Harmony Tan: «Il y a une personne qui a cru en moi. C’était Nathalie»

Harmony Tan: «Il y a une personne qui a cru en moi. C’était Nathalie»

2 juillet 2022 Non Par SoTennis

Harmony Tan (115e mondiale), s’est qualifiée pour les huitièmes de finale du tournoi de Wimbledon. Samedi, la Française n’a pas traîné pour battre la Britannique Katie Boulter (118e, wild-card) en deux sets (6-1, 6-1 en 51 minutes).


Quand vous étiez plus jeune, vous aviez évidemment un style de jeu différent de celui de beaucoup de joueuses. Avez-vous déjà eu des entraîneurs ou la Fédération qui doutaient que votre style de jeu fonctionne et ont-ils essayé de le changer ?

Quand j’étais plus jeune, ils m’ont dit que je ne pouvais pas être une très bonne joueuse avec ce jeu, donc c’était vraiment difficile pour moi. Je n’avais pas d’aide, et financièrement, c’était vraiment difficile. Mais il y a une personne qui a cru en moi. C’était Nathalie Tauziat, quand j’avais 18 ans.


Dans ce contexte, avez-vous douté de vos chances ? Qu’est-ce que vous aimeriez dire aux plus jeunes pour y arriver ?

Cela m’a fait énormément de peine. À 16 ans, lorsque j’ai eu mon bac j’ai voulu reprendre à ce moment-là mes études. J’avais passé le concours de Sciences Po à Paris et j’avais été acceptée. J’ai réfléchi un petit peu. Je me suis laissée deux ans, pour voir ce que ça donne. Comme j’ai commencé à mieux jouer à ce moment-là, j’ai continué. Je pourrais dire aux jeunes que tout le monde est différent, chacun a son destin et si on y croit vraiment, on peut y arriver.


Comment vous vous êtes rencontrées avec Nathalie Tauziat?

À ce moment-là, je n’avais pas d’entraîneur. J’étais un peu dans le flou. C’était durant la période où je souhaitais reprendre mes études. J’ai alors demandé à ma mère ce qu’on allait faire. Elle m’a dit : « Je vais trouver une solution ». Elle a essayé d’avoir des numéros de téléphone de différents entraîneurs, il y avait celui de Nathalie. Je me souviens, nous l’avions appelée et elle nous avait répondues. C’était déjà énorme. Puis sa réponse a été: « Pourquoi pas, venez chez moi dans le Sud Ouest et je vais voir ce que je peux faire. Dès le soir même nous avions pris la voiture pour faire les sept heures de route. À l’arrivée, j’étais vraiment morte. Nous avions fait 10 jours d’entraînement. C’était juste incroyable.


S’il y avait des points à ce tournoi, vous seriez environ 75e. Que pensez-vous du fait que malgré votre grand Wimbledon, vous devrez peut-être encore passer par les qualifications pour disputer l’US Open ?

Je sais que pour l’US Open, le cut sera vraiment difficile, car je n’ai qu’un seul tournoi avant le cut, donc je jouerai un ITF et 60K après Wimbledon. Mais c’est un Grand Chelem. J’apprécie vraiment. Il n’y a pas de points, mais, vous savez, quand vous jouez un Grand Chelem, je m’en fiche. C’est un Grand Chelem !

Vous sembliez très relâchée sur le court ?

Oui, car j’étais très fatiguée ce (samedi) matin. J’étais plus relâchée, forcément. Et je jouais une Anglaise, chez elle. Je me disais que pour elle ça devait être dur aussi. Plus les matches avancent, mieux je me sens. Et je prends vachement de plaisir à jouer sur gazon.


Émotionnellement, comment gérez-vous tout ce qui se passe en ce moment ?

C’est vraiment le premier match qui était vraiment très émotionnel pour moi. Ensuite, sur les jours d’après, je suis vite redescendue, j’étais vraiment concentrée sur chaque match à jouer.


Quel est l’apport de Sam Sumyk au sein de votre structure ?

Sam est reparti à Los Angeles il y a trois semaines, car sa femme va très prochainement accoucher, cest pour cela qu’il n’est pas ici à Wimbledon. Depuis février, nous étions ensemble toutes les semaines. C’est quelqu’un qui m’apporte énormément sur la façon dont je dois encore évoluer. Nous travaillons beaucoup mon jeu vers l’avant et mon agressivité. De base, j’étais très défensive. Il m’a fait comprendre certaines choses dans mon jeu, comme le fait que si je continuais à défendre encore comme cela, tout le temps, je ne pouvais pas aller au très haut niveau, comme il l’espère lui. C’est vraiment du bon travail. En ce moment, on se parle tous les jours au téléphone.


En quoi votre jeu est-il gênant pour vos adversaires ?

Je pense que ce sont juste les variations de balles, les variations de hauteur qui gênent énormément mes adversaires. C’est très dur, pour tout le monde, d’avoir une balle basse, une balle haute. Les zones, lorsque vous faites un peu de l’avant, arrière, vous ne savez pas trop où vous placer exactement, c’est ça, je pense, qui est le plus gênant pour les filles en face.

Propos recueillis par E-A à Wimbledon