Quentin Halys : «C’est juste une étape»

16 mai 2016 Non Par SoTennis

Depuis plus d’un an Quentin Halys ne cesse de progresser. Victorieux de son premier tournoi Challenger en avril dernier, le protégé d’Olivier Ramos poursuit sa marche en avant avec placidité et détermination. Invité pour la deuxième année consécutive dans le tableau principal de Roland-Garros, le Frenchie, au regard magnétique, souhaite tout donner pour espérer y briller.

Quentin Halys lors du récent BNP PARIBAS PRIMROSE / ©SoTennis

Quentin Halys lors du récent BNP PARIBAS PRIMROSE / ©SoTennis

Vous venez de remporter (le 30 avril) à Tallahasse (en Floride) votre premier tournoi Challenger, c’était l’un de vos principaux objectifs cette saison?
Oui, c’était l’un de mes objectifs, en revanche je ne m’attendais pas à le gagner aussi tôt, surtout sur terre battue. Je suis content de cette victoire, désormais il faut essayer de continuer sur cette lancée-là et surtout pas se contenter de cela.

Vous attendiez-vous à remporter un tournoi Challenger à l’âge de 19 ans, chose assez rare depuis 7 ans pour le tennis masculin français?
J’ai entendu parler de cette statistique, mais cela ne veut pas dire grand chose. J’aurai très bien pu perdre en finale voire même ne jamais en gagner un. Lucas Pouille par exemple fait partie du Top 30, pourtant il n’a (pour le moment) jamais gagné de tournoi de cette catégorie. Cette stat est pour moi anecdotique.

« Ce titre c’est juste une étape, il faut continuer à travailler dur»

À la suite de votre victoire votre entraîneur, Olivier Ramos, avait notamment déclaré : «Il avait un bon niveau de jeu depuis plusieurs semaines, mais ça ne souriait pas en match». Étiez-vous-vous trop crispé en match?
Je n’étais pas nécessairement crispé, j’ai surtout eu avant ce titre des matchs difficiles. Par exemple, avant de remporter ce tournoi, j’avais joué contre Gérald Melzer, qui était aux portes du Top 100, j’étais tout proche de gagner en deux sets, finalement j’ai perdu en trois sets (son adversaire s’est imposé 5-7 6-4 6-1). Ce sont des matchs où je jouais bien, mais cela s’est joué à pas grand-chose. Les jours qui ont suivi cela a tourné et le tournoi d’après, s’est plutôt bien goupillé pour moi.

Ce premier titre est finalement le fruit de beaucoup de travail et de patience…
C’est le travail avant tout, la patience aussi, car c’est dur de perdre toutes les semaines. Lorsque l’on arrive à gagner un titre c’est bien entendue une chose assez incroyable. Mais ce titre est juste une étape, il faut continuer à travailler dur.

Lors du récent Open d’Australie vous avez remporté, sur le court n°15 votre premier match en Grand Chelem (en battant Ivan Dodig), après une incroyable balle de match. Aujourd’hui, quel souvenir gardez-vous de cette victoire?
Ce fut un match assez incroyable. Le scénario était un peu dingue, le match était très long, c’était la première fois que je jouais aussi longtemps, en quatre sets où la chaleur était importante. Avec aussi une ambiance que je ne connaissais pas. J’étais très content de m’en être sorti et aujourd’hui j’en garde le souvenir d’avoir gagné et bien joué.

«Mon entraîneur arrive à me faire travailler dur, surtout lorsque je n’en ai pas envie»

Un premier match remporté en Majeur vous aide-t-il désormais à aborder les suivants?
Pour le moment, les matchs en Grand Chelem ce n’est pas mon quotidien, car je n’ai pas encore le classement nécessaire pour rentrer directement dans le grand tableau. Je travaille pour les jouer. Ce qui est sûr, c’est que cela m’encourage à me dire que déjà physiquement et tennistiquement j’ai le niveau. Il faut désormais continuer de progresser pour obtenir un maximum de match comme celui-là.

Lors de cette première levée du Grand Chelem de l’année, vous aviez affronté et titillé au 2e tour Novak Djokovic. L’an dernier au 1er tour de Roland-Garros vous aviez affronté Rafael Nadal. Face à ces joueurs, quel genre d’enseignement retire-t-on après les avoir affrontés?
Que l’on est très très loin d’eux et qu’ils sont très très forts. Car forcément on voit tout de suite nos lacunes. Pour le moment, c’est très dur de rivaliser avec ce niveau-là, cela aide et facilite les axes de travail. Mais c’est surtout du plaisir de pouvoir jouer sur de grands courts face à des grands champions comme Novak et Rafael.

Vous semblez avoir pris du muscle par rapport à l’an dernier. Avez-vous bossé spécifiquement cet aspect physique à l’intersaison?
J’ai essayé de faire pas mal de physique, ce fut un gros axe de travail, je savais que j’en avais besoin. Le but était de se concentrer pas mal sur le bas du corps et d’améliorer mon endurance. Ce travail a consisté sur quasiment deux mois (NDLR :il est resté 66 jours sans jouer de match en compétition en novembre-décembre dernier) à passer beaucoup de temps sur le court et en salle de gym. Ce fut une bonne période malgré tout. Depuis, j’essaye au quotidien de m’améliorer notamment sur ce point-là.

«J’essaye de jouer le tennis comme il me semble bon de le jouer»

Depuis près de deux ans votre entraîneur (fédéral) est Olivier Ramos, comment décririez-vous votre association?
Nous sommes assez proches et nous nous entendons très bien. Nous arrivons à tout nous dire. Je pense que nous nous comprenons assez bien. Il arrive à voir lorsque je suis bien et lorsque je suis moins bien. Il arrive aussi à me faire travailler dur, surtout lorsque je n’en ai pas envie.

Certains observateurs disent de vous que vous sentez le jeu. Que pensez-vous de ce constat?
(Soupire) oui je suis d’accord, mais de mon côté j’essaye de jouer le tennis comme il me semble bon de le jouer. J’essaye de ne pas trop de me prendre la tête. C’est vrai que l’on parle énormément de tactique avec mon entraîneur, néanmoins je souhaite jouer du plus simple possible, car de temps en temps cela me joue des tours de faire compliqué. Malgré tout cela reste l’un de mes points fort.

La carrière d’Andy Murray semble vous inspirez. Son jeu parfois déroutant vous fait-il marrer?
C’est quelqu’un que j’adore voir jouer et que j’aimerais bien affronter un jour. C’est un joueur qui m’inspire beaucoup et j’aimerais bien me rapprocher de son style de jeu. De temps en temps lorsqu’il joue j’aime bien revoir sur Internet ses coups comme ses amorties.

«Je ne veux pas me prendre la tête avec le classement»

Avoir une carrière à l’image de la sienne est-ce selon vous possible pour un joueur français?
Gilles Simon, Jo-Wilfried Tsonga… font de très belles carrières. Ils ne sont pas extrêmement loin de ces joueurs-là. Ils ont déjà fait de très bons résultats en Grand Chelem. C’est certain qu’Andy Murray s’est imposé à deux reprises en Majeur. Mais je pense qu’il n’y a pas un monde si énorme que ça entre eux. Donc, je pense que c’est possible, oui.

Avec l’expérience que vous pouvez avoir, dans ce cas qu’est-ce qui fait la différence?
Je pense que ce sont plein de petits détails, le quotidien… mais je suis assez loin de ce niveau-là. Les enjeux de certains matchs, le genre de stress que peuvent ressentir les joueurs, je ne le connais pas du tout. Mais je pense que ce sont des détails qui font la différence.

Avez-vous des échanges avec la génération de joueurs français qui vous précède?
Oui, de temps en temps cela m’arrive de m’entraîner avec eux où ils me glissent quelques conseils, comme avec Nicolas Mahut, Richard Gasquet, Gilles Simons ou encore Julien Benneteau. Je me suis beaucoup entraîné avec lui au CNE (Centre d’Entraînement National). C’est toujours sympa d’avoir l’expérience de ces si bons joueurs.

Cette semaine, vous êtes 154e, le Top 100 n’est pas un mirage. Est-ce l’objectif prioritaire pour la suite de votre saison?
C’est un objectif oui et non, car je sais que si je joue bien, peut-être que je m’en rapprocherais. Mais ce n’est pas mon objectif de fin de carrière… je ne veux pas me prendre la tête avec le classement. Je souhaite avant tout gagner des matchs avant de regarder mon classement. Je ne suis pas sûr que le Top 100 ce soit une barrière. Si je finis dans les 60 dans les 80 ou dans les 300, cela ne changera pas grand-chose. Ce qui compte pour moi, c’est que je continue de progresser, surtout cette année.

Propos recueillis par E-A