Yannick Noah, trente ans déjà

24 mai 2013 Non Par SoTennis

Dernier Français à avoir gagné un tournoi du Grand Chelem, Yannick Noah fête cette année le 30e anniversaire de sa victoire à Roland-Garros en 1983.

«Cà fait tellement loin. Il y a la moitié des gens de la tribune qui sont morts, puis d’autres qui ont pris un coup de vieux terrible», disait Noah au moment de célébrer… le 25e anniversaire de son triomphe.

Il y a cinq ans, il avait “célébré” l’évènement en refaisant le match sur une péniche avec le Suédois Mats Wilander, battu 6-2, 7-5, 7-6, le 5 juin 1983 en finale.

Pour les 30 ans, Noah a préféré la discrétion. La faute à un genou touchéé lors d’une exhibition à la Réunion en décembre. Mais aussi à cause d’une certaine lassitude de faire le buzz avec un exploit aussi lointain, que le champion reconverti avec succès dans la chanson échangerait bien, à 53 ans, contre un successeur.

Mais avec Rafael Nadal dans les parages, il est toujours aussi difficile d’imaginer un Français soulever la coupe des Mousquetaires, malgré deux représentants dans le Top 10, Jo-Wilfried Tsonga et Richard Gasquet.

On risque donc de se repasser pendant quelques années encore ces images d’un Noah extatique qui, après un dernier retour trop long de Wilander, enjambe le filet pour aller se jeter dans les bras de son père Zacharie.

«On a gagné, on a gagné !», a-t-il lancé à l’infini, avant de partir enlacer son entraîneur de toujours Patrice Hagelauer.

«Il m’a serré dans ses bras pendant un temps qui me paraissait infini. J’étais collé contre lui et sa transpiration. Ce sont des moments complètement inoubliables», raconte l’actuel directeur technique national qui, clin d’oeil du destin, partira à la retraite après le Roland-Garros 2013.

«Les pages ont jauni. Je n’y pense pas souvent, un peu plus en ce moment parce qu’on m’en parle», a dit Noah récemment. «Mais ça restera pour toujours un moment important de ma vie, le moment où je suis rentré dans le coeur des gens.»

Il y est entré et il y est resté, au point de devenir la personnalité préférée des Français. En 1983, il a imposé son style rebelle, détonnant et tranchant fortement avec l’image très «Lacoste blanc» en vigueur dans le tennis.

La victoire à Roland-Garros a été suivie d’une fête dans sa maison de Nainville-les-Roches, restée dans les annales avec un concert improvisé par Louis Bertignac et Jean-Louis Aubert. Il en a gardé plutôt un mauvais souvenir, celui d’une maison saccagée et «remplie de boue».

Depuis, il a peu parlé de son heure de gloire et n’a conservé dans le sous-sol de sa maison que sa raquette.