Rafael Nadal: «Je suis en paix avec moi-même»

Rafael Nadal: «Je suis en paix avec moi-même»

27 mai 2024 Non Par SoTennis

Éliminé lundi au premier tour de Roland-Garros par Alexander Zverev, tête de série n°4, (6-3, 7-6, 6-3), Rafael Nadal a préféré, en conférence de presse, mettre l’accent sur sa forme retrouvée. Le Majorquin a également évoqué le programme de ses prochaines semaines, où, pour le moment, Wimbledon n’y figure pas.

Quel a été votre ressenti sur le court et est-ce que la façon dont vous avez joué va compliquer les choses pour les deux prochains mois dans la façon dont vous vous projetez ?

Je n’ai pas de mauvais ressenti. J’ai montré déjà à moi-même que j’étais prêt pour plus que ce que j’ai fait finalement, c’est-à-dire perdre au premier tour. C’est ainsi ! Quand on n’est pas tête de série, on joue contre un joueur qui est en pleine forme et qui est l’un des meilleurs joueurs au monde. C’est ainsi ! Comme je l’ai dit, ça a été une bonne semaine d’entraînement pour moi, de pratique, de performance physique également. Sans aucun doute, je me suis senti bien mieux qu’avant, je ne me suis pas senti limité aujourd’hui pendant le match. J’ai trouvé que j’ai réussi à me déplacer bien mieux que lors des tournois précédents, mais j’avais un adversaire coriace en face et je trouve qu’il a très bien joué.
Même avec tout cela, j’ai quand même eu ma chance et j’ai servi pour gagner le set au deuxième set, ensuite il y a eu de nouveau 15/40. Dans le troisième, une fois de plus. j’avais breaké et j’ai eu un autre 15/40. On a été à 5-3, 15/30 au deuxième. Je n’étais pas très loin, d’après moi, d’y arriver. C’est mon ressenti. En tout cas, c’est ma vérité. En fin de compte, j’étais prêt à construire mon jeu et regagner confiance jour après jour, mais je n’ai pas eu l’occasion de faire cela jour après jour, parce que j’étais face à un adversaire coriace. Aujourd’hui (lundi), j’aurais eu besoin qu’il ne fasse pas un bon match. Je trouve que j’ai joué à un bon niveau par rapport à ce qui a été mon jeu ces dernières semaines. J’en suis donc satisfait mais je suis déçu d’avoir perdu. Et pour ce qui est de mes sensations corporelles, je suis heureux d’avoir fini en bonne forme. Je me suis battu, j’étais prêt à me battre davantage mais c’est ainsi. Il faut l’accepter. Si c’est la dernière fois que je joue à Roland-Garros, je suis en paix avec moi-même. J’ai fait tout ce qui était possible pour être prêt pour ce tournoi et ce, depuis près de 20 ans. Aujourd’hui et les deux dernières années, j’ai traversé l’un des processus les plus difficiles de ma carrière tennistique. Mon rêve était de revenir ici, j’y suis arrivé mais bon, j’ai perdu, mais ça fait partie du jeu.

 Est-ce que pour vous c’est difficile, avec tout ce que vous avez accompli, de vous écarter, de vous éloigner d’un sport qui a fait partie de toute votre vie ?

Je ne vais nulle part pour le moment, je ne compte pas m’éloigner. Je ne sais pas ce qui va se passer au cours des prochains mois. Il faut que j’achève ce processus. Mon état d’esprit, c’est que je suis prêt à jouer jusqu’aux Jeux Olympiques. Ensuite, je verrai comment je me sens sur différents plans au niveau de la motivation personnelle, au niveau corporel, physique et au niveau tennistique également. Je verrai s’il est sensé ou pas de continuer à jouer. Je suis allé sur le court aujourd’hui avec l’étrange impression que j’allais jouer un premier tour à Roland-Garros et que je n’allais pas être le favori pour une fois. Et ça a été vrai, mais je suis arrivé sur le court avec l’idée qu’il me fallait me battre pour gagner ce match, qu’il me fallait déployer toute l’énergie nécessaire, revenir à mon meilleur niveau, et j’espérais que mon adversaire ne jouerait pas à son meilleur niveau, parce que c’est toujours difficile au premier tour. Pour moi, ce serait difficile, au cours de cette période particulière, au premier tour, de penser à un match où j’ai mieux joué qu’aujourd’hui. Je trouve que j’ai, à certain moments, joué à un très bon niveau, à d’autres moments j’ai raté quelques points, je suis passé à côté mais ça c’est tout à fait normal. Lorsqu’on ne joue pas beaucoup de tournois, les uns après les autres, lorsqu’on ne joue pas ce type de match depuis près de deux ans, il est tout à fait normal que l’on ait un niveau en dents de scie, qui ne soit pas constant parce qu’il faut s’entraîner. La seule façon de s’entraîner à ce type de match, c’est de jouer dans des tournois. Pour conserver ce niveau d’énergie, de concentration, il faut jouer régulièrement. Cette fois-ci, par rapport aux autres fois où je suis revenu après des blessures, je suis revenu en remontant de mon niveau le plus bas possible sur tous les plans, physique, le plan de la confiance, de la douleur. La plupart du temps, lorsque je revenais sur le court après des blessures, j’arrivais à revenir en pleine forme dès le départ et là cela n’a pas été le cas. J’ai senti, comme je l’ai dit avant le tournoi, que cette semaine c’était la toute première semaine où j’ai commencé à me sentir capable de me déplacer sans limitation. Voilà pourquoi j’ai réussi à regagner un bon niveau, à bien m’entraîner. Comme je l’ai dit, une semaine cela ne suffit pas pour être prêt à remporter ce type de match. Mais il est vrai que ce court a toujours été magique pour moi.

Quel a été le moteur derrière votre carrière, malgré toutes les blessures, malgré les défaites difficiles comme celle d’aujourd’hui ? Vous avez même dit que vous allez participer aux Jeux Olympiques. Pourquoi ? Quel est le moteur qui vous anime et qui vous donne cet esprit combatif ?

Je suis un homme simple, à de nombreux égards. J’ai toujours dit que pour moi, rentrer à la maison avec la satisfaction personnelle de savoir que j’ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour que les choses avancent bien, fonctionnent bien, pour moi c’est essentiel, c’est la seule façon de vivre. Voilà pourquoi je ne vous dis pas que je prends ma retraite aujourd’hui.
En fin de compte, d’ici un an, un an et demi, je ne veux pas avoir l’impression que je ne me suis pas donné toutes les chances possibles, que je n’ai pas fait de mon mieux, que je commençais à aller mieux sur le plan physique et que je me suis arrêté à ce moment-là. Ce serait dommage. Quel est le moteur derrière ma carrière ? Comme je l’ai dit, je suis quelqu’un de simple, j’aime ce que je fais, je suis passionné par ce sport, par la compétition, j’aime m’entraîner, j’aime jouer au tennis. Je suis à une période un peu différente de ma vie personnelle : je voyage, je me déplace avec mon fils, ma femme et je profite de ces moments qui ne seront plus très nombreux. Il faut donc que j’en profite. Si je sens que je suis capable d’être compétitif, si je suis en assez bonne santé pour en profiter, j’aimerais continuer pendant un moment. Je ne sais pas pendant combien de temps mais je veux continuer sur cette voie, parce que j’ai des supporters et je dois me donner un peu plus de temps pour voir si je peux regagner mon niveau, si mon corps peut aller de mieux en mieux et puis ensuite je prendrai une décision. En tout cas, je me donne encore deux mois jusqu’aux Jeux Olympiques et ensuite on verra si je peux continuer de jouer ou si je décide que finalement il est temps de raccrocher. En tout cas, aujourd’hui, ce n’est pas le moment d’analyser cela, c’est plutôt le moment de poursuivre sur cet élan et de voir ce qui se passe.

Est-ce que tu as l’intention de jouer sur gazon ? Est-ce que tu vas jouer à Wimbledon ? Est-ce que tu l’as décidé ?

Cela me paraît difficile, honnêtement. Pour le moment, je ne peux pas donner de confirmation, mais j’ai l’impression qu’il serait difficile de « transitionner » vers le gazon avant de jouer ensuite de nouveau sur terre battue pour les Jeux Olympiques. Je ne peux donc pas le confirmer. Il faut que j’en discute avec mon équipe. Il faut que j’analyse beaucoup de choses, mais je ne crois pas que ce serait très intelligent, après tout ce que j’ai traversé sur le plan physique, de passer à une surface complètement différente et puis de revenir immédiatement sur terre battue. J’ai l’impression, en tout cas aujourd’hui, que ce n’est pas une bonne idée. Mais je ne peux pas vous donner de confirmation. En tout cas, c’est mon ressenti pour le moment. Même si j’ai prévu d’aller à Wimbledon, même si j’ai réservé en quelque sorte ma place, je ne pense pas que ce soit une bonne idée pour le moment.

Propos recueillis par E-A à Roland-Garros