Les passionné(e)s (IV/IV)

24 mars 2017 Non Par SoTennis

Ils, elles, sont fans, joueuses, joueurs, entraîneurs et ont tous un point en commun, avoir le tennis dans la peau. Un sport, une passion qui guide depuis toujours ou depuis peu ces aficionados de la petite balle jaune. Approcher son idole, prendre sa part de rêve, transmettre, trouver son équilibre, sont leurs principales motivations. Chrystel Barthe a pendant longtemps joué et a accompagné pléthore d’enfants et d’adolescents dans leur pratique du tennis. Aujourd’hui, sa passion pour ce sport reste intacte, son approche est légèrement différente. Elle, qui est parvenue à remporter, le match le plus éprouvant de sa vie.

Chrystel Barthe

Chrystel Barthe /©ocean’dream

Comment avez-vous découvert le tennis?
En trouvant une raquette dans le placard de ma sœur qui jouait au tennis. J’ai pris cette raquette, puis j’ai commencé à taper la balle, sur le mur de la maison de mes parents, à Marseille. Je faisais rouler aussi la balle sur l’un des stores qui était souvent déroulé à cause du soleil. Je jouais comme cela, à la volée, jusqu’au jour où ma mère a eu peur que je ne lui casse les vitres. Elle m’a alors inscrite au club de tennis de la ville. J’ai malgré tout continué à jouer contre le mur de la maison. J’avais 10 ans. Auparavant, on m’avait mise à la danse sans grande satisfaction.

Souvenez-vous de vos sensations à vous retrouver sur un court à ce moment-là?
C’était un bonheur d’aller jouer. C’était presque une évidence, il fallait que je joue au tennis. J’ai le souvenir d’avoir eu un professeur qui était intransigeant avec les retards. Si nous l’étions, nous faisions des tours de terrain. Lorsqu’il voyait qu’il y avait du potentiel, il poussait à fond ses élèves pour qu’ils se dépassent. Par la suite, en raison d’un déménagement, j’ai dû arrêter à l’âge de 14 ans. Puis j’ai repris ensuite à 19 ans, car le tennis me manquait. Je tapais alors contre un mur, lorsque quelqu’un est venu me voir et m’a incité à m’inscrire dans un club. Chose que j’ai fait. Je jouais alors quatre à cinq fois par semaine. J’étais tout le temps sur les courts. C’est là que je me suis mis à réellement jouer en compétition.

Comment avez-vous découvert la compétition?
En général, dans les clubs, on incite les jeunes à disputer quelques matchs en compétition. Ce fut mon cas. À l’époque, j’étais une gamine, je ne pensais pas à cela. Une fois que j’ai commencé à jouer des matchs en compétition, je me suis rendu vite compte que je préférais plus la compét’ que les entraînements. Lorsque je me suis remis au tennis, à l’âge de 19 ans, j’ai tout de suite repris la compétition. J’essayais de jouer une vingtaine de tournois par an, surtout par plaisir. Mon meilleur classement a été 15/1. Il y a deux ans, à 45 ans, j’ai manqué de peu de monter 15, ce fut une déception.

Parmi les pros, à cette époque, aviez-vous une joueuse préférée?
Steffi Graf a était une belle source d’inspiration. Je rêvais d’avoir son coup droit et son revers lifté, chose qu’elle faisait trop rarement. Du coup, moi aussi, comme elle, je n’ai fait que du revers chopé. Même encore aujourd’hui, cela embête énormément mes adversaires possédant un revers à deux mains.

Une fois que vous avez repris le tennis en club, vous a-t-on proposé d’entraîner?
Lorsque j’ai repris le tennis dans un club, j’ai commencé à m’entraîner avec l’équipe 2 qui disputait les compétitions locales. Ensuite, à 21 ans, j’ai commencé à entraîner les jeunes du club. À ce moment-là, j’étais animatrice pour les enfants, j’imagine que ce fut plus simple de me le proposer, sachant que je connaissais déjà ce public.

Selon vous, le tennis est-il un sport simple à enseigner?
Absolument pas. Je pense que l’on est fait pour cela ou pas. Même en passant tous les examens que l’on veut, si l’on n’est pas fait pour cela, ce n’est pas la peine d’insister. Je connais malheureusement des personnes diplômées d’État, qui n’ont rien n’à faire sur un court de tennis avec des enfants ou même avec des adultes. Je pense qu’il faut déjà avoir l’œil pour permettre à l’enfant ou à l’adulte de progresser. Il faut être aussi pédagogue et avoir un peu d’expérience. Ce n’est pas parce que l’on est un bon joueur que l’on est un bon entraîneur en club.

Le tennis vous accompagne depuis un moment. Ce sport a-t-il eu un impact dans votre vie de tous les jours?
Sur le plan mental, il a été très important. C’est sans doute cela qui m’a permis de guérir de la maladie (ndlr: un cancer). Pour moi, à ce moment-là, j’ai pris ce combat comme un match de tennis et je me suis dit que j’allais gagner. Ce fut un entêtement contre la maladie, que j’ai fini par vaincre.

Après ce « match » éprouvant, aviez-vous envie de refaire du sport et de retrouver les courts?
J’avais hâte de retrouver les sensations que procure le sport. Lorsque j’ai repris le tennis, je n’étais pas au meilleur de ma forme. C’était dur physiquement, j’avais des crampes… à cause des traitements. Mais être sur le court fut un plaisir, car j’étais concentré uniquement sur le fait de renvoyer la balle de l’autre côté du filet. La fatigue était celle du sport et non de la maladie. Avant cet épisode, sur le terrain je n’hésitais pas à casser mes raquettes de colère. Par la suite, j’avais compris que cela ne servait à rien et qu’il y avait des choses plus graves dans la vie. Je me suis dit que j’allais jouer vraiment pour le plaisir, étant donné que j’avais la chance d’être à nouveau sur le court.

Aujourd’hui, quel est votre rapport avec le tennis?
Actuellement, je suis dans une phase où le tennis n’est plus vraiment ma priorité. Même si j’ai toujours une licence et que j’apprécie le coaching. J’ai trouvé autre chose à côté. Une autre passion, celle de la photographie de nature et de paysages, que je n’ai pas pu développer pendant toutes ces années. Je croyais que ma seule passion était le tennis. Aujourd’hui, je découvre que j’en ai une autre que je peux aussi assouvir. Cela fait qu’un an que je consacre beaucoup de mon temps à la photographie. C’est une autre thérapie que le tennis. Un jour, un copain est venu me voir avec un appareil photo qu’il souhaitait vendre. J’ai essayé cet appareil que j’ai finalement gardé. Par la suite, une amie m’a incitée, après avoir vu quelques-uns de mes clichés, à créer une page Facebook et un compte Instagram pour partager ces photos, en plus d’un site Internet (Tête en l’Eyre). Étant très pudique, ce ne fut pas simple de les exposer. Cette passion me permet de m’exprimer différemment, plus en douceur. Actuellement, je prépare, avec fierté, ma première exposition consacrée à mes photos, où je vais pouvoir en proposer trente. Ce sont les mêmes sensations qu’une finale de tournoi, il y a de l’adrénaline, de l’impatience mais aussi du stress. Le plus dur reste le choix des photos mais aussi le lien qu’il y a entre elles. Aujourd’hui, la photo m’apporte de la sérénité.

Propos recueillis par E-A

EXPOSITION