Nicolas Mahut : «Je ne ferme pas la porte à Paris 2024»

Nicolas Mahut : «Je ne ferme pas la porte à Paris 2024»

12 août 2021 Non Par SoTennis

Après avoir tout gagné avec son partenaire de double Pierre-Hugues Herbert, Nicolas Mahut avait fait de la conquête de l’or olympique, l’objectif n° 1 de leur saison. La désillusion fut grande pour les Frenchies qui furent éliminés dès le premier tour. Comme souvent, l’Angevin est reparti de l’avant, laissant la porte ouverte aux Jeux olympiques de Paris 2024.

Avez-vous digéré cette défaite, au premier tour du tournoi olympique de double?

Non, car je pense que cela restera forcément comme une cicatrice. Comme après chaque défaite, désillusion ou déception, il y a un temps de réflexion, d’analyse… C’est aussi dans ces moments difficiles, dans ces défaites que l’on se découvre ou redécouvre. Dans ma carrière, à chaque fois qu’il y a eu une défaite en équipe de France, cela a toujours été une défaite difficile à assumer et à digérer.

Avec un peu de recul et au vu du contexte, avec la blessure (à la cuisse gauche) de Pierre-Hugues Herbert contractée à Wimbledon (abandon au 2e tour en double), êtes-vous parvenu à vous l’expliquer cette défaite, face à cette paire britannique ?

Il y a beaucoup d’éléments qui ont fait que l’on a perdu ce match. Évidemment, il y a cette blessure qui est tombée au plus mauvais moment, car nous étions revenus à un haut niveau. Entre la victoire à Roland-Garros et au Queen’s, nous étions à nouveau à un bon niveau de confiance et de forme. Cette blessure a contraint Pierre-Hugues à pratiquement ne rien faire pendant 10 à 12 jours. C’était une véritable course contre-la-montre pour pouvoir arriver dans les temps pour partir. Une fois sur place, trois jours avant le match, Pierre-Hugues a eu une petite alerte. Évidemment que nous n’avons pas abordé le tournoi dans les meilleures dispositions et en même temps, nous sommes tombés face à une équipe qui était vraiment forte (ndlr : la paire Andy Murray / Joe Salisbury s’imposait 6-3, 6-2). De toute façon, pour gagner, il aurait fallu être au meilleur niveau.

Pour vous, ces Jeux olympiques, étaient-ils les derniers ?

Je ne ferme pas la porte à Paris 2024, parce que c’est Paris et que ces Jeux olympiques, c’est quelque chose d’extraordinaire. Mais j’ai conscience et je mesure tout ce qu’il faut faire pour être performant à 41, 42 ans. Je ne veux pas parler pour ne rien dire. Si je dis quelque chose, c’est pour l’assumer et aller jusqu’au bout. J’ai aussi envie de voir comment j’évolue lors de ces prochaines semaines, ces prochains mois et lors du début d’année 2022, afin de voir si je suis autant habité et autant investi dans ma carrière. À plus de 40 ans, il faut être encore plus minutieux dans sa préparation, très rigoureux dans son hygiène de vie, sa récupération et cela demande beaucoup d’efforts. Est-ce que naturellement je vais être capable de le faire ? C’est une question à laquelle il va falloir que je réponde. Je pense vraiment que cela va dépendre de la saison 2022. Déjà, il va falloir que l’on arrive à se mettre d’accord sur un calendrier avec Pierre-Hugues, qui aura envie de revenir en simple. Cela va être un premier défi dont il va falloir relever ensemble. Si à la fin de la saison 2022, je suis encore compétitif, je n’ai pas eu de blessures et que je suis encore dans les quinze premiers (au classement du double) ce sera assez facile pour moi de me projeter sur 2024, où il y aura à peu près un an et demi à tenir. En revanche, si l’année 2022 est ponctuée de blessures et de méforme et que l’on fini l’année à un classement assez loin, la réflexion sera là peut-être un peu différente.

Après l’enthousiasme du public à Roland-Garros et la présence de spectateurs à Wimbledon, est-ce que cela a pesé sur votre performance ce huis clos et cette ambiance sous bulle, lors de ces Jeux olympiques?

Je ne pense vraiment pas que cela ait joué sur notre performance. Car c’était le cas pour tout le monde. Ce qui est sûr, c’est que c’était une petite déception. Les Jeux olympiques sont une fête, un événement extraordinaire. Je me sens privilégié, même si nous n’avons pas été à la hauteur et que c’est une vraie déception sportive. Le fait d’être entouré de tous ces athlètes, le fait de représenter l’équipe de France dans une telle compétition, c’est extraordinaire. Donc oui, cela a manqué un peu de saveur, c’est certain. Quand on voit ce que représentent les Jeux olympiques, la ferveur que cela génère, c’est vraiment dommage. C’est pour cela aussi que je ne ferme pas la porte à Paris 2024, parce que je me dis que vivre un événement comme cela, devant son public, cela doit être quelque chose d’extraordinaire.

Avez-vous regardé ces images de dimanche dernier, au Trocadéro, avec le retour des champions et la cérémonie de passation du drapeau olympique ?

Oui j’ai regardé, mais je n’ai pas souhaité m’attarder là-dessus, car je me suis dit que si l’on avait été bon et si l’on avait pu faire un tournoi exceptionnel, on aurait pu être parmi eux. Ils ont dû être très très fiers et savourer ces instants-là. On sent déjà qu’il y a une vraie envie. Les Français ont énormément suivi ces Jeux olympiques à distance. Je suis convaincu que lorsque viendra le moment de Paris 2024, ce sera une effervescence extraordinaire comme l’on a rarement connu. Je pense que cela sera plus fort que lors de la Coupe du monde en 1998.

Le 9 août dernier, l’ATP a communiqué l’actualisation de son calendrier, liée à la crise sanitaire de la Covid-19. Que vous inspire ce nouveau calendrier avec entre autres le Masters 1000 d’Indian Wells, décalé à début octobre, sur 11 jours ?

Tout d’abord, je trouve “bien” que l’on n’est pas à disputer les Masters 1000 de Shanghai et d’Indian Wells d’une semaine à l’autre. Ce qui est difficile, c’est que tous les joueurs ne peuvent pas jouer. Avec ce calendrier, il y a beaucoup de joueurs à la 50e place mondiale, qui ne peuvent pas jouer à ce moment-là. C’est compliqué pour l’instant d’avoir un vrai calendrier, mais c’était un peu prévisible que la tournée asiatique soit annulée.

Les organisateurs de l’US Open ont annoncé en juin dernier que le tournoi accueillera à nouveau du public à 100% de sa capacité. Côté joueurs, vous a-t-on informé de vos conditions d’accueil?

Pour l’instant oui, ils nous ont annoncé un US Open « normal » même si à ce jour, nous ne connaissons pas le prize money. Nous ne savons pas s’il sera aussi élevé qu’avant (ndlr: en 2019 la dotation globale s’élevait à 57 millions de dollars (plus de 48 millions d’euros), en 2020, elle était en baisse de 6% par rapport à 2019. En revanche, une augmentation avait été apportée pour, entre autres, le premier tour) car nous avons eu une mauvaise surprise notamment à Roland-Garros [qui avait une jauge limitée]. En termes de conditions, il y a encore des contraintes au niveau des tests et des personnes accompagnantes, mais si le public peut venir à 100 %, c’est une excellente nouvelle pour tout le monde.

Cet US Open va vite arriver. Votre reprise est-elle bien prévue en double, associé à Fabrice Martin, lors du Masters 1000 de Cincinnati ?

C’est ce qui était prévu. Malheureusement, lors de ma reprise, je me suis fait mal au mollet. J’ai passé des examens mercredi et je vais devoir me reposer un peu. En tout cas retarder mon retour. J’espère pouvoir rejouer à Winston-Salem avec Fabrice (Martin) c’est ce qui était aussi initialement prévu. Si jamais je suis encore trop juste, je reprendrai directement à l’US Open, en double, avec Pierre-Hugues.

En dehors du court, vous êtes également le créateur et le directeur du tournoi WTA Open Angers Arena Loire…

L’Open P2i Angers Arena Loire. P2i est notre partenaire principal et nous l’avons contacté dès le début de ce projet-là, avec les institutions, comme la mairie d’Angers, dont son maire, M Béchu a été fantastique. La ville de Trélazé qui met à disposition l’Arena Loire a aussi répondu présent. En termes de partenaire privé, P2i et son directeur Gilles Madre ont tout de suite répondu présent. C’est pour cela que j’insiste sur l’appellation du tournoi, que j’avais vraiment envie de créer chez moi et de manière durable. Lorsqu’un événement tourne bien c’est assez “facile” d’avoir des partenaires. Je pense qu’on va le voir avec le PSG. Je pense que les partenaires vont venir encore plus en courant parce qu’il y a désormais Messi. Lorsqu’on crée un événement et qu’un partenaire est là dès le départ, il faut savoir aussi ne pas l’oublier.

Et justement, Lionel Messi au PSG, cela vous inspire quoi?

En tant que supporter du PSG je trouve cela extraordinaire. Lorsque je le vois avec le maillot du PSG, j’ai l’impression qu’il y a un truc qui ne va pas. C’est assez troublant, mais c’est exceptionnel. Je pense que dans vingt ans, on se dira que l’on a vécu en tant que supporter une période assez extraordinaire.

Pour en revenir à l’Open P2i Angers Arena Loire (du 6 au 12 décembre 2021), dont Pauline Parmentier en est l’ambassadrice, concernant le plateau des participantes, avez-vous déjà des noms à communiquer?

Pas encore. J’espère que les joueuses françaises vont répondre présent à l’appel. C’est vrai que lorsqu’on crée un tournoi comme cela, en France, on a besoin des meilleures joueuses françaises, ça c’est sûr. Je pense que le tournoi est bien placé dans le calendrier. Le fait qu’il soit en fin de préparation ou soit en début de saison, car le calendrier de la WTA se termine un peu plus tôt que celui de l’ATP, cela peut être le moment de faire de la compétition avant un petit break à Noël et avant de partir en Australie. Sur le plateau, on y verra plus clair après l’US Open. La première étape a été de faire savoir aux joueuses qu’il y aura un tournoi à cette période de l’année, la deuxième étape cela va être de les convaincre de jouer ce tournoi.

Propos recueillis par E-A lors d’un entretien téléphonique réalisé le 11 août 2021.