Ons Jabeur: «J’ai beaucoup appris à accepter les choses»

Ons Jabeur: «J’ai beaucoup appris à accepter les choses»

5 juin 2023 Non Par SoTennis

Ons Jabeur, tête de série n°7, a dominé lundi l’Américaine Bernarda Pera, 36e mondiale, en deux sets (6-3, 6-1). La Tunisienne atteint pour la première fois les quarts de finale de Roland-Garros.

Vous atteignez les quarts de finale dans ce Grand Chelem pour la première fois, qu’est-ce que cela signifie pour toi ?

C’est le seul Grand Chelem qui manquait à mon tableau. Je suis ravie de ma performance. Je suis contente de mon jeu, surtout d’être revenue après avoir contracté une blessure. J’ai fait un match après l’autre. Je suis ravie d’arriver en deuxième semaine. Je vais maintenant pousser pour les quelques matchs devant moi. J’espère que j’irai encore plus loin, et peut-être même la demi-finale.

Est-ce qu’il y a un moment où vous n’avez jamais pensé que vous atteindriez les quarts de finale de chaque Grand Chelem ?

Je n’y ai jamais pensé pour être honnête. Je n’ai jamais pensé que quelque chose me manquait, que je n’arriverais jamais à atteindre les quarts. Je n’y ai pas vraiment pensé. C’est une bonne chose en fait. C’est arrivé. J’espère que j’arriverai peut-être en demi-finale de chaque Grand Chelem et peut-être en finale de chaque Grand Chelem.

Comment avez-vous pu gérer notamment vos frustrations inhérentes à vos blessures et garder votre cap ?

J’ai beaucoup appris à accepter les choses, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Le fait de contracter une blessure, cela fait partie du chemin que je dois parcourir dans ma vie. J’ai beaucoup travaillé sur ma santé mentale, sur la façon de tout gérer, parce que je crois fermement que les blessures sont connectées intrinsèquement à notre mental. La saison est encore longue. J’espère que je n’aurai pas d’autre blessure et que je poursuivrai sur ma lancée.

On a vu ce matin beaucoup de drapeaux tunisiens dans les tribunes. On sait ce que vous représentez pour votre pays, pour le tennis dans votre pays et le tennis africain en général. Ce soutien que vous voyez est plus important ici à Paris que dans d’autres tournois par rapport à l’histoire entre les deux pays, et en quoi cela vous porte et vous aide ?

Il y a beaucoup de Tunisiens qui habitent à Paris, j’ai de la chance. C’est vraiment très proche de la Tunisie. Honnêtement, les Tunisiens sont partout. J’ai eu de la chance de les voir partout, que ce soit à l’US Open… Même en Australie, il y a quelques Tunisiens là-bas. Je suis contente et heureuse d’avoir l’encouragement et l’énergie tunisienne partout, pas que de la Tunisie, mais dans le monde arabe, en Afrique. C’est un honneur pour moi, c’est pour ça que je travaille beaucoup été encore plus qu’avant pour arriver à ce niveau. J’aimerais donner de l’espoir, être présente et représenter ce monde-là.

Vous évoquiez votre rôle d’ambassadrice du tennis tunisien et africain avec plaisir. Par le passé, est-ce que cela a pu être un poids difficile à supporter, d’avoir ce pays, ce continent sur vos épaules ? Est-ce que vous avez dû mettre des choses en place pour gérer cela ?

J’ai beaucoup appris à transformer la mauvaise énergie en bonne énergie, et du coup la pression en bonne pression. Honnêtement, c’est un honneur et un plaisir pour moi de représenter mon pays et de pousser mes limites. Je vois beaucoup de gens qui viennent ici payer un billet très cher, ou se lever à 3 heures ou 4 heures du matin pour regarder les matchs. J’essaie toujours d’utiliser cette pression et d’apprendre. Au début, ce n’était pas facile. J’essaie d’apprendre à gérer cela. La pression, c’est un privilège comme dit Billie Jean King, j’essaie d’utiliser cela dans le bon sens.

Après les matchs, avez-vous tendance à aller sur les réseaux pour voir les marques de soutien ? Essayez-vous de vous connecter avec les gens dans votre pays, ou vous faites plutôt le vide, vous restez sur vous-même ?

Je regarde un peu quelques messages, quelques messages publics, sur Facebook, Instagram ou Twitter. Il y a beaucoup de positif. Je ne regarde pas le négatif, je n’ai pas besoin de cela. En dehors du match, quand je finis, il y en a qui m’approchent et qui me disent des choses qui sont incroyables, cela m’encourage beaucoup. J’espère voir d’autres Tunisiens qui viennent m’encourager pour les quarts de finale.

Est-ce que les tours passant, vous sentez que vous retrouvez les sensations ? Avec la préparation que vous avez eue, sentez-vous que vous êtes obligée d’adapter votre jeu en fonction de cela, de faire des changements tactiques que vous ne feriez pas habituellement ?

Beaucoup mieux aujourd’hui que les autres matchs. Je ne change pas trop mon style de jeu parce que c’est moi, j’aimerais bien jouer comme ça, je sais que je suis assez chiante avec d’autres joueuses, donc je garde le même style de jeu. Tactiquement, au lieu de jouer cinq coups sur le coup droit, il faut jouer sur le revers, je joue plus sur le revers que le coup droit. Cela change. J’essaie de garder mon identité sur le terrain, parce que c’est très important pour moi.

Propos recueillis par E-A à Roland-Garros