondial à l’époque, cela fait comprendre certaines choses. J’ai eu aussi envie de revenir sur ce genre de tournoi, car l’ambiance y est incroyable. En Masters 1000 les stades sont souvent pleins. Ce fut une superbe expérience.

A cette époque là étiez-vous impressionné par tout le faste de ce circuit ATP?
Oui forcement, mais c’est là que je voulais être depuis gamin. Je savais que ces tournois étaient très biens et très beaux. Pouvoir le vivre c’est assez impressionnant. Cela m’a surtout donné envie d’y regoûter,

« Faire un jour partie de l’équipe de France de Coupe Davis c’est un rêve de gamin »

Et aujourd’hui ça vous fait quoi de croiser les Nadal, Federer…?
C’est toujours assez impressionnant, car c’est souvent des joueurs que j’ai pu admirer lorsque j’étais plus jeune. Croiser un mec comme Federer de par son charisme c’est toujours incroyable. Mais en même temps il faut pas perdre d’esprit l’envie de les jouer et les battre, et de tester son niveau de jeu face à ces joueurs, avec l’ambition de sortir vainqueur du court.

Après avoir remporté en 2014 votre premier tournoi challenger (simple et double), atteint en janvier dernier la finale de l’Open d’Australie, intégrer le Top 100 est-ce votre principal objectif à court terme?
Bien sûr, car en faire partie permet de jouer en particulier les tournois du Grand Chelem. Jouer ces tournois c’est l’objectif et le rêve de tous les joueurs de tennis. Faire partie des 100 premiers mondiaux oui, mais j’ai aucunement envie de m’arrêter là, car j’ai des objectifs plus élevés, mais intégrer ce Top 100 est à court terme un passage obligé avant de viser plus haut.

Votre partenaire de double Nicolas Mahut a été sélectionné en mars dernier pour la première fois en Coupe Davis. Pour vous que représente cette compétition?
C’est les matches par équipe fois mille. C’est incroyable de pouvoir jouer pour son pays, pour des coéquipiers… dans une ambiance folle, à mon avis ce sont des sensations assez incroyables. Faire un jour partie de l’équipe de France de Coupe Davis c’est un rêve de gamin.

Comptez-vous disputer le double à Roland-Garros avec Nicolas Mahut?
Oui c’est prévu, comme nous avions prévu depuis le début de l’année de jouer ensemble. Malheureusement j’ai été indisponible durant trois mois à cause de ma blessure, mais l’objectif est clair, c’est de se qualifier pour le Masters de Londres en double, et cette qualification va passer par des bons résultats dans les Grands Chelems. J’ose espérer que notre parcours au tournoi de Bordeaux (ndlr : demi-finaliste) servira de tremplin pour notre double à Roland-Garros.

Certains observateurs vous promettent une progression rapide vers le plus haut niveau. Prenez-vous ça comme un compliment ou comme une forme de pression supplémentaire?
Un peu comme les deux, même si je prends plus ça comme un compliment. Si ces personnes le pensent il doit y avoir un peu de vrai. Cela veut dire aussi que je suis un peu plus attendu. Aujourd’hui j’ai 24 ans, c’est maintenant que je dois passer un cap. Pour la pression je pense que je m’en met moins qu’auparavant. A 19, 20 ans j’avais plus de mal à gérer cet aspect là. Pour continuer d’avancer il faut comprendre les choses et se battre au quotidien pour arriver à obtenir de bons résultats.

Selon vous quelle est la plus grande différence entre le Pierre-Hugues Herbert de 2013 et celui d’aujourd’hui?
Il y a eu un déclic. En 2014, j’ai fait une bonne fin de saison. La différence n’est pas énorme, je pense être plus mature, plus expérimenté, avec une meilleure gestion des situations, même si j’ai encore des progrès à faire, je suis sur le bon chemin.

 Propos recueillis par E-A