Service compris

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13 janvier 2019 Non Par SoTennis

Après avoir pansé ses maux, Rafael Nadal a profité de l’intersaison pour apporter quelques ajustements à son jeu. C’est chez lui, à Manacor, au sein de son académie de tennis, que le Majorquin s’est, à nouveau, penché sur son service. Un coup, qu’il compte bien se servir à l’Open d’Australie.

Arrivé à Melbourne sans avoir disputé de matches officiels, forfait à Brisbane en raison d’une blessure à la cuisse gauche, Rafael Nadal s’est accommodé de cette situation en préparant son entrée en lice à l’Open d’Australie, sur les courts de Melbourne Park. Sous les yeux de son ami et coach Carlos Moya, l’actuel n°2 mondial a répété ses gammes, avec comme toujours, intensité. Parmi ses coups, lâchés avec férocité, sa gestuelle au service est apparue nouvelle. Une « nouvelle » manière de servir qu’il avait étrennée, fin décembre, lors d’un match exhibition, perdu, à Abu Dhabi face à Kevin Anderson. Puis plus rien. Une alerte à la cuisse gauche, avait contraint l’Espagnol de renoncer à disputer son deuxième match aux Émirats arabes unis et au tournoi de Brisbane. Quelques jours plus tard, il avait joué un simple exhibition (perdu face à Nick Kyrgios) et un double (gagné avec Milos Raonic) à Sydney, dans le cadre du Fast4, et c’était rassuré sur le plan physique. Samedi, en conférence de presse, l’ex-n°1 mondial s’est dit en pleine forme, à deux jours d’affronter au premier tour l’Australien James Duckworth, où il compte utiliser sa nouvelle manière de servir. “Il y a toujours des choses à améliorer. Le service a toujours été quelque chose que j’ai essayé d’améliorer, abonde-t-il. Je crois que j’y suis arrivé. Je suis content de faire quelque chose de nouveau. Si ça marche, j’espère bien que ça m’aidera sur la durée. Je n’ai pas encore joué en compétition avec mon nouveau service, donc on va voir comment ça ira. J’ai bon espoir que ça se passera bien.”

Service en chantier


Tout au long de sa carrière, Rafael Nadal n’a eu de cesse d’améliorer son jeu. Gaucher sur le court et droitier dans la vie, le Majorquin avait déjà opéré un changement, assez frappant, à sa technique au service, lors de l’US Open 2010. À l’époque, c’était son oncle et entraîneur, Toni Nadal, qui avait été l’artisan de ce changement. « J’ai vu une vidéo de Jack Nicklaus (golfeur) qui a totalement changé ma vision des choses, avait-il déclaré à ABC. Il y disait: ‘En premier frappe loin, ensuite, on pensera à mettre la balle dedans.’ Alors, je me suis dit qu’il devait avoir raison et je l’ai appliqué à Rafael. D’abord, frappe fort et ensuite, on pensera à mettre la balle dedans.» Résultat, après avoir travaillé d’arrache-pied pour améliorer sa mise en jeu, une augmentation de la vitesse moyenne de ses premières balles, notamment lors de ses six premiers matches, passant de 190 km/h contre 171,3 en 2009, et une première victoire à New York, franchissant ainsi, un nouveau palier cet été-là. Les années sont passées et les problèmes physiques se sont accumulés… En 2018, à nouveau, les blessures avaient émaillé son quotidien. Las de cette situation et de souffrir, le Majorquin s’était promis, à l’aube d’entamer une nouvelle année, d’éviter ces pièces rapportées. C’est après son abandon (blessure au genou) en demi-finale de l’US Open 2018, que les discussions autour de son service avaient débuté comme le révèle Carlos Moya sur le site Internet de l’ATP. « Les changements sont intervenus après ce match à l’US Open, précise-t-il. Rafa était pour ces changements, même si cela signifiait un travail supplémentaire. Il a été le premier à identifier la faiblesse de son service et nous avons formé une équipe pour l’améliorer. Nous cherchons à maximiser les dégâts dès le début, et l’une des façons de le faire est d’utiliser un service plus rapide et plus agressif. » Alors, qu’est-ce que Nadal a changé ? C’est son autre entraîneur Francisco Roig qui l’explique : « Le changement repose sur trois piliers. La première est que lorsqu’il exécute son lancer de balle, il retire sa main de la balle plus rapidement, au lieu de le laisser traîner. Son geste est plus fluide. Deuxièmement, Rafa s’efforce de rester plus droit et d’utiliser sa taille plutôt que de se lancer dans le service en se retournant et en reculant. Ce mouvement de ressort supplémentaire a entraîné une réduction de puissance. La dernière chose sur laquelle nous travaillons, est de faire en sorte que Rafa plante son pied-droit dans le court après son service. Un avantage supplémentaire est que son second service va également gêner ses adversaires. C’est peut-être une approche plus risquée, mais l’aspect positif est que ses adversaires ne viseront pas le même rebond haut ; ils devront être plus sur leurs gardes et réagir plus rapidement au lieu de simplement garder la balle en jeu. »

C’est principalement à l’intersaison, chez lui, à Manacor, au sein de son académie, que Rafael Nadal a entamé cette évolution. «Nous avons été préoccupés [fin 2018] à cause de sa blessure à l’abdomen et de son opération à la cheville droite, précise Carlos Moya, mais nous avons finalement réussi à élaborer physiquement le nouveau mouvement de service après son rétablissement. Je suis heureux de dire qu’il est maintenant à l’aise avec la nouvelle version. » Une nouvelle version que la tête de série n°2 à l’Open d’Australie pourra tester en compétition, dès lundi, lors de son premier tour, face à l’Australien James Duckworth.

EA