Caroline Garcia et Kristina Mladenovic titrées pour la deuxième fois

Caroline Garcia et Kristina Mladenovic titrées pour la deuxième fois

5 juin 2022 Non Par SoTennis

Votre dernier titre, ensemble, ici, c’était en 2016, presque une autre vie finalement. Quelle saveur a ce nouveau titre ici ensemble ?

Kristina Mladenovic: “En 2016, c’était le rêve, on était six ans plus jeunes et on se retrouvait sur notre première finale de Grand Chelem à titre personnel et pour toutes les deux, Françaises à Roland-Garros, en double dames. C’était incroyable, un rêve. Beaucoup de choses se sont passées entre ; on a pas mal voyagé toutes les deux. On a notre belle expérience derrière nous. Des choses se sont passées avec la Fed Cup, la victoire et derrière une finale à l’US Open. On s’est retrouvées dans des circonstances étranges, comme je le disais en anglais : on n’avait pas les classements doubles, cela faisait un moment qu’on ne jouait plus en double – que ce soit Caro ou moi –, besoin d’une wild-card, des petites galères avec nos petites blessures physiques, presque pas prêtes. Mais on est là, on se retrouve. On met les moyens et efforts ensemble sur le terrain pour grappiller match par match. C’était vraiment ça : la concentration avec les adversaires du jour. On évolue. On gagne. On avance dans le tableau. On sentait cette énergie et cette confiance monter. Ce sont toujours des moments très impressionnants de se retrouver dans des finales de Grand Chelem. T’as pas envie de perdre des finales de Grand Chelem. Aujourd’hui, cette ambiance, c’est des souvenirs, des moments que l’on n’oubliera jamais. C’est tout aussi spécial, voire plus. À chaque fois, j’ai ma petite expérience sur les finales : c’est toujours unique, parce que tu ne sais pas si tu revivras un tel moment. Revivre ça avec Caro, comme je le disais en anglais (ndlr: la conférence de presse débute par des questions en anglais), on avait vraiment l’impression que c’était la France contre les Etats-Unis. C’était une ambiance de Fed Cup. C’était génial de voir tout ce public présent pour notre finale aujourd’hui. C’était beaucoup de frissons et d’émotion.”

Pouvez-vous expliquer comment vous avez fait pour pallier ce manque de repères que vous aviez en double au moment de débuter cette semaine à Roland-Garros ? Est-ce que ce titre automatiquement va vous amener à reconduire le duo pour la fin de saison et même pour les mois suivants ?

Caroline Garcia: “On a vraiment été humbles sur le début du tournoi. On s’est focalisées sur ce que l’on savait faire. Peut-être que les repères au double n’étaient pas très tranchants, top, mais on a vraiment pris match par match. On s’est dit si au début on ne croise pas trop et que l’on arrive à être solides quand on nous allume, c’est déjà bien. On fait déjà ce qui est bien en service retour. On a pris une chose après l’autre. Après, le niveau de jeu s’est un peu monté. Donc, c’était plus challengeant, il fallait que tu fasses plus de choses. On a joué pas mal d’années ensemble. On a fait des gros matchs. Du coup, on se connaît quand même, on sait ce que l’autre aime bien faire, etc. Au fur et à mesure, avec les matchs, on a vraiment senti que les automatismes sont revenus, déjà en individuel et après en tant qu’équipe. Cela s’est fait naturellement parce qu’on a bien commencé en se disant que si on fait un truc tout simple à la base, bah on fait un truc tout simple, on n’a pas cherché trop compliqué. C’était déjà le deal. On savait que l’on voulait jouer depuis l’Australian Open et d’autres tournois. Après, chacune, on a eu nos pépins et du coup, on ne s’est pas retrouvées, mais on était prêtes pour jouer Roland-Garros. Le but était de continuer “

Kristina, pouvez-vous nous parler des changements tactiques ? Qu’est-ce qui a vraiment complètement changé dans le match ?

Kristina Mladenovic: “Elles ont joué beaucoup de doubles ensemble. Elles ont eu de grands succès. Elles ont des qualités de double et de simple excellentes. Elles se connaissent bien en double. Elles ont joué et gagné plus ensemble que nous cette année. Pendant le premier set, elles ne rataient rien ou pas grand-chose. Elles avaient de bons coups croisés, elles servaient bien, elles nous mettaient sous pression. Je ne pense pas que l’on a fait quelque chose de mal. On n’était peut-être pas assez bonnes dans ce type de jeu. À la fin du premier set, on a un peu parlé et on s’est dit : « Il faut que l’on soit plus agressives ». Au lieu de jouer coups croisés, on jouait le long de la ligne et les mettre un peu plus au défi, au filet parce qu’on trouvait qu’elles ne jouaient pas assez de volées. Donc, on les a mises au défi au filet, c’est là que l’élan a complètement changé. On est vraiment entrées dans le court, on était plus agressives sur le retour. On a eu des coups gagnants formidables pendant quelques jeux. C’est comme ça que l’on a mené 4-0. Après, elles se sont ajustées, c’était plus serré, mais c’était vraiment la clé pour revenir dans le match, parce que c’est difficile de perdre 6-2 le premier set. Leur style de jeu est en feu. Si on ne breake pas, on peut perdre la finale rapidement en deux sets. Nous sommes très fières d’avoir pu nous ajuster. On a continué à aller de l’avant et on est restées solides pendant le troisième set. C’était important de garder notre élan. Dans l’ensemble, un match très difficile, comme Caro l’a dit, parce que cela se joue vraiment sur des détails. Donc très heureuses.”

Par rapport au public, dans quelle mesure cela vous a portées ? Il y a eu une grande arrivée massive de public avec la fanfare et compagnie, comme la Fed Cup, justement au moment où vous inversez la tendance. Cela vous a-t-il portées ?

Caroline Garcia: “La fanfare était là le début. Il y avait un bon nombre de personnes dès le début. Après, ça s’est encore chargé aux deuxième et troisième sets. En 2016, on avait eu une belle ambiance et un beau soutien. Dimanche, 11 heures 30, tu ne sais jamais si les gens vont répondre présents. Dans tous les cas, on savait que notre box était plein et qu’ils étaient prêts à donner de la voix. C’est une chance incroyable de pouvoir avoir un Grand Chelem à la maison, de jouer avec une partenaire de la même nationalité que toi, car du coup, le public est 100 % derrière toi ; c’est une énorme chance que l’on a. Ils nous ont aidées. Quand on a réussi à changer l’énergie et remonter dans le deuxième set, on a senti que cela repartait de plus belle.

Propos recueillis par E-A à Roland-Garros