Luca Van Assche: «Lorsque tu rentres dans ce “mood”, tu te sens bien»
25 mai 2023À 19 ans, Luca Van Assche ne perd pas de temps. Classé, cette semaine, à la 79e place mondiale, le Français poursuit sa progression avec ambition. Avant de disputer son premier tableau principal de Roland-Garros, là où il s’était imposé chez les juniors en 2021, le jeune Français évoque avec fraîcheur et relâchement, sa vie de joueur professionnel.
Comment décririez-vous votre saison sur terre battue ?
La saison sur terre battue s’est bien passée. J’ai intégré le Top 100 lors de cette période (ndlr: le 3 avril dernier) avec des victoires sur les tournois ATP. J’ai commencé assez tôt, car Roland-Garros est l’un des gros objectifs, sur terre, cette année. Forcément, avoir joué des gros tournois contre des supers joueurs a été une superbe expérience qui va m’aider pour la suite. J’espère désormais remporter mon premier match en Grand Chelem à Roland-Garros et de continuer à progresser et à monter au classement.
Ce tournoi de Roland-Garros, vous allez le disputer, avant tout, grâce à votre classement (ndlr: au 22 mai il occupait le 79e rang mondial), qui permet d’intégrer le tableau principal. À 19 ans, avez-vous une satisfaction particulière de jouer ce Grand Chelem sans avoir eu besoin d’obtenir une invitation ?
Pour un joueur, c’est toujours super cool de pouvoir intégrer un tableau final en Grand Chelem avec son classement. En France, c’est une chance d’avoir un tel tournoi, et les Français peuvent obtenir des invitations. Mais d’un autre côté, c’est mieux de réaliser cela par soi-même et de ne “rien devoir à personne.” C’est toujours une grande fierté.
Comment gérez-vous ce début de carrière au haut niveau et la poursuite de vos études ?
C’est vrai que je suis cette année, à l’Université de Paris-Dauphine, une licence en “Mathématiques et Informatique”. Pour le moment, cela se passe plutôt bien. Mon focus est sur le tennis, mais j’arrive pour le moment à concilier les deux et à passer mes examens.
Le passage des juniors aux adultes n’est jamais simple. Comment expliquez-vous votre précocité à ce niveau-là ?
Depuis mon enfance, j’ai toujours voulu jouer le plus tôt possible les tournois professionnels. J’avais arrêté les juniors assez tôt, après ma victoire à Roland-Garros (ndlr: en 2021). J’ai disputé des tournois Futures assez tôt aussi, cela m’a permis, je pense, d’accumuler beaucoup de confiance et d’expérience pour pouvoir jouer face à des gros joueurs et de voir que je pouvais rivaliser avec eux. Il y a eu des victoires qui se sont enchaînées et lorsque tu rentres dans ce “mood”, tu te sens bien, donc cela ne peut qu’être positif pour la suite.
Il y a eu le 19 avril dernier, sur terre battue, à Banja Luka, ce match face à Novak Djokovic, où vous l’aviez accroché (ndlr: défaite en 8es de finale, le n°1 mondial s’était imposé 6-7, 6-3, 6-2 en 2 h 40). À la sortie d’une telle rencontre, vous vous êtes dit quoi ?
À la fin de ce match, au-delà de la défaite, il y a eu la satisfaction de rivaliser face au n°1 mondial en trois sets et durant 2 h 40. C’était positif pour moi de voir que je suis en capacité de me confronter aux meilleurs sans avoir peur d’eux. Malgré tout, il ne faut pas tomber dans le “je fais trois sets cotre Djokovic, je joue Top 10.” Il faut rester humble, pour le moment, je ne suis que 79e joueur mondial. Mais ça me donne encore plus envie de travailler et de le rejouer.
La génération des Simon, Tsonga, Gasquet, Monfils est en train de peu à peu s’éffacer. Sentez-vous une forme de poids pour prendre à votre tour le relais ?
Je ne sens pas du tout ce poids-là. Forcément, c’est dommage pour le tennis français que ces joueurs arrêtent peu à peu leur carrière. Mais c’est comme cela. Personnellement, j’espère porter les couleurs du tennis français le plus haut possible, mais je ne me mets pas de pression par rapport à cela.
Avec cette génération-là, avez-vous eu ou avez-vous des échanges, des discussions ?
Il y a quelques années, lorsqu’ils étaient tous encore sur le circuit, mon niveau n’était pas celui d’aujourd’hui pour pouvoir se connaître et se parler. Mais depuis que je suis monté au classement, sans doute qu’ils commencent à me connaître aussi. Le fait de désormais jouer les mêmes tournois, me permet de les voir comme dernièrement avec Richard (Gasquet), ou à Paris lorsque je m’entraîne là-bas. Les échanges se font naturellement lors de ces moments-là. Je sais que si j’ai besoin de conseils sur le jeu ou la gestion d’une carrière, je pourrais obtenir de bonnes réponses de leur part.
Vous êtes devenu le nouvel ambassadeur de l’association Fête le Mur (Association d’éducation et d’insertion par le sport qui œuvre dans les Q.P.V fondée en 1996 par Yannick Noah), en quoi consiste ce rôle ?
C’est très important pour moi d’être l’ambassadeur d’une telle association qui porte le tennis partout et de montrer aux plus jeunes qu’il est possible de poursuivre ses études et ses rêves liés au tennis. Cela me permet, dès que je le peux, d’accompagner ces jeunes, de répondre à leurs questions et d’être en contact avec eux.
Tennistiquement, quel est votre plus grand rêve ?
De remporter Roland-Garros, mais cette fois chez les grands.
Propos recueillis par E-A