Jérémy Chardy : «Du jour au lendemain, tu passes de plein d’objectifs à plus rien»

Jérémy Chardy : «Du jour au lendemain, tu passes de plein d’objectifs à plus rien»

17 janvier 2023 Non Par SoTennis

Après un an et demi loin du circuit ATP, Jérémy Chardy (35 ans et non classé) a effectué un retour gagnant à la compétition, en simple. Mardi, le Français, bénéficiaire d’un classement protégé, a franchi le premier tour de l’Open d’Australie gâce à sa victoire sur le Colombien Daniel Galan en quatre sets (1-6, 7-5, 6-1, 6-4). En conférence de presse, le Palois a évoqué le long chemin qu’il a dû emprunter, pour jouer à nouveau au plus haut niveau.

C’est une victoire qui vient de loin…

C’est vrai que j’ai eu un an et demi très difficile, physiquement mais aussi mentalement. C’était de loin la période la plus difficile de ma carrière. Je ne savais même pas si j’allais pouvoir rejouer au tennis, donc le fait de pouvoir être ici, en Grand Chelem (ndlr: comme tout joueur blessé lors d’une longue période (plus de six mois), le Français bénéficie d’un classement protégé, un système qui existe à l’ATP et à la WTA), sur le court, m’entraîner, rejouer, c’est du plaisir et du bonus, du bonheur ; je savoure chaque moment, le résultat était moins important pour moi. Je vais me battre le plus possible pour bien jouer, même si pour l’instant je ne suis pas à mon meilleur niveau.

Qu’est-ce qui vous est arrivé depuis ce mois de septembre 2021 ?

Des problèmes de santé pendant six mois. J’ai eu le Covid puis, avec les vaccins, je ne sais pas ce qu’il s’est passé, mais j’ai eu plein de soucis. Tous les quatre-cinq jours, de nouveaux problèmes apparaissaient. Des douleurs partout, j’étais ultra fatigué. Après quelques mois, ça allait un peu mieux, j’ai essayé de rejouer mais j’ai perdu un bout de cartilage à mon genou droit, j’ai donc reperdu huit mois, avec l’opération. Du jour au lendemain, tu passes de plein d’objectifs à plus rien. Tu attends, tu ne sais pas quoi faire, ta vie change complètement. Mentalement tout était très difficile pendant cette année et demie. Sans mes proches, qui m’ont soutenu, qui m’ont aidé à voir un chemin, je n’en serais pas là aujourd’hui.

Vous aviez rejoué quelques matches de double avant cet Open d’Australie, mais ce premier simple en un an et demi, comment l’avez-vous abordé ?

Quand je suis entré sur le court, aujourd’hui (mardi), j’avais l’impression que je n’avais jamais joué au tennis. Je ne savais pas comment servir, faire un coup droit ou un revers. J’étais dans le noir complet. Petit à petit, j’ai trouvé des repères et commencé à me sentir mieux. Il y avait beaucoup d’émotions avant le match. J’étais ultra heureux d’être ici et super excité d’aller sur le court, mais en même temps j’avais super peur, c’était l’inconnu. Je ne savais pas comment j’allais me sentir, c’est comme si je ne connaissais plus mes schémas de jeu…

Avez-vous vu que votre adversaire était diminué physiquement, touché aux abdominaux ?

Je savais qu’il n’était pas bien, mais moi aussi je m’étais déjà senti mieux, donc je voulais juste me concentrer sur moi. Il n’était pas bien, mais je n’arrivais pas à gagner. Heureusement, sur le troisième set et la fin du match, j’avais pour la première fois depuis longtemps de bonnes sensations.

Vous êtes qualifié pour le deuxième tour en tant que joueur et sur le point de disputer votre premier tour en tant que coach d’Ugo Humbert. Ce n’est pas banal…

J’ai commencé à l’entraîner pendant cette période de convalescence, et ça m’a aidé d’être avec lui, ça m’a gardé dans la compétition. L’affronter ? Je n’ai vraiment pas envie de le jouer, c’est sûr (rires). Ce sera bien si on peut trouver un coach pour lui. Il a failli commencer avec quelqu’un et finalement ça ne s’est pas fait. Sur les quatre derniers mois, je l’ai aidé mais lui aussi m’a aidé, donc tant qu’il n’aura trouvé personne, même si c’est un peu plus dur pour moi, je ne le laisserai pas.

Propos recueillis par E-A à Melbourne