Novak Djokovic: «Je n’aurais jamais dû rater ce point»
16 juillet 2023Battu dimanche par Carlos Alcaraz en finale de Wimbledon, en cinq sets, Novak Djokovic a reconnu sans mal, en conférence de presse, les qualités de son jeune rival.
Encore une finale accrochée, mais, cette fois, ça n’a pas voulu aller dans votre sens…
J’ai déjà remporté beaucoup de finales où j’étais proche de perdre, donc j’imagine que ça égalise les comptes. Malgré tout, c’est dur. Ce n’est jamais facile de perdre un match si serré. Mais tout le mérite en revient à Carlos. Il a été très stable sur les points importants. À son âge, faire preuve d’autant de solidité mentale et nerveuse, jouer un tennis d’attaque comme le sien… Il a vraiment bien retourné, mais il a aussi fait des coups tellement incroyables. Bravo à lui et à son équipe. C’est un sacré tournoi pour lui et un sacré match. J’espère que tout le monde a apprécié.
Si vous deviez avoir un regret, ce serait la balle de break dans le cinquième ou la balle de set dans le tie-break ?
Le tie-break, je pense. Mon revers m’a lâché, pour être honnête, sur cette balle de set. Même si sa balle était longue et qu’il y a eu un mauvais rebond, je n’aurais jamais dû rater ce point. Et à 6-6, encore un revers dans le filet. Deux revers très mauvais, c’est comme ça. Et le match a basculé en sa faveur. Dans le troisième set, il a incroyablement haussé son niveau. En même temps, je n’étais pas au mieux. J’ai pu me reprendre et retrouver une bonne dynamique dans le quatrième. Je sentais que ça repenchait de mon côté. C’était ma chance, mon opportunité. Sur la balle de break, je joue plutôt bien. Le vent était fort et il a emmené la balle à un endroit où je ne pouvais la smasher, donc j’ai dû jouer une volée. Je l’ai vu partir de l’autre côté et j’ai voulu le prendre à contre-pied, mais j’ai fait la faute. Et derrière, il breake. Oui, j’ai des regrets car j’ai eu des opportunités. J’aurais pu mieux finir le tie-break. Mais en face, il se battait bien, il a fait une défense incroyable et a réalisé des passings qui lui ont donné le break dans le cinquième. Il mérite sa victoire, sans aucun doute.
Pensez-vous que c’est le début d’une grande rivalité entre Carlos Alcaraz et vous ?
Pour mon bien, je l’espère (sourire). Il va être sur le circuit pendant encore un bout de temps, alors que je ne sais pas combien de temps il me reste. On verra. Pour l’instant, nous n’avons disputé que trois matches, dont deux cette année, mais déjà en Grand Chelem. J’espère qu’on se jouera à l’US Open, pourquoi pas ? Je pense que c’est bon pour le tennis quand les n°1 et n°2 s’affrontent dans un match de presque cinq heures qui est passionnant. Il n’y a rien de mieux pour notre sport, alors pourquoi pas ?
Est-ce que la façon dont il a su s’adapter à la terre battue, puis au gazon vous a surpris ?
La terre battue, non, car il a grandi dessus. Son jeu s’y adapte naturellement. Mais sur gazon, oui il m’a surpris. Tout le monde est surpris de voir sa vitesse d’adaptation à la surface. Je pense que jouer le Queen’s l’a beaucoup aidé. Il a failli perdre le premier match et puis il est monté en puissance. À Wimbledon, les courts sont plus lents et je pense que ça correspond bien à son type de jeu. Mais son slice, ses chips en retour, sa volée, oui c’est impressionnant. Je ne m’attendais pas à ce qu’il joue aussi bien sur gazon cette année, mais il a prouvé qu’il était bien le meilleur joueur du monde, aucun doute.
Si vous deviez retenir un élément de son jeu, quel serait-il ?
Beaucoup de gens disent qu’on retrouve dans son jeu quelque chose de Roger, Rafa et moi et je suis assez d’accord. En gros, il a pris le meilleur de nous trois. Il a cette résilience et cette maturité étonnante chez quelqu’un de 20 ans. Il a cette combativité, cette compétitivité très espagnole, une incroyable défense qu’on pouvait aussi retrouver chez Rafa. Son revers à deux mains a des similitudes avec le mien. Un revers à deux mains, une grosse défense, la capacité d’adaptation, je dirais que ce furent mes forces ces dernières années et il les a aussi. Honnêtement, je n’ai jamais affronté quelqu’un qui lui ressemble. Roger et Rafa avaient leurs forces et leurs faiblesses propres, mais Carlos est un joueur très complet. Et je pense vraiment que c’est sa faculté d’adaptation qui lui permettra d’avoir une longue carrière et d’être victorieux sur toutes les surfaces.
Propos recueillis par E-A à Wimbledon