Thanasi Kokkinakis : «Ma passion reste intacte»

23 mai 2017 Non Par SoTennis

Ses nombreuses blessures auraient pu le dissuader à revenir chercher son salut sur les courts de tennis. Mais la passion pour son sport a été plus forte que tout. À 21 ans, Thanasi Kokkinakis tourne enfin le dos à dix-huit mois d’enfer, durant lesquels la dépression et les blessures sont venues s’inviter dans son quotidien. De retour sur le circuit, «Kokk » aspire désormais à une seule chose, resté en bonne santé.

Thanasi Kokkinakis / ©SoTennis

Thanasi Kokkinakis / ©SoTennis

L’année 2016 fut délicate pour vous. Vous avez eu beaucoup de blessures. Durant cette période, quel a été votre état d’esprit ?
Par moment, j’ai été dans un état dépressif. C’était très frustrant. Fin 2015, j’ai subi une opération à l’épaule. Je pensais que ça allait être le plus dur à surmonter. En réalité, pas du tout. J’ai essayé de rester fort mentalement et positif. Ma rééducation a pris plus de temps que prévu. Ensuite, j’ai eu une cascade de blessures, de contre-temps… Fort heureusement, durant cette période, j’ai pu bénéficier du soutien de ma famille et de mes amis. Le plus frustrant a été les Jeux Olympiques où je n’ai pas pu défendre les couleurs de mon pays comme je l’aurais voulu (NDLR : défaite au 1er tour contre Gastao Elias).

Vous dites que vous avez connu un état dépressif. Est-ce que c’était la première fois que vous étiez comme cela ?
(longue réflexion) Ce fut le pire état que j’ai connu jusqu’à présent. Lorsque j’étais chez les juniors, j’avais eu une blessure qui m’avait tenu éloignée des courts durant sept mois. J’avais alors connu sur le plan personnel un moment relativement similaire. Lorsque j’étais à l’école aussi, en particulier lorsque j’étais éloigné de mes proches. L’année 2015 avait été une très belle année, avec de bons résultats, en particulier sur terre battue, un classement « intéressant » (NDLR : il avait était 68e mondial le 8/06/2015) pour la suite. Mais l’an dernier fut une année très frustrante, de plus j’ai dû faire face à la disparition de ma grand-mère qui s’était éteinte fin 2015.

Lors de cette période loin du circuit, qu’avez-vous fait ?
J’ai essayé de travailler ma condition physique. Mais il fallait y aller doucement, car il y avait toujours quelque chose qui coinçait. J’ai surtout essayé de comprendre mon présent et de tenter de travailler sur mon jeu en prévision de mon retour. Aussi, j’ai passé beaucoup de temps à jouer à la console (rires) aux jeux de la NBA. Désormais, je ne joue plus autant (rires), car je suis de retour. Mais durant cette période, j’étais vraiment devenu un geek avec mes consoles.

« Ma principale priorité est de rester en bonne santé »

Durant cette année 2016, avez-vous appris sur vous-même ?
Que j’étais vraiment positif. C’est impossible de l’être en permanence surtout lorsque vous connaissez de sales moments. Mais au final, il faut rester positif. Je me suis rendu compte aussi que j’avais les bonnes personnes autour de moi pour me soutenir et pour me conseiller, surtout lorsque la frustration devenait trop importante. Je me suis rendu également compte, que malgré tous les coups du sort, ma passion pour le tennis était restée intacte.

Après tant de blessures, aujourd’hui, quel est votre rapport avec votre corps ?
Le concernant, j’ai une inquiétude qui est permanente. Dernièrement, j’ai eu une déchirure externe d’un oblique et une élongation mineure au coude. J’ai été gêné par cela, mais ce ne fut rien de grave. Désormais, ma principale priorité est de rester en bonne santé. Si j’y parviens, c’est sûr que le reste suivra, les résultats, le classement…

Désormais, vous êtes enfin de retour sur les courts. Quel a été votre processus pour revenir ?
Je me suis beaucoup entraîné en y allant étape après étape. Au tout début, je ne pouvais pas enchaîner les entraînements, jour après jour, il fallait observer un temps de repos entre chaque journée. Mon corps refusait d’enchaîner. C’était dur, car j’avais envie d’être sur le court pour m’entraîner, mais il fallait être sérieux et patienter. Cette année, au mois de janvier, j’ai commencé à bien servir, la confiance en mon service est donc peu à peu revenue. C’était une étape importante pour la suite. À présent, j’apprécie de m’entraîner comme je le souhaite.

« Ce serait stupide de faire des plans sur la comète »

Au début du mois de mai, vous vous êtes entraîné à Dubaï en compagnie de Roger Federer. Pourquoi êtes-vous allez là-bas ?
Avec mon team, nous cherchions un endroit où nous entraîner. Dubaï est apparu rapidement comme une bonne option. De plus, Roger (Federer) y était à ce moment-là. Le but était de me tester. Mais aussi mon jeu, la répétition des entraînements, dans la chaleur. C’était bien de m’entraîner avec lui, sur dur. J’ai pu m’apercevoir que je jouais bien face à un tel joueur, qui est très forme cette année. Mais entre ces entraînements et aujourd’hui (16 mai jour de l’entretien) j’ai encore été blessé. Par la suite, je me suis montré prudent. Mon but reste de disputer Roland-Garros ( NDLR : grâce à un classement protégé en simple).

En 2015, vous avez atteint le troisième tour de Roland-Garros, en sauvant trois balles de match contre Bernard Tomic (au deuxième tour). Cette année, quelles sont vos attentes pour ce Grand Chelem ?
Tout d’abord, j’espère juste pouvoir jouer ce Grand Chelem. Je pense que ce serait stupide de faire des plans sur la comète ou penser que je vais faire des choses extraordinaires. Sur terre battue, je n’ai pas joué de matches en cinq sets depuis deux ans. J’espère être à 100 %. J’espère vraiment m’aligner en simple.

Après tant de haut et de bas, quels sont vos principaux souhaits pour le reste de cette saison ?
Je ne souhaite pas avoir un calendrier surchargé. Bien entendu que c’est bien d’enchaîner les tournois, mais désormais ma priorité est encore une fois de rester en bonne santé. Je n’ai pas d’attentes particulières, mais plus des souhaits. Le premier est d’éviter les blessures, en étant intelligent en dehors du court, à propos de la récupérations et des soins. En étant en bonne santé, je sais que je peux jouer un très bon tennis.

Propos recueillis par E-A à Bordeaux.