Caroline Garcia : «Il va falloir sortir de gros matchs»

8 février 2017 Non Par SoTennis

Après une saison 2016, qui l’a vu s’imposer en simple comme en double, Caroline Garcia vise plus haut en 2017. À 23 ans, la n°1 française souhaite passer un cap. Pour parvenir à atteindre ses objectifs, la Lyonnaise a fait des choix. Comme celui de ne pas disputer cette année la Fed Cup.

Caroline Garcia a des objectifs élevés pour la saison 2017/©SoTennis

Caroline Garcia a des objectifs élevés pour la saison 2017/©SoTennis

La saison 2016 s’est terminée pour vous à la mi-novembre. Lors de l’intersaison, avez-vous pu effectuer, en Floride, la préparation que vous souhaitiez?
Je n’ai pas pu effectuer une préparation comme j’aurais vraiment voulu la faire. La saison 2016 fut longue et intense, j’ai fini très tard avec la Fed Cup et le tournoi de Limoges. J’ai dû être patiente pour bien récupérer de cette année 2016 et soigner ce qui avait à soigner (NDLR: notamment son dos). En raison de tout cela, la préparation que je fais habituellement en Floride, dans une académie à Saddlebrook que j’affectionne pour sa tranquillité et par le fait que je puisse m’entraîner à l’extérieur, n’a pu être optimale.

Pour cette saison 2017 quels sont vos objectifs?
J’aspire à passer un cap dans ma carrière individuelle et dans mon classement. Évidemment, il y a la barre du Top 10 qui est un objectif pour cette année. Ce n’est pas donné à tout le monde de passer cette barre-là. Le plus tôt sera le mieux. J’essaie de me donner toutes les chances pour la passer. Aussi, je vais privilégier un peu plus le simple que le double (NDLR : elle continuera à jouer en double avec Kristina Mladenovic les Grands Chelems et les Premiers obligatoires.)

Ce cap que vous évoquez passe aussi par rallier (en simple) enfin une deuxième semaine en Grand Chelem. Un résultat que vous n’avez pas encore atteint…
Il est vrai que ce serait une étape importante. Mais je n’en fais pas une obsession. Encore une fois, je sais que si je veux atteindre mes objectifs cela passe par des meilleurs résultats en Grand Chelem. Cela fait partie des différentes étapes à franchir.

«Lorsque nous avons vu les Tchèques soulever le trophée c’était douloureux»

Ce cap passe également par avoir des résultats un peu plus réguliers tout au long de l’année…
Pour passer ce cap-là, il faut bien jouer lors des tournois du Grand Chelem, lors des Premiers obligatoires. Ce n’est pas facile. Tout le monde veut la passer cette barre du Top 10, tout le monde veut aller loin lors des tournois du Grand Chelem. C’est à moi de jouer le mieux possible.

La dernière fois que nous nous sommes parlé, ce fut lors de la finale de Fed Cup, à Strasbourg. Cette finale perdue, malgré vos deux victoires en simple, l’avez-vous digéré?
Non, toujours pas. Je pense que tant que je ne l’aurai pas gagné je ne l’aurai pas digéré. Ce fut une rencontre où au début nous étions très très loin de la gagner et au fur et à mesure nous étions proches… Nous avons échoué à un cheveu. C’est cela qui rend la chose, pour le moment, indigérable pour moi. Lorsque nous avons vu les Tchèques soulever le trophée, c’était douloureux.

Lors de cette finale, lors de vos deux simples, votre niveau de jeu était très élevé. Si vous souhaitez passer un cap, il va falloir le retrouver ce niveau-là…
Comme je souhaite intégrer le Top 10, il va falloir sortir de gros matchs dans des tournois importants et le faire plusieurs fois d’affilée. Grâce à cela, il sera alors possible d’atteindre les meilleures places au classement. Ces matchs en Fed Cup étaient importants, cela m’a donné confiance, même si je sais que je peux parfois jouer ce niveau-là. Je ne l’avais pas trop joué l’année dernière. Cela m’a donné de nouvelles bases sur lesquelles je dois travailler.

«Nous ne sommes pas enfermés dans une cave sans écouter personne»

Votre décision est-elle arrêtée de ne pas jouer la Fed Cup cette année?
Oui, c’est arrêté et je ne reviendrai pas là-dessus.

Depuis toujours, c’est votre père qui vous entraîne. Aujourd’hui, après plusieurs années sur le circuit WTA, comment la définiriez-vous cette relation?
Comme une relation qui fonctionne. Il est franc avec moi. Lorsque les résultats sont bons, nous les vivons avec encore plus d’émotion parce que l’on sait d’où l’on vient. Bien sûr, il y a des moments difficiles, mais nous savons pourquoi nous sommes là et nous savons que cette relation marche.

«C’est comme ça que je suis et que nous sommes dans ma famille»

Néanmoins, vous n’êtes pas fermés à des conseils ou à de courtes collaborations avec d’autres entraîneurs…
Nous l’avons toujours été. En 2014 et 2015 nous avons ponctuellement collaboré avec Nathalie Tauziat. Nous sommes toujours ouverts à d’autres conseils. Nous savons que cette relation père-fille marche, mais ce n’est pas pour autant que nous sommes enfermés dans une cave sans écouter personne.

Votre franc-parler détonne, dans ce monde policé du sport de haut niveau. L’an dernier, vous vous êtes exprimé sur le manque de visibilité de certains de vos résultats, puis il y a eu l’épisode des JO et vos tenues. Pensez-vous que cette franchise vous joue-t-elle encore des tours?
Oui, aux Jeux Olympiques ce ne fut pas simple. Je pense néanmoins que le public apprécie les personnes qui sont franches et qui disent ce qu’elles pensent, même si cela peut créer des désaccords. C’est comme ça que je suis et que nous sommes dans ma famille. Le sport féminin est souvent moins bien médiatisé que le sport masculin. En ce qui concerne le tennis féminin, nous n’avons pas trop à nous plaindre. L’an dernier, nous avions fait (en double) de bonnes performances et n’avions pas eu ce que nous méritions. Alors que, lorsque nous n’avions pas fait ce qu’il fallait, on nous avait pas mal cassés. C’est difficile à vivre, car on se donne à fond et on aimerait un peu de reconnaissance.

Vous les lisez ces articles et ces commentaires?
Pas vraiment. Mais lorsqu’il y a des gros journaux qui passent à côté de tes performances et de nos performances (pour le double) c’est un peu dommage. Maintenant, je pense qu’ils ont tous un peu compris. De notre côté, nous n’avons qu’à être plus performantes afin que l’on parle de nous.

Propos recueillis par E-A. Entretien réalisé le 18 janvier 2017.