Simonne Mathieu, une femme de caractère

16 mai 2016 Non Par SoTennis

Tout au long de sa vie Simonne Mathieu aura eu comme leitmotiv, la résistance. Joueuse de tennis, c’est au-delà des courts que la Française a gagné, par son engagement dans la vie, le statut de championne d’une autre trempe.

Simone Mathieu / ©PrazTenniseum

Simonne Mathieu © Praz Tenniseum

Avant de se marier à l’âge de 17 ans, avec René Mathieu, Simonne Passemard a déjà eu une riche vie. Fille d’un président du Stade Français, elle débute très tôt le tennis et s’impose très vite. En 1926, la jeune mariée de 18 ans remporte le titre de championne de France juniors. En voit en elle alors la prochaine Suzanne Lenglen, qui est à l’époque au sommet de son art. Mais sa vie et sa carrière n’ont que peu de points commun avec la divine. A l’âge de 20 ans, Simonne Mathieu devient n°1 française (elle le restera jusqu’en 1940). Son jeu sans faille et sa farouche volonté, font d’elle une compétitrice hors du commun. C’est du fond de court qu’elle construit ses victoires. Comme à Roland-Garros, où elle s’impose enfin en 1938 et 1939. Avant ces succès, Simonne Mathieu s’est longtemps demandée si elle n’était pas tout simplement maudite, sur l’ocre parisien. Entre 1929 et 1937, elle connu six défaites en finale. Mais son entêtement hors normes et enfin récompensé, lorsqu’elle parvient en 1938, en l’absence d’Hilde Sperling, à atteindre son objectif, soulever la coupe de la gagnante du simple dames. En finale, elle domine sa compatriote Nelly Landry, une jeune joueuse belge, naturalisée française suite à son mariage. Le coup droit dévastateur de Mme Mathieu, endigue rapidement les velléités de Landry, qui ne peut développer son jeu à la volée. La Parisienne l’emporte sur le score de 6-0, 6-3 et s’adjuge en plus du simple dames, le double dames et le double mixte. Outre ses performances porte d’Auteuil, elle intègre également à six reprises le dernier carré de Wimbledon (en 1930, 1931, 1932, 1934, 1936 et 1937) et parvient à se classer à la 2e place mondiale en 1932.

Simonne Mathieu avec Henri Cochet et Yvon Pétra / ©AFP

L’appel de Londres

Grande dame sur les courts, Simonne Mathieu l’est tout autant dans la vie. En particulier durant la seconde guerre mondiale. Lors de la débâcle de 1940, elle est aux États-Unis. Au moment où le général de Gaulle en appelle à la résistance, elle rapplique aussitôt. Elle s’engage alors dans le combat des Forces Françaises Libres (FFL) et crée à Londres, le 7 novembre 1940, le corps auxiliaire féminin (le AFAT). Âgées de 18 à 45 ans, ces femmes servent dans les trois armes, comme agents secrets, médecins ou pilotes d’avions. Encore une fois, sa volonté et son énergie font des « merveilles ». Elle termine la guerre avec le grade de capitaine, bardée de décorations, et défile fièrement sur les Champs-Élysées, le 26 août 1944. Il est temps pour elle de retrouver ses enfants, qu’elle n’avait pas vu depuis près de quatre années et de fouler de nouveau les terrains de tennis en tant… qu’arbitre. En effet, le 17 septembre 1944, elle arbitre, habillée de son uniforme des FFL, le match entre Henri Cochet et Yvon Pétra, célébrant la Libération à Roland-Garros. Une fois la guerre terminée, elle occupera le poste de capitaine de l’équipe de France féminine. Un rôle qu’elle remplit de 1949 à 1960. Simonne Mathieu s’est éteinte en 1980, à l’âge de 72 ans. Tout au long de sa vie, elle sera restée un modèle de volonté et de résistance. Aujourd’hui, la coupe des gagnantes du double dames de Roland-Garros, porte son nom. Une distinction méritée, pour cette héroïne de la guerre et pour cette championne d’exception.

E-A