Katrina Adams, la patronne de l’USTA
26 août 2015Katrina Adams n’est pas la première femme présidente de la fédération américaine de tennis (USTA), mais elle est la première ex-joueuse professionnelle à occuper ce poste, depuis janvier dernier, pour une durée de deux ans. Elle est aussi la première noire (homme et femme confondus) ce qui est loin d’être un détail au pays de l’oncle Sam. Cette femme de caractère, a pour principale ambition, de rendre le tennis américain meilleur, et de lutter contre les inégalités. Focus sur une présidente, pas comme les autres.
Une carrière d’athlète se joue parfois à peu de chose. Celle de Katrina Adams s’est dessinée durant l’été 1975, où elle est restée scotchée devant un match d’Arthur Ashe à Wimbledon. A 6 ans, devant sa minuscule télévision en noir et blanc, cette enfant de Chicago a eu un déclic. Cette année-là, le grand Arthur remportait pour la première fois, le fameux « Championships », et devenait le premier (et le seul) homme noir à soulever le trophée du vainqueur. Cette victoire a insufflé un vent nouveau dans le microcosme du tennis, et dans la jeune vie de la petite Katrina, qui fit déjà le constat que les « minorités » de son pays commençaient à être bien visibles. En ce mois de juillet 1975, James et Yvonne Adams, deux éducateurs sportifs, envoient Katrina accompagner son frère aîné, au Martin Luther King Jr. Boys Club, pour un stage sportif. Là-bas, elle l’observe jouer au tennis. A ce moment-là, Katrina mémorise les gestes, la technique. C’est finalement dans un parc de son quartier, qu’elle tape sa première balle, avec en guise de filet, une barrière. Puis elle commence à recevoir quelques leçons, cette fois dans un gymnase. Un an plus tard, elle dispute son premier tournoi des moins de 10 ans, à la Nouvelle Orléans. Les parents Adams accompagnent du mieux qu’ils peuvent leur fille, et font de nombreux sacrifices financiers, sans qu’elle le sache. Issue d’un milieu modeste, au fur et à mesure de ses victoires et de ses longs trajets sur la route, Katrina Adams entrevoit les limites du moment du système tennistique fédéral. Là aussi, elle mémorise. Néanmoins, tout s’accélère pour elle après ses titres en simple au lycée. Elle décide alors de passer professionnelle, et se rend à Houston, et se lie d’amitié avec Zina Garrison et Lori McNeil, avec qui elle va disputer de nombreux doubles. Huitième de finaliste à Wimbledon en 1988, Katrina Adams a remporté 20 titres en double au cours de sa carrière, qui s’est terminée en 1999, et a occupé le 67e rang mondial en simple et le 8e en double.
Toujours sur le terrain
Ces dernières années, Katrina était devenue consultante télé appréciée pour Tennis Channel, ou encore pour CBS Sports, et son l’incontournable émission « We Need to Talk ». Mais surtout depuis 10 ans membre au conseil exécutif de l’USTA, et vice-présidente durant deux ans, puis entraîneur national. Car son truc à elle, c’est le terrain. Katrina Adams est du genre à aller droit au but. Avec son franc-parler, elle est déterminée à faire bouger les lignes. Son but est avant tout de rendre meilleur le tennis américain. Car force est de constater qu’avant sa prise de fonction comme présidente, l’USTA a échoué à surfer sur le succès des sœurs Williams, en particulier celui de Serena, pour donner envie aux gosses américains d’imiter leurs aînées. Dans ses précédentes fonctions au sein de la fédération américaine de tennis, elle a également initié le programme « Harlem Junior Tennis and Education Program », souhaitant ainsi qu’une plus grande visibilité soit donnée au tennis dans les quartiers défavorisés, afin que ce sport puisse démarginaliser les laissés-pour-compte. Et surtout, que les plus jeunes puissent avoir la chance de jouer au tennis, et pourquoi pas, de la sorte « recruter » les champions de demain. Car pendant trop de temps, l’USTA a occulté cet aspect-là, alors que les autres fédérations à travers le monde s’efforçaient de le faire. Katrina Adams en est convaincue, le tennis doit être accessible dès le plus jeune âge. « Je parle de ce que je connais déclare-t-elle. Au-delà du côté sportif, le tennis permet d’intégrer des valeurs qui pourront servir à ces gamins tout au long de leur vie. Encore une fois je sais de quoi je parle.» En plus du développement du tennis, qui est loin d’être un sport ultra populaire aux États-Unis, malgré une Serena Williams, la patronne du tennis américain doit également tout mettre en œuvre, sans un assistanat handicapant, pour que la nouvelle génération puisse faire son trou. Pour cela, elle pourra s’appuyer sur le nouveau complexe sportif de l’USTA, qui ouvrira ses portes à Orlando, fin 2016. « Nous sommes désormais en bonne position pour que le tennis américain aille de l’avant. Trop souvent, la pensée générale s’est concentrée sur le succès, sans trop se « préoccuper » des obstacles pour jouer un Grand Chelem, ou atteindre le Top 100. J’ai atteint la huitième place mondiale en double, la 67e en simple. Aurais-je pu faire mieux ? Peut être, mais ainsi a été mon chemin. Désormais je suis présidente de l’USTA, et je sais que faire pour que le tennis américain soit meilleur.» avance-t-elle. Contrairement à ses prédécesseurs, Katrina Adams connaît le terrain, et les rouages des différents comités que le tennis professionnel compte, et bien que sa présidence ne dure que deux ans, rien ne peut remplacer cela.
Propos recueillis par E-A