Reprise

Reprise

17 mai 2020 Non Par SoTennis

À l’ombre des arbres séculaires, les courts extérieurs en terre battue et en dur de la Villa Primrose sont, enfin, sortis de leur inhabituel silence. Fermé à ses membres, en raison de la pandémie liée à la Covid-19, ce club de tennis et de hockey sur gazon, fondé en 1897, situé près du centre-ville de Bordeaux, accueille, à nouveau, depuis le 11 mai ses hôtes. Jean-Baptiste Perlant, évoque cette reprise, singulière, du jeu, au sein du club dont il est le directeur.

Après l’annonce du confinement puis la fermeture des clubs affiliés FFT, comment les choses se sont passées pour la Villa Primrose ?

Cela a été un peu brutal. Nous avons fermé le club dès le dimanche 15 mars. Dans la foulée, nous avons annoncé l’annulation du tournoi Challenger (BNP Paribas Primrose, initialement prévu du 11 au 17 mai 2020, qui se déroule sur les terrains de la Villa Primrose). Cela faisait déjà plusieurs semaines que nous nous sentions un peu en sursis au niveau du tournoi. On sentait qu’on ne pourrait pas organiser une édition dans de bonnes conditions. Nous avions encore des recettes à aller chercher et des partenaires à trouver. L’incertitude, notamment pour les entreprises, commençait à grandir. Il a fallu accepter cette décision… C’était un peu frustrant, après la bonne dynamique de l’an dernier et la formidable édition 2019, avec entre autres Lucas Pouille comme vainqueur en simple et Jo-Wilfried Tsonga présent dans le tableau. Cette dynamique a été cassée. Il va falloir relancer la machine est essayer de trouver de nouveaux partenaires et de nouvelles ressources. À partir du mois de septembre, en fonction de l’évolution de cette crise sanitaire et économique, on va essayer de se replonger afin d’organiser une belle édition 2021.

Est-ce que cette annulation a un impact sur les comptes de la Villa Primrose, qui organise cet événement ?

Oui, forcément, cela pèse sur le budget. Ce tournoi est coorganisé avec les équipes de Côte Ouest (agence événementielle). Nous nous partageons évidemment les dépenses. Mais au-delà de ça, cela pèse sur la belle dynamique qui était en place et qui va falloir recréer. C’est un peu comme repartir de zéro avec beaucoup d’incertitudes. C’est ça qui est dommageable aujourd’hui. Mais nous sommes tous logés à la même enseigne.

Ce lundi 11 mai a marqué le début du déconfinement en France (hors Mayotte) et un retour au jeu, dans un premier temps en simple et sur des terrains extérieurs, pour les clubs affiliés à la Fédération française de tennis. Comment ce retour au jeu a-t-il été pensé et comment se manifeste-t-il pour la Villa Primrose ?

Ce retour au jeu a été possible avec l’aval du ministère des Sports suite aux différentes propositions de la Fédération française de tennis. Nous suivons méthodiquement le protocole qui a été édicté par la FFT, puis validé par la suite par le ministère des Sports, sans oublier la mairie qui a donné son accord pour la réouverture du club. Nous avons la chance d’être, aujourd’hui, l’un des rares sports à avoir pu reprendre une activité dès le premier jour du déconfinement. Nous avons tout fait pour être prêts pour rouvrir le club à nos membres dès le premier jour du déconfinement. Nous avons eu la chance d’avoir eu des jardiniers qui ont été sur le pont durant toute la période de confinement. Qui ont fait un travail remarquable. Ils se sont occupés des terrains, du site, qui ont fait des travaux… Grâce à tout ce travail, nous sommes en capacité d’accueillir nos membres. Malheureusement, le temps ne l’a pas permis ce lundi, en raison de la pluie, car dans les impératifs et les mesures qui sont mises en place, il est possible uniquement de jouer sur les terrains extérieurs. Malgré tout, l’accueil de nos membres se fait dans des conditions un peu particulières. Toute la vie sociale qui a habituellement autour n’est pas, pour le moment, au rendez-vous. Nous sommes un club dynamique avec une vie de club très riche, avec un restaurant, un bar, une terrasse où la vie sociale est habituellement très présente et où nos membres ne viennent pas à Primrose que pour faire du sport. Tout ceci est actuellement impossible. Nos membres peuvent venir, pour l’instant, « que » pour jouer au tennis, avec leurs balles, en simple, sur les courts extérieurs (7 en terre battue 2 en GreenSet), durant une heure de temps et accéder si besoin à deux sanitaires opérationnels sur le site. Le secrétariat est opérationnel, mais il n’est pas ouvert au public et aux membres, tout comme le bâtiment de fitness la Villa, le bâtiment principal où sont présents, le restaurant, le bar, les salons, les vestiaires…

Les masques et gels hydroalcooliques sont-ils demandés aux membres lorsqu’ils viennent jouer ?

On leur demande de respecter les gestes barrières qui sont préconisés. Nous faisons un sport qui permet de rester à bonne distance de son partenaire. On ne se sert pas la main, on reste à bonne distance durant tout le temps de la partie. Nous n’avons pas mis de banc sur les terrains, mais des tables hautes, afin que les joueurs y posent leurs affaires. À la fin de leur partie, les membres passent le filet. Pour cela, nous leur recommandons et nous insistons sur le fait qu’ils viennent avec leur gel hydroalcoolique de se laver les mains avant et après de passer le filet. L’entrée du club est ouverte tout comme les portes pour accéder aux courts. Nos membres peuvent ainsi venir sans rien toucher.

Comment avez-vous prévenu vos membres de la mise en place de ces nouvelles règles lors de leur venue ?

Jeudi dernier, nous avons envoyé à l’ensemble de nos membres un mail, sous réserve que le déconfinement se passe bien le 11 mai, précisant le protocole édicté par la Fédération française de tennis, en plus d’un guide pratique, pour la période du 11 mai au 2 juin, dans le but d’être le plus clair et le plus précis possible, afin que nos membres soient au courant dans quelles conditions ils allaient pouvoir revenir jouer.

Pensez-vous à un retour aux entraînements dans les semaines à venir ?

Les leçons individuelles, pour les membres (1 500 licenciés FFT), recommenceront à partir du lundi 18 mai. Elles seront assurées par nos onze enseignants, avec un protocole pour la réservation des courts. Durant la phase 1 (du 11 mai au 2 juin) il n’est pas encore possible d’envisager les cours collectifs. Nous croisons les doigts pour que l’école de tennis, les cours collectifs pour les adultes, l’école de hockey pour les enfants, reprennent lors de la prochaine étape.

Lors de la Seconde Guerre mondiale, la Villa Primrose avait pu maintenir une certaine forme d’activité. Cette fois, dans un tout autre contexte son activité s’est figée. Comment l’avez-vous vécu ce moment « hors du temps » ?

C’était très surprenant. Lors de cette période, j’ai pu poursuivre au club mon rôle de directeur. Lorsque je me rendais aux installations situées au fond du parc, avec une superbe vue sur le club, un mercredi, en plein mois d’avril, jour et époque de l’année où le site devait être en effervescence totale… Là, tout était fermé. La situation était totalement inédite et hallucinante. Habituellement, à cette époque de l’année, entre la gestion quotidienne du club et le tournoi Challenger (dont il est le directeur), je suis très sollicité. Là, j’ai eu du temps pour moi et c’était assez étrange. Aujourd’hui, je suis ravi d’avoir la possibilité d’accueillir à nouveau nos membres en respectant les règles sanitaires liées à ce virus et de limiter les risques pour eux et à la fois pour les salariés de la Villa Primrose. Par exemple, les salariés présents à l’accueil et au secrétariat ont reçu chacun un kit, avec du gel hydroalcoolique, des lingettes désinfectantes, du spray désinfectant, des gants, des masques, une visière.

Durant ce confinement, certains ont pu maintenir leur condition physique, d’autres n’ont pas pu pour différentes raisons. Quel est votre conseil pour une reprise douce sur les terrains ?

Le tennis est un sport à risques lorsqu’on ne s’échauffe pas. Lorsqu’on arrive sur le court, on peut taper deux trois balles tranquilles puis on peut commencer à frapper fort et se déplacer davantage. Dans l’idéal, pour bien s’échauffer, il faudrait passer un peu de temps sur le vélo, le tapis roulant, bien faire un échauffement progressif pour pouvoir par la suite rentrer sur le terrain et être déjà chaud. On sait que peu de personnes respectent ce qui devrait être le protocole d’échauffement avant d’aller sur le terrain. Je compte sur la lucidité de chacun, de savoir s’il a pu maintenir une petite activité physique durant ces semaines de confinement. J’ai le sentiment que beaucoup ont chez eux un vélo ou un tapis. Durant ces semaines, la plupart du temps, il a fait plutôt beau (à Bordeaux), je pense que les gens sont sortis, ont fait des footings, ont essayé de maintenir une activité physique. On recommande évidemment la prudence pour ceux qui n’ont pas fait grand-chose. Il faut vraiment y aller progressivement et faire attention.

Pour la Villa Primrose, comment envisagez-vous les semaines et les mois à venir ?

Il va falloir suivre l’évolution de cette crise sanitaire et économique. On se devra de, toujours, respecter les consignes et les préconisations d’ouvrir ou pas le site avec la possibilité, je l’espère, d’offrir à nos membres les cours collectifs. De remettre en place également une vie sociale au club, en espérant que le restaurant bar pourra rouvrir rapidement.

Propos recueilli pas E-A