Lucas Pouille : «C’est une libération»

Lucas Pouille : «C’est une libération»

25 mai 2023 Non Par SoTennis

Lucas Pouille s’est qualifié pour le tableau final de Roland-Garros. Jeudi, sur le court 14, le Français (670e mondial) a battu en trois sets l’Autrichien Rodionov 1-6, 7-5, 6-0. L’histoire sensible d’une renaissance.

Qu’est-ce que cela représente pour vous d’intégrer ce tableau final à Roland-Garros ?

Tout. Tout ce pour quoi j’ai repris la raquette en fin d’année dernière. Ça me conforte aussi dans l’idée que j’ai encore pas mal de choses à donner dans ce sport. Se qualifier en Grand Chelem, ça a une bonne signification sur le plan du niveau de jeu. Pour tout le monde, c’est très difficile. Je suis extrêmement fier de moi et heureux. Pour moi, pour toutes les personnes qui m’aident depuis des mois à essayer de revenir. Gagner devant ma famille, mes amis et tous ces gens dans cet état-là à la fin du match, c’est une libération. Les émotions lâchent un peu. Je ne sais même pas quoi dire tellement elles étaient fortes. Je ne me souviens pas d’avoir vécu ça ou ça fait tellement longtemps que c’était au-dessus de tout.

Ça fait un an que vous n’avez pas disputé un match en Grand Chelem…

Et ce n’était pas le plus beau des souvenirs non plus (ndlr: défaite au 1er tour contre Kolar en quatre sets). Je me souviens, il était 22h30-23h, j’étais avec Thierry (Ascione), Felix (Mantilla son coach), ma femme. On était à table dans le restaurant, personne ne disait un mot, j’avais la tête basse, à me répéter comme chaque jour « qu’est-ce que tu fais sur un terrain ? » Ce n’était vraiment pas une bonne période mais aujourd’hui j’ai le sourire et je suis extrêmement heureux sur le terrain. Avec tout ce que le public me donne, c’est juste fantastique…

Êtes-vous désormais un joueur différent sur le court ?

En tout cas ici, c’est sûr. Mais il y a quatre semaines aux États-Unis, c’était loin d’être bon avec un voyage qui avait commencé de la pire des manières, où je n’avais pas eu la meilleure attitude et ce n’était pas bien. Ce qui est certain, c’est que je vais un peu plus profiter des choses, de ces émotions-là alors qu’avant je pensais toujours à la suite. C’est pour ça que j’ai eu envie de rester sur le terrain avec tous ces gens qui m’apportaient que du plaisir et de l’amour. J’essaye de ne pas avoir de pensée sur les conséquences, ce que ce tournoi va m’apporter en termes de points, en termes d’argent, de tout ça. De profiter du moment et de kiffer.

Votre épouse semble avoir toujours été convaincue que vous n’étiez pas fini pour le tennis…

Cela a été une grande tension l’an dernier quand j’ai arrêté. Elle a eu du mal à l’accepter quand je le lui ai dit. En même temps, il n’y avait que moi qui pouvais ressentir ce que j’avais au fond de moi. Et puis elle n’a pas arrêté de me poser la question : « Et là ça ne te donne pas envie ? » Et quand je lui ai dit : « on va à Bercy parce que je veux être là pour la dernière de Gilles (Simon) » et que j’ai retapé avec Pierre-Hugues (Herbert), elle est venue sur le terrain en me disant « on ne sait jamais, si ça se trouve c’est la dernière fois que je te vois taper. » Elle m’a vu prendre du plaisir et m’a dit « tu vois je pense que ce n’est pas terminé ». C’est un tout, c’est grâce à elle, grâce à tous mes proches, mes amis, ma famille et moi-même.

Propos recueillis par E-A à Roland-Garros