Hors saison

30 novembre 2016 Non Par SoTennis

Alors que son extension dans le Jardin des serres d’Auteuil cristallise toujours toutes les attentions, de l’autre côté de l’avenue Gordon Bennett, le stade Roland-Garros poursuit ses travaux de modernisation en son sein, bon an mal an. Focus sur ces avancements, réalisés hors saison.

Roland-Garros est hors saison/©SoTennis

Roland-Garros est hors saison/©SoTennis

Actuellement, ce n’est pas le silence ni même les ombres perdues sur le court central qui se remarquent le plus lorsque l’on pénètre dans le stade Roland-Garros. Mais ce sont les deux grues qui trônent en lieu et place de l’ancien Centre National d’Entraînement de la FFT (délocalisé rue Molitor à Paris) et sur les vestiges du court n°9. Là, se poursuit l’avancement de l’édification du futur bâtiment qui servira à accueillir, en 2018, l’organisation du tournoi et le nouveau village où sont annoncés des jardins suspendus et une terrasse panoramique. Au milieu de ce chantier à ciel ouvert, les coffrages métalliques engloutissent à folle allure béton et ferrailles, où peu à peu les murs, de ce futur espace s’érigent. À l’angle de l’allée Suzanne-Lenglen et de l’allée Marcel-Bernard, face à la tribune Jean-Borotra, se dressent, temporairement, neuf préfabriqués imbriqués sur deux étages toisant la porte I qui, après avoir été entièrement détruite, se refait une beauté, pour être prête à l’usage lors de l’édition 2017. Entre les courts n°6 et n°8, les gradins ont laissé la place à une citerne, un tas de sable, des bacs et différents outillages, servant notamment aux travaux se déroulant derrière ces terrains. «Chaque année, nous allons apporter des nouvelles installations. Nous avons entre les éditions du tournoi environ 9 mois pour réaliser les travaux» précise Jérémy Botton, directeur général de la Fédération française de tennis. Près du court n°1, voué à être détruit dans le cadre du nouveau Roland-Garros, la place des Mousquetaires n’a plus grand-chose à voir avec sa version originale. L’an dernier, les statues signées par Vito Tongiani avaient été déplacées. Le mois dernier un trou béant, encerclé par diverses barrières, recouvert partiellement par un amas de terre et de sable, laissait apercevoir la réfection en cours du sous-sol. En 2020, cette place est destinée à devenir une vaste esplanade verte de près d’un hectare, pensée comme une zone de détente. Hors tournoi, elle sera ouverte au public, peut-on lire dans un fascicule faisant la promotion du nouveau stade. Non loin de là, face à la tribune Henri-Cochet, des gaines et un monticule de gravier viennent alimenter ces aménagements automnaux. D’ici la prochaine édition du « French Open », tout aura été rebouché et réaménagé. Le vent qui transperce le chemin débouchant vers la porte B, nous amène vers le Pavillon fédéral, l’un des plus vieux bâtiments de Roland-Garros, qui avait été restauré dans un style anglo-normand en 1986 et abritant jusqu’à présent le restaurant le Roland-Garros, est désormais vide. Tout comme la boutique adossée au court n°3 ou encore l’entrée du Musée de la FFT. Tout reprendra vie, en principe, d’ici le mois de mai.

Les travaux de modernisation se poursuivent à Roland-Garros/©SoTennis

Les travaux de modernisation se poursuivent à Roland-Garros/©SoTennis

Dans le jardin

De l’autre côté de l’avenue Gordon Bennett, les voies sont plus tortueuses. Après avoir assisté au mois d’octobre à un véritable « running gag », au sujet des travaux de l’extension de Roland-Garros dans le Jardin des serres d’Auteuil, le 10 novembre dernier le TGI de Paris a débouté les héritiers de Jean-Camille Formigé (l’architecte des Serres d’Auteuil) autorisant ainsi la FFT à entreprendre ses travaux. Ceux d’un court semi-enterré, de 4 950 places, qui sera entourées de serres où figureront diverses plantes tropicales et rares, en lieu et place d’anciennes serres techniques datant des années 80 et 90, ainsi que la réhabilitation des bâtiments en meulière. Une extension qui révulse et consterne les opposants à ce projet, qui usent de tout l’arsenal juridique que propose le droit français, pour faire entendre leur voix. En particulier celles des héritiers de Jean-Camille Formigé, qui estiment que le projet de la FFT va faire du Jardin des serres d’Auteuil « les jardins du stade » et « défigurer » l’œuvre de leur ancêtre. Un comble pour la FFT, qui a salué une décision qui « confirme que, contrairement à la campagne de désinformation conduite par ses opposants, le projet de modernisation de Roland-Garros a été conçu par la FFT en apportant toutes les garanties pour le respect du Jardin des serres d’Auteuil et de la protection des monuments historiques. Les manœuvres dilatoires des opposants sont définitivement mises à [sic] jour et sanctionnées par la justice.» Au sein de cette zone sensible, surveillés par des gardiens, engagés il semblerait pour éloigner les curieux, l’ambiance est à la méfiance. Tout ce dossier est loin d’être refermé. Un nouveau rendez-vous judiciaire est d’ores et déjà prévu au début de l’année 2017, cette fois devant le tribunal administratif (TA) de Paris, devant lequel des associations d’écologistes et de défenseurs du patrimoine contestent le permis de construire.
« Les Internationaux de France ne peuvent pas et ne doivent pas s’arrêter en chemin, si bon soit-il. L’émulation entre les tournois du Grand Chelem est amicale et stimulante, mais elle oblige à aller de l’avant » avait déclaré Philippe Chatrier, Président, visionnaire, de la FFT de 1972 à 1993. Un constat qui, 23 ans après la fin de son dernier mandat, résonne dans le présent. Il n’y a qu’à voir le nouveau projet de modernisation de l’Open d’Australie, pour se rendre, un plus, compte que cette émulation est tout sauf amicale. En attendant, le stade Roland-Garros, malgré les aléas judiciaires et certaines dissonances au sein de la FFT, poursuit hors saison sa modernisation.

E-A