Grégoire Barrère : «Je ne me mets pas de limites»

Grégoire Barrère : «Je ne me mets pas de limites»

28 mai 2019 Non Par SoTennis

À la faveur de ses récentes victoires en France, Grégoire Barrère, 25 ans, a obtenu sa wild-card pour Roland-Garros, où il affrontera au premier tour l’Australien Matthew Ebden. L’Actuel 127e mondial, évoque, avec son franc-parler, cette wild-card du mérite, sa vision du circuit masculin et ses ambitions.

Un classement a été initié, cette année, par la Fédération française de tennis, afin d’attribuer les wild-cards pour le tournoi de Roland-Garros*. Qu’en pensez-vous de cette nouvelle forme d’attribution ?

C’est une bonne chose. C’est un peu ce qu’il manquait. C’est en place pour l’Open d’Autralie et l’US Open. Je ne vais pas dire que c’est une mauvaise chose, car j’ai été premier de ce classement (sourire). Ça m’a motivé de disputer les tournois en France. C’est important lorsqu’on a des tournois comme il y a en France d’aller les jouer.

Après avoir été premier à ce classement Race, vous avez obtenu par vos résultats une wild-card, cette année, pour le tableau principal. A-t-elle une saveur particulière ?

Cela montre que j’ai « mérité » cette wild-card, que je suis à ma place. Lorsqu’on a une wild-card, généralement, c’est qu’on a bien joué avant. C’était le cas aussi l’an dernier et je pense que j’étais aussi à ma place. Je suis très heureux de l’avoir à nouveau cette année et je vais tout donner.

En septembre 2017, vous étiez retombé à la 698e place mondiale. Comment êtes-vous parvenu à vous relancer ?

J’ai fait un break. Je me suis questionné, j’ai fait un changement de structure (à intégrer la All in Academy) et ça m’a aidé. Je suis bien entouré (Ses entraîneurs : Mathieu Rodrigues et Marc Gicquel). Ça me motive pour aller à l’entraînement tous les matins et partir en tournoi avec mes coachs. Cela vient grandement de là. J’ai bien bossé aussi, notamment lors des préparations foncières, en plus du reste de l’année, pour revenir à un certain niveau.

L’ITF a initié une refonte des joueurs classés (World Tennis Tour), avant que dernièrement, après la grogne des principaux intéressés, il semblerait qu’un rétropédalage ne soit entamé. Qu’en avez-vous pensé de cette « réforme » ?

Je pense que cela été un peu radical. Je comprends le positionnement de l’ATP et l’ITF de vouloir réduire un peu le nombre de joueurs classés, mais ce n’était peut-être pas nécessaire de faire deux classements. D’abord, parce que les mecs en Futures jouent très bien aussi et lorsque tu joues bien, tu mérites d’aller disputer des Challengers, et là c’est compliqué. Auparavant, tu pouvais aller faire des qualifs de Challengers, je crois que là, c’est le gros souci. Je pense que c’est une bonne chose si l’on revient avec des qualifs en Challengers. Cela va permettre à plus de joueurs d’aller tenter leur chance en Challengers. C’est ce qui m’est arrivé. J’étais 400e mondial, et en passant par là cela m’a permis de progresser au classement. Pou le moment, des trucs comme cela on ne peut plus le faire et c’est sûr que cela met quelques barrières pour des joueurs. C’est certain qu’il fallait faire quelque chose, car il y avait trop de joueurs qui sont entre la 880e et la 2000e place mondiale, qui se disent professionnels et qui ne le sont pas forcément. Il faut faire un petit écrémage, mais là c’était vraiment trop radical. Pour moi, il faudrait un classement, des qualifs en Challengers et trouver une solution pour qu’il y est un peu moins de joueurs classés à l’ATP.

Selon vous, concernant le sujet du prize-money, la voix des joueurs classés au-delà de la 100e place mondiale est-elle assez entendue, notamment au Conseil des joueurs (présidé par Novak Djokovic) ?

Je suis assez loin de tout cela. Je sais qu’il y a quelques joueurs qui disputent le circuit Challengers et qui sont à ce Conseil. Lorsque j’ai commencé à disputer mes premières qualifications ont touché 1 500€, au 1er tour. Là, ont touche 6 000€. Je ne suis pas forcément pour que lorsqu’on est 600e mondial on gagne notre vie au tennis. Ce n’est pas la même chose qu’au foot. Ce n’est pas les mêmes sponsors, les mêmes droits tv. Ce ne sont pas les mêmes répercussions. On le voit bien, lorsqu’on va faire un tournoi Future, il y a deux personnes au bord du terrain. On vend rien. On ne vend du rêve à personne, à part à nos parents. Pour moi, il faut gagner sa vie dans les ATP 250… Il faut cravacher. Cela se mérite d’aller tout là-haut, d’aller voir les mecs dans le top 50. Lorsqu’on fait les gros tournois, on voit qu’ils sont des bourreaux de travail. Il font tout mieux que nous. Donc, il faut arriver petit à petit à ce niveau-là. Cela a malgré tout bien évolué. Désormais, le vainqueur d’un Future, 25 000$, gagne 3 000€, ce n’était pas le cas auparavant. Cela prend du temps, mais ça évolue dans le bon sens. Souvent, les joueurs comparent avec le foot. Pour moi, ce n’est pas comparable. Cela ne me choque pas vraiment. Je ne vais pas me faire des copains en disant ça, c’est sûr, mais il faudrait établir un certain niveau où l’on gagne sa vie, mais pas forcément à la 800e place mondiale.

Intégrer le fameux Top 100 n’est pas un mirage (117e mondial au meilleur à son meilleur en avril 2018). Est-ce votre objectif à court terme ?

C’est un objectif, afin d’intégrer les tableaux principaux des tournois du Grand Chelem, mais je ne me mets pas de limites. Je ne me donne pas vraiment d’objectif de classement. Je vais monter là où je peux monter. Si je peux être top 50, top 20… On ne sait jamais (sourire).

Propos recueillis par E-A, à Bordeaux.

*attribution pour le tableau principal (deux invitations) et pour les qualifications (trois chez les dames et quatre chez les messieurs). Modalités retenues pour l’attribution des wild-cards à retrouver sur : https://www.fft.fr/actualites/roland-garros-nouveau-processus-dattribution-des-wild-cards-pour-les-français

Photo: ©Le Coq Sportif