Ash Barty, comme une source d’inspiration

Ash Barty, comme une source d’inspiration

20 janvier 2022 Non Par SoTennis

L’Australienne Ashleigh Barty, n°1 mondiale depuis plus de 100 semaines consécutives, est devenue la nouvelle ambassadrice du tennis. D’origine aborigène, la native du Ipswich, dans le Queensland, incite, par ses résultats et son histoire, les enfants autochtones, habituellement fous de football australien, à jouer au tennis.

Anzac Leidig a, durant plus de 15 ans, été l’un des entraîneurs pour la Fondation Evonne Goolagong (Championne australienne qui a remporté 86 titres en simple, dont sept en Grand Chelem). Avant de déménager, récemment à Darwin, le quadragénaire a noté que désormais, en particulier pour toute une communauté, longtemps oubliée et stigmatisée, ce ne sont pas seulement les exploits sportifs du célèbre clan Rioli qui sont suivis, mais de plus en plus ceux d’Ashleigh Barty. “Quand je sors dans les îles Tiwi, ils me parlent beaucoup d’Evonne (Goolagong), et beaucoup de Barty aussi, abonde-t-il. Son nom grandit vraiment là-bas. C’est une culture totalement différente dans certaines communautés et ce n’est pas comme s’ils regardaient tous la télé comme beaucoup d’autres Australiens.” Celle qui entre l’automne 2014 et le printemps 2016, avait abandonné sa raquette de tennis pour s’initier au maniement de la batte de cricket, pour finalement revenir à ses premières amours et obtenir les succès qu’on lui connaît, est devenue une véritable source d’inspiration. Discrète, humble et travailleuse, l’actuelle n°1 mondiale assume parfaitement son statut. Iconique locomotive du tennis australien, des îles Tiwi à Phillip Island, en passant par Rottnest Island à Fraser Island, l’effet Ash Barty est perceptible. Lors du lancement des animations tennistiques estivales, en décembre dernier, Tennis Australia (Fédération australienne de tennis) a déclaré que plus de 1,5 million d’Australiens avaient joué au tennis au cours des 12 mois précédents, avec une participation des enfants en hausse de près de 30 %. Paul Rowbottom, qui animait il y a une semaine un clinic au club de tennis de San Remo, à Phillip Island, n’en démord pas. Ash Barty ramène les jeunes sur les courts de tennis.

“De sa victoire à Roland-Garros (en 2019) jusqu’à son sacre à Wimbledon (en 2021), il y a eu une grande reprise chez les filles et depuis Wimbledon, c’est génial. Je dirais que cela a eu un impact certain” constate-t-il. Avec son jeu varié, multi-surfaces, Ashleigh Barty offre aussi un modèle, permettant aux entraîneurs de ces sportifs en herbe, de montrer que le tennis ne se limite pas à la puissance. Alors que les Australiens les plus expérimentés ont grandi en écoutant les exploits des légendes australiennes à la radio et qu’une autre génération à suivi les victoires de Pat Rafter et Lleyton Hewitt à la télévision, lorsqu’elle était le média préféré, les gamins de Dow Under, comme ailleurs, se connectent, à présent, à YouTube pour visionner des vidéos de Barty et d’autres stars féminines. Mercredi, l’Open d’Australie organisait le “First National Day” (journée des peuples autochtones) où Ash Barty s’est qualifiée pour le troisième tour de l’Open d’Australie, après sa démonstration face à l’Italienne Lucia Bronzetti (6-1, 6-1). Suite à sa victoire, la n°1 mondiale, qui est au centre de toutes les attentions, n’a pas manqué en conférence de presse d’évoquer cette journée spéciale et son rôle à jouer. ” Ouais, c’était vraiment cool. C’était agréable pour moi de faire partie de cette journée d’une manière qui me semble la plus confortable, je suppose. Sur le court de tennis, c’est comme ça que je m’exprime en tant qu’athlète, c’est comme ça que je peux aussi m’exprimer en tant que personne. Un jour où nous rassemblons les cultures, rassemblons les gens, c’était vraiment agréable pour moi de sortir et d’en profiter. Je viens de rencontrer quelques-uns des enfants qui sont venus d’Alice Springs et de toute l’Australie, ce qui est incroyable pour eux de venir vivre l’Open d’Australie lors d’une journée vraiment spéciale pour notre culture et notre patrimoine. Je pense que le site a fière allure. Toutes les expériences qu’ils ont pu faire aujourd’hui étaient incroyables. C’était super pour moi de pouvoir jouer un petit rôle là-dedans en jouant mon rôle, en faisant ce que j’aime. J’ai vraiment eu de la chance de pouvoir jouer aujourd’hui ” a-t-elle déclaré, sans se départir de son sourire.

Excluant le communautarisme, mais affirmant la diversité, Ash Barty tente cette année à Melbourne de devenir la première joueuse australienne à s’imposer depuis Chris O’Neil en 1978. Qu’elle y parvienne ou pas, la fille d’un père appartenant à la communauté aborigène des Ngarigo et d’une mère issue d’immigrants anglais a déjà inspiré par son aura toute une génération d’enfants, prêts à explorer leurs propres compétences et talents.

E-A