Lendl – McEnroe, 10 juin 1984

12 mai 2014 Non Par SoTennis


« Quand je parle de ma rivalité avec Lendl, je pense au film Rocky, ainsi résume John McEnroe de ses duels avec Lendl. Mais pas n’importe quel Rocky, le IV (sorti en 1985 à l’apogée des matchs entre l’Américain et le Tchécoslovaque). Lendl est Ivan Drago, le boxeur soviétique interprété par Dolph Lundgren. Pour moi, mais aussi pour le public, il est comme ce boxeur, super costaud, l’air de ne jamais s’amuser, le mec dur, la machine. Moi je suis Sylvester Stallone, le type moins balèze mais qui met tout son cœur sur le ring ».

En ce 10 juin 1984 Lendl et McEnroe s’affronte en finale de Roland-Garros. C’est le choc des titans. Le physique et la ténacité face à l’inspiration et la légèreté. Cette année là, John McEnroe était arrivé sur les courts de la porte d’Auteuil, avec six victoires en six tournois. Durant toute la quinzaine « Mac » comme a son habitude, à était insupportable, et s’était mis en colère contre tous ceux qui avaient gêné sa concentration, photographes, arbitres, cameraman, public… Cette colère était la marque de fabrique de l’Américain, qui à 25 ans jouait le meilleur tennis de sa vie. Ce tennis qui lui avait permis d’arriver en finale en ayant abandonné qu’un seul set, face à Higueras en 8es. Face au Tchécoslovaque en finale, McEnroe a rendu une copie quasi parfaite le temps de deux sets, le temps de mener 6-3, 6-2, 2-2, et le temps de surtout laisser filer ses quatre balles de break perdues à jamais. C’est alors que peu à peu, Ivan Lendl à la condition physique irréprochable, et aux nerfs d’acier, avait su user son adversaire, imposant son rythme, tout en s’appuyant notamment sur le soutien du public. Peu à peu John McEnroe s’était frustré, énervé… laissant inexorablement s’imposer son adversaire du jour 3-6, 2-6, 6-4, 7-5, 7-5. À la fin de ce match, la colère laissa la place à la détresse sur le visage de McEnroe. De son côté Lendl était au bord du malaise préférant quitter le court, sous les yeux de son mentor Wojtek Fibak, pour aller… vomir. En ce 10 juin 1984, John McEnroe laissa passer sa chance de triompher sur toutes les surfaces. Après cette défaite à Paris, il remportera sept titres dont Wimbledon et l’US Open face à… Ivan Lendl. « Ce match m’a fait mal, mais il m’a aidé à faire une grande saison. Cette année là j’ai gagné Wimbledon (face à Connors, 6-1, 6-1, 6-2) et l’US Open (face à Lendl, 6-3, 6-4, 6-1). » confiait récemment l’homme aux 7 titres du Grands Chelems.
Pour Ivan Lendl, cette finale correspondait au début de son règne. Aujourd’hui, il garde un bon souvenir de cette finale épique: « Avoir gagné trois fois là-bas reste spéciale, je ne pense pas qu’il y ait quelque chose qui surpasse cela. Cette finale 84 est la première que j’ai remporté, mais je pense que les gens accordent plus d’importance contre qui j’ai gagné que moi ». 30 ans après cette finale mythique, les meilleurs ennemis du circuit atp des années 80, ont un bonne relation, qui permettra certainement aux deux stars du circuits ATP, d’évoquer cette année à Roland-Garros, cette fameuse finale. L’ex-champion Tchèque est devenu depuis l’entraîneur d’un certain Andy Murray (fin de cette collaboration en mars dernier). Tandis que John McEnroe consultant tennis et joueur invétéré, émerveille régulièrement le public sur le circuit seniors, et pourrait remplacer son rival au poste de coach de luxe aux côtés du dernier vainqueur de Wimbledon. En octobre 2010 les deux ex-n°1 mondiaux avaient célébré leur retrouvaille, à l’occasion d’une exhibition au Madison Square Garden de New York. 18 ans après leurs dernières confrontations, la hargne et la même envie de gagner étaient encore présentes. C’est bien connu, un champion ne meurt jamais.

E-A