Darren Tulett: « Retourner à Wimbledon c’est un rêve »

25 juin 2015 Non Par SoTennis
Darren Tulett

©PANORAMIC

Figure incontournable du PAF, Darren Tulett a su imposer son style et son ton décalé partout où il est passé. Depuis février 2012, le britannique a rejoint beIN SPORTS, où son enthousiasme et son expertise, lui a permis de couvrir différentes disciplines, et d’animer plusieurs talks et émissions. Lui qui voulait faire du journalisme politique, évoque pour So Tennis notamment ses premiers souvenirs de Wimbledon, un lieu qui reste particulier à ses yeux, comme pour tous ceux qui ont eu la chance de pénétrer dans le temple du tennis.


Quel est votre premier souvenir associé au tournoi de Wimbledon?
J’ai été bercé par ce tournoi que je regardais à la télévision du matin jusqu’au soir, lorsque j’étais enfant. Un moment qui correspondait aussi au début des vacances scolaires. C’était l’époque des Borg, McEnroe, Connors. D’ailleurs Björn Borg était pour moi le joueur parfait avec son élégance et son jeu, je trouvais ça extraordinaire, et je préférais les joueurs de fond de court, même si par la suite j’ai énormément apprécié voir jouer et encourager John McEnroe, qui venait très souvent à la volée, avec tout le tempérament qu’on lui connaît. A cette époque beaucoup de personnes aimaient détester ce joueur, qui savait jouer avec le public. C’est tout cela qui a marqué mon enfance.

Quel regard portez-vous sur ce fameux « championships » et sur sa mutation au fil des années?
A l’époque où Pete Sampras dominait le tournoi, les joueurs avec un type de jeu similaire à l’Américain remportaient « facilement » leurs matches, du fait que la surface était très rapide. L’organisation du tournoi a opté depuis quelques années pour un gazon un peu plus lent, ce qui a permis à des joueurs ayant un autre style de jeu de finalement s’imposer, et je trouve que c’est mieux pour le spectacle qu’il y ait des échanges, et non pas que des aces. Mais en même temps ce tournoi de Wimbledon reste à part, il a sû garder ses traditions et il est resté fidèle à sa surface d’origine. L’ambiance qui règne là-bas y est toujours particulière, et le public britannique y vient avant tout pour le sport, et non pas forcement pour se montrer. Cet amour pour le sport est perceptible par l’ambiance notamment sur la « Murray Mount » et dans les tribunes des courts, où les sièges sont tout le temps occupés par les spectateurs.

« De nos jours tout se ressemble, en particulier dans le sport, à Wimbledon ce n’est pas le cas »

Comment décririez-vous la façon qu’ont les anglais d’organiser le tournoi de Wimbledon?
Nous sommes un peuple qui est très lié à la tradition, à certaines valeurs, ça fait partie de notre ADN. Malgré tout nous avons parfois une forme d’irrévérence, d’humour et de modernité que nous arrivons à mélanger avec ces traditions. Je trouve que pour le tournoi de Wimbledon il y a ce parfait mélange entre la modernité avec toutes les valeurs précédemment citées, afin que ce tournoi reste à part, et je pense que c’est une bonne chose. De nos jours tout se ressemble, en particulier dans le sport, à Wimbledon ce n’est pas le cas.

Wimbledon a la particularité d’être excentré du centre de Londres. Selon vous cette caractéristique rajoute-t-elle un côté bucolique à l’ambiance de Wimbledon?
Effectivement le tournoi est assez loin du centre de Londres, et lorsqu’on arrive à Wimbledon on a l’impression d’arriver à la campagne. Tout autour de cet endroit magnifique il y a des parcs, avec des villas. Le coin y est très huppé, mais l’atmosphère y reste « champêtre ».

Pour la deuxième année consécutive vous allez couvrir Wimbledon pour beIN SPORTS. En tant qu’anglais avez-vous une émotion particulière de retourner en Angleterre pour ce tournoi?
Pour moi en tant « qu’anglais » de service dans les médias, c’est un privilège d’aller là-bas pour couvrir ce tournoi. Tout au long de l’année je ne couvre pas le tennis pour beIN SPORTS, de ce fait je vis cela comme une chance, et une belle opportunité d’évoquer tout ce que je peux savoir en plus sur ce tournoi, afin d’apporter ma « Englishtude » pour inventer un mot, afin de partager ma passion pour mon pays, et pour le tennis qui est merveilleux. Et ce sera le cas encore une fois avec l’émission « Centre Court » que je vais animer, dans laquelle de nombreux invités et champions seront présents sur le plateau de beIN SPORTS, qui se trouvera au bord des courts.

Durant les quinze jours du tournoi vous allez pouvoir converser en anglais, notamment à l’antenne, avec certains joueurs qui seront invités sur le plateau de beIN SPORTS. Est-ce jouissif pour vous de vous exprimer dans votre langue natale, tout en exerçant votre métier?
(rires) A force d’avoir travaillé en France depuis plus de 20 ans maintenant, dans les médias où je me suis exprimé uniquement en français, qui reste malgré tout ma deuxième langue, c’est vrai que de temps en temps de pouvoir poser des questions et converser en anglais avec des invités, c’est sympa. Mais j’ai pas vraiment le temps de me délecter de ce parfum là, car je dois en même temps assurer la traduction, pour tout de suite donner à l’antenne, traduire ce que je viens d’entendre, pour que les spectateurs n’attendent pas une retranscription tardive, ce qui est terrible à la télévision. C’est un plaisir pour moi d’être dans cette ambiance, spécialement en Angleterre, avec ce petit avantage, dans le sens où je suis dans ce cas dans un pays où tout le monde parle comme moi.

« C’est un rêve d’être à Wimbledon est de pouvoir présenter le tournoi pour beIN SPORTS  »

Comment un gamin habitant près de Brighton, dans le sud de l’Angleterre, est-il devenu journaliste sportif ?
C’est une longue histoire, disons que j’étais fasciné par tous les sports, comme énormément d’enfants anglais, notamment à l’école. J’ai eu la chance d’être à une époque où les professeurs d’éducation sportive s’investissaient énormément. A l’école il y avait une équipe de foot, de basket, de cricket représentant l’établissement, et j’ai eu l’opportunité de faire partie de ces équipes. Le sport c’était ma vie, d’autant plus qu’il n’y en avait pas beaucoup de retransmis en direct à la télévision. Tout a commencé comme ça, avec un rêve de travailler dans ce milieu. A un moment j’ai voulu être journaliste politique, mais j’ai très vite compris que le sport avait une telle place dans mon quotidien, que c’est devenu une évidence de faire de ma passion un métier, et j’ai eu beaucoup de chance de pouvoir le faire.

Est-il exact que vous êtes venu à Paris suite à une promesse tenue un soir de cuite ?
Effectivement (rires), je n’en suis pas fier mais c’est le cas. Lors d’une soirée célébrant la fin de nos études, avec mes amis nous nous sommes retrouvés à Manchester, et un de mes potes à cette époque m’a suggéré d’aller à Paris, car il y avait passé 6 mois avant d’aller à l’université et il avait envie d’y retourner. Et soit disant -je dis ça car je n’ai aucun souvenir de cette conversation- que j’ai dit oui. Le lendemain il m’a rappelé tout cela et, n’ayant pas d’autres plans, quelques mois après nous avons débarqué dans la capitale française. Désormais nous avons établi nos vies ici tous les deux de notre côté.

Pour revenir à Wimbledon quel serait votre rêve professionnel le plus fou à réaliser là-bas?
Tout d’abord c’est un rêve d’être sur place est de pouvoir présenter le tournoi pour beIN SPORTS. Lorsque je travaillais pour un autre groupe audiovisuel en France qui diffusait le tournoi de Wimbledon, je n’ai jamais pu faire partie de l’équipe qui couvrait l’événement, à mon grand regret. Lorsque je suis arrivé chez beIN SPORTS, j’ai été extrêmement heureux d’avoir la possibilité de faire des choses différentes en dehors du foot, omme en 2012 lors des Jeux Olympiques de Londres. Par la suite on m’a encouragé pour faire partie de l’équipe qui travaille pour Wimbledon, et tout cela c’est déjà un rêve.

Propos recueillis par E-A