« J’ai repris le contrôle de moi-même » Monica Seles

20 août 2014 Non Par SoTennis


Monica Seles ©SoTennis

De passage pour la première fois en Belgique la semaine dernière, dans le cadre d’un double exhibition, Monica Seles est venue saluer ses fans, qu’elle a toujours porté dans son cœur. À 40 ans, l’ex-reine du tennis féminin semble plus heureuse que jamais. Celle qui a marqué l’histoire de son sport par sa précocité et sa force de caractère, porte aujourd’hui un regard apaisé sur une carrière riche en diverses émotions.

La silhouette svelte, le regard perçant, le visage souriant, Monica Seles est sereine. L’ex-n°1 mondiale a enfin trouvé la paix intérieure. Officiellement retraitée des courts depuis février 2008 (ndlr : dernier match officiel à Roland-Garros en 2003), l’Américaine semble toujours animée par la même passion pour son sport, même si son approche est aujourd’hui différente. « La fin de ma carrière a été provoquée à cause d’une blessure au pied droit, qui se réveille encore aujourd’hui, et mon déplacement sur le court reste limité. C’est pour cela que je privilégie désormais les matchs en double, et lors d’événements que j’apprécie tout particulièrement précise-t-elle. J’adore encore jouer au tennis, même si je ne suis plus aussi compétitive que par le passé.»

Enfin délestée depuis quelques années de tous ses démons, nés notamment de l’agression dont elle a été victime (ndlr : le 30 avril 1993 en plein match lors du tournoi de Hambourg par un déséquilibré) du décès de son père, son entraîneur de toujours, avec qui elle était très proche, et du poids de ses années gâchées, c’est finalement une fois sa carrière terminée que la petite souris de Novid Sad a su reprendre le contrôle de sa vie, pour être pleinement épanouie. « Après avoir stoppé la compétition, mon mode de vie a changé. J’ai mis à profit le temps que j’avais pour reprendre le contrôle de moi-même. J’ai souffert pendant près de 9 longues années d’une addiction à la nourriture, confie Monica avec une sincérité touchante. Durant cette période mes émotions étaient incontrôlables, la nourriture était ma meilleure amie, mais aussi ma pire ennemie comme athlète. Mais j’ai fini par vaincre cette addiction, et depuis 10 ans je vais très bien. »

Vers une quête d’identité

Monica Seles ©SoTennis

Loin des applaudissements des spectateurs et de l’adrénaline de la victoire, la triple gagnante de Roland-Garros s’est réappropriée son identité. Celle d’une femme libre, et non juste celle d’une championne, qui a grandi sous le regard parfois narquois du microcosme du monde du tennis . « Tout le long de ma carrière j’ai eu droit à différents commentaires, notamment lorsque j’étais adolescente, période durant laquelle j’occupais la place de n°1 mondiale. Lors de mon retour à la compétition après l’agression, ma silhouette a été commentée. Ce qui est dans un sens normal car je n’étais plus la même. Une fois ma carrière terminée il a fallu que je me retrouve en tant que personne, et non comme une championne précise Monica. Mais je pense aujourd’hui mieux me connaître, et mieux apprécier le moment présent.»
Son après carrière Monica Seles le dédie à parcourir le monde lors de conférences, avec comme principal thème l’épanouissement personnel et bien évidement, le tennis. Mais aussi à prodiguer quelques conseils auprès d’enfants souhaitant un jour embrasser la même carrière qu’elle. « Souvent des parents ou des jeunes viennent me demander conseil sur comment devenir champion. Mais il n’y a pas de recette miracle, clame-t-elle. Avec énormément de travail, force, conviction et un peu de chance c’est possible. Mais avant tout la passion et l’amour de son sport, doivent être présents. »

Il semblerait aussi que Monica ait trouvé dans la « littérature » une nouvelle passion. Après la rédaction de ses mémoires publiées en 2009 (ndlr: Getting a grip on my body my mind myself), qui furent un best-seller aux États-Unis, elle a décidé de poursuivre dans cette voie, en publiant l’an dernier avec l’aide d’un co-écrivain, son premier roman, s’intitulant Game On, et dont la suite Love Match, est parue en avril dernier. Ces derniers retracent la vie de « teenagers » d’une académie sportive, où les rivalités et les surprises animent les journées de ces futurs champions. Un style de vie que Monica connaît bien, puisqu’elle a été formée dans la plus célèbre d’entre elles, celle de l’incontournable Nick Bollettieri. Mais elle le promet, son récit est une pure fiction. « J’aime écrire. Le projet de ces romans est passionnant. Même si les deux activités sont bien différentes, j’éprouve les mêmes sensations et le même plaisir d’écrire, que d’être sur le court. Cela m’a permis également de mettre à profit mon imagination pour créer des personnages, tous talentueux.» déclare-t-elle. C’est ainsi que Monica Seles voit et vit désormais sa vie. Toujours encline à se lancer de nouveaux défis, en pensant que le meilleur reste à venir.

Propos recueillis par E-A