“Le tennis est un sport romantique”

12 mai 2014 Non Par SoTennis

10 juin 1984, 15h19. Ivan Lendl et John McEnroe entrent sur le court central de Roland-Garros. 30 ans après cette finale mythique, toute la dramaturgie de ce match occupe encore les esprits. Notamment celui de l’auteur du livre « Le tennis est un sport romantique » qui revient à sa manière sur ce duel, dans une histoire mêlant originalité, humour et émotions. Arnaud Friedmann évoque pour So Tennis son univers fantasmatique de fan de tennis et son histoire.


Arnaud Friedmann dans votre livre intitulé ” Le tennis est un sport romantique ” le personnage principal apprend de la bouche de sa mère, tout en regardant cette finale de 1984 pour laquelle il soutient le Tchécoslovaque, qu’il est le fils de… John McEnroe. Comment vous est venue cette idée ?
J’avais envie d’écrire un roman qui aurait le tennis pour toile de fond, afin de rendre à ce sport toutes les émotions qu’il m’a apporté (plus en tant que spectateur qu’en tant que joueur, hélas…). Le choix de McEnroe comme figure romanesque s’est imposé immédiatement, car avec son talent hors norme, ses colères légendaires, son palmarès mythique, il possède tous les « ingrédients » d’un bon personnage de roman. Et la finale de 1984 s’est également imposée comme scène d’ouverture du texte, avec son déroulement hitchcockien et la trace qu’elle conserve dans l’histoire de ce sport… Les carrières des deux joueurs ont été transformées après ce match (même si le reste de l’année 1984 a été exceptionnel pour Mc Enroe), et je trouvais intéressant d’imaginer que la vie d’un enfant anonyme d’une ville de province basculait en parallèle à partir de ce match.

 Aujourd’hui quel est votre rapport avec le tennis ?
Je le pratique de manière plus irrégulière qu’avant, faute de temps, et à un niveau très en dessous de mes ambitions (j’ai été 30-1 au meilleur de mon classement) ! En revanche je suis toujours un spectateur assidu de tous les matchs que je peux regarder, en direct ou à la télévision.

Dans le ” Le tennis est un sport romantique ” vous emmenez le lecteur dans un univers fantasmatique de fan, ce livre est-il un moyen de réaliser vos rêves par  “procuration” ?
Le livre n’est pas autobiographique, mais je partage avec Julien, le personnage principal, quelques rêves, comme celui de gagner un jour Roland-Garros, ou le simple plaisir qu’il y a à se retrouver sur un court pour un match entre copains. J’avais très envie d’écrire ces deux scènes, celle du gamin qui rêve tous les soirs se soulever la Coupe des Mousquetaires dans sa chambre, et celle qui décrit la joie qu’il ressent à chaque match sans enjeux contre son meilleur ami Damien sur le court le plus délabré du Besançon Tennis Club.


“Il me semble que l’engouement pour Roland-Garros était plus fort à l’époque”

Avez-vous déjà rencontré John McEnroe ?
Je n’ai jamais rencontré McEnroe. J’aimerais lui demander, comme à tous les champions de sa trempe, ce qu’on ressent dans les moments où on a conscience de marquer son sport d’une manière aussi éclatante ; à se savoir de meilleur joueur du monde d’un sport aussi médiatisé. Et avec un peu d’audace, je lui demanderais aussi s’il a lu mon livre, et ce qu’il en a pensé !

Êtes-vous nostalgique de cette période des années 80 et des duels entre McEnroe, Lendl Borg… ?
Il y a une nostalgie incontestable pour l’époque, que j’ai aussi essayé de rendre à travers les ‘tubes’ musicaux des années 1980 et 1990 qui rythment le roman. Il me semble que l’engouement pour Roland-Garros était plus fort à l’époque, le tournoi était diffusé sur deux chaînes publiques, on avait l’impression chaque printemps que le monde s’arrêtait pendant quinze jours, on séchait les révisions pour suivre le tournoi… Les joueurs avaient aussi des caractères plus marqués… C’est peut-être tout simplement la nostalgie de nos jeunesses… Cela dit, je ne suis pas de ceux qui pensent que c’était toujours mieux avant. Au contraire, avec Nadal, Federer et Djokovic, on vit actuellement un âge d’or du Tennis, voire l’âge d’or du Tennis tout court. Chaque affrontement entre ces trois-là est exceptionnel… Leur niveau de jeu et les records qu’ils pulvérisent, c’est ahurissant.

Parmi la nouvelle génération, quel joueur du circuit masculin pourrait vous inspirer pour un nouveau livre ?
Je n’y avais pas réfléchi avant votre question. Mon joueur favori est Nadal, mais je ne suis pas certain qu’il y aurait matière à faire de lui le personnage d’un roman. Ou alors en creusant sur la différence entre ce qu’il montre d’agressivité sur un court, et celui qu’il semble être dans la vie, tout à fait l’opposé. Ce sont ces dissonances-là qui m’intéressent. Mais de toute façon, je ne pense pas utiliser à nouveau le tennis comme toile de fond pour un nouveau roman. Je n’ai pas écrit «Le tennis est un sport romantique» avec l’idée d’en faire une saga ! C’était juste un hommage que je souhaitais rendre à mon sport de prédilection.

Propos recueillis par E-A