La Nishikori-mania

26 avril 2015 Non Par SoTennis
Kei Nishikori

©SoTennis

En remportant dimanche pour la deuxième fois consécutive le tournoi de Barcelone, en dominant en finale Pablo Andujar en deux sets (6-4, 6-4), Kei Nishikori lance parfaitement sa saison sur terre battue. Dans la capitale catalane, le Japonais a pu bénéficier de l’inconditionnel soutien du public, et de ses compatriotes venus en nombre supporter leur héro. Car au Japon, l’actuel n°5 mondial est considéré comme une star.

Depuis sa finale à l’US Open 2014, où il s’est incliné face à Marin Cilic, Kei Nishikori a changé de statut. Solidement installé dans le Top 5, le Japonais est désormais considéré comme un sérieux client à une victoire en Grand Chelem. Mais c’est bien au Japon, où la « Nishikori-mania » a pris une ampleur phénoménale. A un tel point que ses rares déplacements au pays du Soleil-Levant, tournent à « l’émeute », fait assez rare dans un pays où la retenue, et la verticalité des rapports humains dictent toute une société. Après être devenu le premier Japonais à accéder à une finale d’un Majeur, et occuper la quatrième place mondiale, son niveau de popularité est monté en flèche, comme en témoigne notamment les nombreux et juteux contrats publicitaires qu’il a vu affluer, et la tonne de sollicitations médiatiques que son agent a dû gérer tant bien que mal. « Kei Nishikori est très populaire au Japon, dixit Kayako Kumura, journaliste pour Tennis Magazine Japan. Kei a quitté le Japon très jeune pour aller travailler son tennis dans l’académie de Nick Bollettieri. De ce fait les Japonais ne l’ont pas forcement vu grandir, et pour la plupart ils ne s’attendaient pas à ce qu’il obtienne ces résultats. Après sa finale à l’US Open, lorsqu’il est revenu à Tokyo, ce fut la folie. Tous les médias l’ont suivi. »

Des fans qui font le tour du monde

Toute la semaine à Barcelone, pléthore de ses fans faisaient le pied de grue à la sortie du court central, dès la fin des matches de leur idole, pour tenter de glaner un autographe, voire même réaliser un selfie. De bonne grâce, Kei s’est adonné à sa tâche sans rechigner, avec une attention particulière envers ses compatriotes, sous le regard d’un service de sécurité renforcé. « A Barcelone énormément de Japonais ont fait le déplacement pour venir me voir jouer et m’encourager. C’est toujours un plaisir d’avoir ce soutien, et j’espère en bénéficier durant de nombreuses années» déclare le principal intéressé. De part ses résultat et son parcours atypique, de plus en plus de médias japonais suivent les exploits du héro national. La preuve en est, où au « Real Club de Tenis de Barcelona » (ndlr :lieu où s’est déroulé le tournoi) près de 10 journalistes étaient en charge de scruter les moindres faits et gestes du nippon. Résultat, en conférence de presse les questions fusées en trois langues (anglais, français et… japonais). Lors de ces moments d’après-match, Kei Nishikori est souvent apparu détendu, voire même espiègle, se fendant d’un « Hola como estas », dénotant bien là sa personnalité, devant une assistance hilare. Une personnalité qu’il a façonné aux Etats-Unis, où il a parfois eu du mal à extérioriser ses émotions, rien de bien étonnant lorsqu’on est naît à Mastsue (ndlr : au cœur de la préfecture rurale de Shimane). « Kei semble timide pour les personnes n’ayant pas la culture japonaise, mais pour nous, sa personnalité n’est pas surprenante par rapport à nos “codes”, mais de plus en plus il arrive à exprimer ses émotions » précise Kayako Kumura.
Adulé par toute une génération souhaitant l’imiter, l’impact de Kei Nishikori sur le sport et le tennis au Japon, est loin d’être négligeable, alors que Tokyo accueillera dans cinq ans les Jeux Olympiques d’été. En attendant, l’actuel n°5 mondial poursuit sa marche en avant avec succès, lui qui vient tout juste de remporter son 9e trophée en simple à Barcelone. Une victoire qui sera encore une fois largement relayée au Japon, pour le plus grand bonheur de ses fans.

Propos recueillis par E-A

Une photo publiée par So Tennis (@sotennis) le