Beatriz Haddad Maia: «Je me suis dit on peut jouer 3 heures !»
5 juin 2023Après 3h51 d’un combat homérique, Beatriz Haddad Maia, tête de série n°14, s’est qualifiée pour les quarts de finale de Roland-Garros. Lundi, sur le court Suzanne-Lenglen, la Brésilienne a battu l’Espagnole Sara Sorribes Tormo en trois sets (6-7 [3], 6-3, 7-5).
Vous êtes la première joueuse brésilienne en 50 ans à arriver en quarts de finale à Roland-Garros. Qu’est-ce que ça fait d’arriver à ce niveau à Roland-Garros ?
Eh bien, déjà, je suis très contente d’arriver en quarts de finale. C’est un rêve, je crois que depuis que j’ai commencé à jouer au tennis, ma famille, mon équipe et moi ont rêvé à ce moment. J’ai travaillé d’arrache-pied pour ce moment. Je suis donc vraiment fière de ce que j’ai fait aujourd’hui (lundi) mais aussi lors de mes précédents matchs, parce que j’ai vraiment dû me battre. Je crois que je vais essayer d’en profiter, me poser ce soir, et puis être prête pour le suivant.
Vous avez passé quasiment 4 heures sur le court. Est-ce difficile de rester fraîche physiquement, mais aussi présente mentalement, lorsque le match est si long que ça ?
Tous les matchs que je joue sont des matchs que je prépare avant. Je me prépare aux moments les plus durs. Je savais que Sara décocherait des coups comme ça. C’est une très grande défenseuse, je savais qu’elle renverrait tous les coups. Je me suis dit : “Je dois être agressive”. Je m’étais préparée à cela. En tout cas, j’ai essayé d’être aussi agressive que je pouvais, pour terminer ces points, pour monter au filet. Je crois que j’ai aussi beaucoup travaillé physiquement. Je crois en moi, notamment lorsque les moments sont difficiles. J’ai eu beaucoup de matchs de plus de 3 heures dans ma carrière. Donc, tant que le match continue, moi, je me renforce, je suis plus solide. C’est l’une de mes qualités. Je suis donc très fière de mon préparateur physique et de mon kiné.
Maria Bueno était la dernière Brésilienne qui est arrivée au même niveau que vous à Roland-Garros. Avez-vous rencontré Maria, et si oui quel a été ce moment pour vous ?
Oui, je l’ai rencontrée, j’ai une photo avec elle à Wimbledon. J’ai eu de la chance ce jour-là. Je l’ai rencontrée aussi plusieurs fois à Sao-Paulo. Malheureusement, elle est décédée (ndlr: Maria Bueno a remporté 65 titres en simple dont 7 en Grand Chelem. Elle est décedée le 8 juin 2018), mais on a pu parler quelquefois elle et moi. C’est une personne qui nous a servi de source d’inspiration durant de nombreuses années. Je pense qu’elle était aussi très puissante comme femme, et je suis fière aussi, à mon tour de représenter le Brésil. En tout cas, je ne me compare pas du tout avec elle, c’est certain. Pour moi, elle, elle est à une autre étape, comme Guga. Mais oui, c’est une source d’inspiration pour moi.
Que s’est-il passé dans le premier set ? Vous meniez, puis, cela vous a échappé…
Déjà, c’est vrai que le match était un grand match, contre une grande joueuse, un grand court, et donc les émotions étaient des 2 côtés du filet dès le début du match. Je pense que j’ai bien débuté, quand j’étais à 5-2, je n’étais pas trop agressive. C’est là qu’elle a commencé à jouer plus profond avec des balles plus en hauteur. Ça fait partie du jeu, il faut gérer la situation, comprendre la situation, rester humble, travailler encore plus. C’est ce que j’ai fait, j’ai essayé de me surpasser pour être encore plus dans le court. C’était ça ma mentalité. Lorsqu’elle était à 7-6, 3/0, avantage pour elle, moi, j’ai regardé la montre et je me suis dit : “Oui, on peut jouer 3 heures !” Voilà. On va trouver d’autres solutions. Je me souviens, à 3-1, je ne me sentais pas servir et volleyer. J’ai donc essayé de changer un petit peu mon jeu à ce moment-là. J’ai vu aussi qu’il y avait une lumière, là tout au bout…
Je me suis donc renforcée, je me suis dit : “Tiens j’ai des chances, je suis maintenant à 3-2 pour moi !”, et c’est là que le match a commencé vraiment pour moi.
Propos recueillis par E-A à Roland-Garros