Rafael Nadal : «Être dans cette position aujourd’hui est inattendu»

Rafael Nadal : «Être dans cette position aujourd’hui est inattendu»

11 mars 2022 Non Par SoTennis

Avant son entrée en lice au Masters 1000 d’Indian Wells, Rafael Nadal, invaincu cette saison, a évoqué jeudi en conférence de presse sa forme du moment et l’actualité qui agite le monde.

Vous restez sur une série de 15 victoires consécutives. Qu’est-ce que ça vous inspire ?

C’est du bonheur, une surprise. Je suis reconnaissant auprès de mon équipe et de ma famille pour leur soutien dans les moments très difficiles. J’essaie de profiter de chaque instant, de vivre dans le moment présent. Être dans cette position aujourd’hui est inattendu, j’en profite tous les jours et j’essaye de conserver la bonne attitude. Je joue bien, j’ai déjà gagné trois titres cette année, ce qui est incroyable pour moi.

Depuis le début de cette saison, qu’est-ce qui vous satisfait particulièrement dans votre jeu ?

Cela dépend des jours. De manière générale, j’ai toujours été capable de trouver une solution pour m’adapter à ce dont j’ai besoin pour être compétitif au quotidien : parfois c’est être plus agressif, parfois plus défensif, parfois changer des choses tactiquement… Mon service fonctionne très bien depuis le début de l’année, ce qui est évidemment très important à ce stade de ma carrière. J’ai su être suffisamment courageux pour jouer avec la bonne détermination dans les moments où j’en avais besoin. Je travaille pour continuer à m’améliorer, mais globalement, je ne peux pas être plus heureux sur mon niveau de jeu, mon intensité et ma tactique.

Au niveau de l’entraînement, comment vous êtes-vous adapté à cette blessure au pied ?

Quand j’ai pu plus ou moins m’entraîner, j’ai simplement adapté l’entraînement à mon pied. C’est aussi simple que ça. Je n’étais pas capable de faire tout ce que je voulais. J’ai essayé de rester aussi positif que possible, c’est tout. C’est parfois dur à croire pour les gens qui ne sont pas à mes côtés au quotidien, mais honnêtement, je n’ai pas pu préparer beaucoup de choses avant l’Open d’Australie. Sans pouvoir me déplacer énormément, je sentais que je frappais bien la balle. Mais courir ? Je ne me suis pas entraîné. On ne s’est pas entraînés sur les déplacements. On a passé du temps sur mon service. Et pas grand-chose d’autre.

Quel est l’état de votre pied, aujourd’hui ? Est-il soigné à 100 % ?

On ne va pas parler de mon pied toute la journée (sourire). Si vous le voulez bien, on va en parler pour la dernière fois parce que j’ai envie de jouer au tennis ! Quand mon pied sera-t-il rétabli à 100 % ? Jamais. C’est une blessure qu’on ne peut pas soigner. C’est la vérité. Il y a des jours où ça va, d’autres moins. Il faut le gérer du mieux possible et trouver un moyen de jouer le plus possible sans limite. Le but, c’est de jouer sans craindre de placer le pied là où il faut pour bien frapper la balle. Cela n’a pas été possible pendant une longue période. Cette année, j’ai été capable de le faire la plupart du temps. C’est pour ça que je profite à nouveau du tennis. Mais si vous me dites que mon pied n’est plus une source d’inquiétudes pour moi, ce n’est pas vrai. Je suis inquiet pour mon pied tous les jours. On va voir comment ça va évoluer. Pour l’instant, je ne peux pas être plus heureux. Mais il y aura un moment où il faudra que je fasse un peu plus de soins, peut-être m’arrêter pendant un petit moment et trouver le bon équilibre entre jouer et me reposer. Réussir la bonne planification de tournois et m’y tenir. C’est mon objectif.

Êtes-vous quelqu’un qui suit l’actualité au quotidien ou parvenez-vous à vous en détacher pour vous concentrer sur le tennis ?

Je suis tout ce qu’il se passe. Ces trois dernières années, le monde a beaucoup souffert. Le Covid-19, maintenant une guerre… Quand on voit des gens souffrir à travers le monde, on ne peut pas ne pas suivre, on ne peut pas ne pas souffrir pour ces gens. Et en même temps, la vie continue. J’espère que les choses vont s’améliorer. L’humanité a besoin d’un peu de calme après trois années terribles, de souffrance à travers le monde.

Que pensez-vous de la décision de l’ATP de ne suspendre Alexander Zverev qu’avec sursis après son attitude sur le court lors du récent tournoi d’Acapulco ?

D’en parler dans ma position, c’est très difficile . J’ai des opinions divergentes là-dessus. J’ai une bonne relation avec Sascha, je l’apprécie, je m’entraîne souvent avec lui et je lui souhaite le meilleur. Il sait qu’il a eu tort, il l’a reconnu rapidement. C’est ce qui est positif de son côté. Mais de l’autre côté, si on n’est pas en mesure de contrôler ce genre de comportement sur le court, le sien mais aussi d’autres choses qu’on a vues ces derniers mois, de créer une règle pour sanctionner plus durement ce genre d’attitudes, nous, joueurs, allons nous sentir de plus en plus forts. Le sport doit être un exemple positif pour les enfants qui nous regardent. D’un côté, je ne veux pas que Sascha soit sanctionné parce que je l’apprécie. Mais de l’autre, en tant que fan de ce sport, j’aimerais des sanctions plus importantes face à ce type de comportement, pas seulement le sien. Ça protège le sport, les arbitres et tous les gens qui gravitent autour de notre sport.

Propos recueillis par E-A