Richard Gasquet : «Il faut bien que ça arrive un jour»

Richard Gasquet : «Il faut bien que ça arrive un jour»

29 octobre 2024 Non Par SoTennis

Richard Gasquet qui disputait pour la dernière fois de sa carrière le Masters 1000 de Paris-Bercy, s’est incliné au 1er tour. Mardi, le Français, bénéficiaire d’une wild-card, a été battu par le Belge, lucky loser Zizou Bergs en deux sets (6-3, 6-4).

Ça ne doit pas être facile d’aborder un tel match : c’est le début des adieux, il faut jouer le match, il y a les émotions, il faut être sérieux…

C’est un peu bizarre. Ça fait quand même quelque chose. Ce n’est heureusement pas le dernier tournoi, mais ça fait quelque chose. La surface était très rapide. Il faut reconnaître que j’étais parfois un peu dépassé. Je n’ai pas toujours très bien joué. J’étais un peu crispé. Lui avait deux matches derrière, il m’a donc pris assez vite. Je n’ai pas réussi à faire les balles de break. Le sentiment est un peu particulier. J’ai joué quasiment toute ma vie au tennis. Faire un discours comme ça, ça fait un peu bizarre. C’est la vie, il faut bien que ça arrive un jour. Je l’ai repoussé le plus possible, mais il faut bien que ça vienne.

À la fin du match, sur le court, lors de la cérémonie, est-ce qu’au moment de voir les images sur l’écran géant, avez-vous commencé à avoir de la nostalgie ?

Non, mais déjà, dès l’annonce, quand je l’ai dit, ça a fait quelque chose de particulier. Là, tu joues les derniers tournois. Ce n’est pas évident. Tu peux te crisper de temps en temps. Tu sais que ça va être la dernière fois. C’est un peu particulier. Il a bien joué. Je n’ai pas été au niveau. Sur le match, il était plus fort. La surface était assez rapide. Je n’ai pas réussi à faire d’énormes coups aujourd’hui. C’est le tennis. C’est un premier tour de Bercy. C’est énorme. Il y a du public. Se retrouver à faire un discours est nouveau et pas si facile.

Qu’avez-vous ressenti quand vous avez vu les images défiler ? Qu’est-ce qui est dur quand on fait un discours ?

Je n’étais pas prêt du tout, c’était une première. Il y a toujours une première et une dernière en l’occurrence, c’était une première. Tu joues ta première fois à Roland-Garros ou à Bercy, on sait que pour un joueur, ce sont des choses incroyables. Là, je me suis retrouvé avec un micro. J’avais l’impression que c’était la première fois – c’était d’ailleurs la première fois. Ça a fait quelque chose de finir sur ce court, mais bon, il m’en reste quelques-uns derrière et j’espère pouvoir, en tout cas, faire le maximum. J’aurais 39 ans l’année prochaine à Paris, je peux difficilement faire plus.

Allez-vous faire une vraie préparation à fond en vous disant que vous allez mettre le paquet pour être au maximum de votre forme ?

Je joue à fond. Je me suis préparé à fond pour ce Bercy. J’irai jusqu’au bout, jusqu’à Roland-Garros. Je donnerai tout. Je vais me préparer à 1 000 %. Le niveau était moins bon sur ce tournoi. Je suis à ce classement pour une raison. J’ai joué cette saison et j’ai fini 130e mondial, ça ne ment pas. C’est pour ça que j’arrête, sinon tu n’arrêtes pas. Les fins de carrière, ce n’est jamais évident. J’ai la chance d’être en forme, de pouvoir jouer et prétendre à gagner des matches. On sait que la fin, c’est toujours particulier. J’essaie de ne pas être blessé, d’en profiter du mieux possible. J’espère que ce sera le cas jusqu’à Roland-Garros.

Vous avez fait partie de cette génération où sur un malentendu, vous auriez pu vivre jusqu’à 50 ans. Thiem arrête, il a 31 ans et dit que le tennis va casser les joueurs de plus en plus. Pensez-vous que, Rafa, Roger, Novak, vous êtes les derniers à jouer ; si proches de la quarantaine, qu’on ne reverra plus des joueurs avec une si longue carrière ?

J’ai du mal à vous le dire. Je ne peux pas vous répondre. À l’époque, tu t’arrêtais à 30 ans, c’était une carrière et c’était énorme. C’était Agassi le premier, Connors à l’époque. Il y en avait très peu. Aujourd’hui, il y en a quand même des mecs de 35/36 ans. Je ne peux pas te répondre. C’était tellement incroyable. On a vu des trucs : Rafa qui a gagné à 36 ans, Novak, Federer. C’est tellement inimaginable qu’on banalise parfois les choses. Les joueurs jouent très, très vite aujourd’hui. Le tennis est de plus en plus physique. Il faut voir jusqu’à quel âge les mecs tiennent. Il y a eu une génération, même Gaël, a eu une génération qui a joué assez longtemps. Aujourd’hui, ça me fait bizarre de me retrouver sur le court après Arthur et Giovanni, deux mecs de 21 ans et j’en ai 38 ! Je manque de repères de temps en temps. Je me dis : merde… J’avais plus l’habitude de Gilles et de Jo, je commençais Roland-Garros avec Cédric. Je me suis échauffé avec lui. De temps en temps, j’avoue avoir du mal à trouver mes repères. C’est normal. Quand tu es dans les vestiaires et que tu vois des joueurs aussi jeunes, ça fait un truc.

Avez-vous une idée de votre programmation de l’année prochaine ? Les qualifs à Melbourne ? Jusqu’à Roland Garros. il y a des tournois qui vous tiennent à cœur ?

C’est sûr (les qualifications à l’Open d’Australie). Montpellier, c’est un tournoi que j’ai souvent gagné. J’aimerais jouer à Marseille une dernière fois, j’y suis allé tout jeune, c’est un endroit qui me tient à cœur. Les qualifications à Monaco aussi, j’aimerais pouvoir les jouer. Quelques challengers en France. Et surtout Roland-Garros. Pour essayer de faire une belle saison, il y a de beaux tournois à jouer. Je suis heureux de pouvoir continuer jusqu’à là-bas. Ça avait été une question de m’arrêter à Bercy ou à Roland-Garros l’année prochaine. J’ai fait le bon choix de m’arrêter à Roland-Garros. J’espère en profiter le plus possible et essayer de faire quelques matches. Les fins de vie sportive, ce n’est pas évident.

Propos recueillis par E-A