Quel avenir pour le tennis?

1 décembre 2014 Non Par SoTennis

Il y a comme une envie de changement dans l’air du côté de l’ITF (ndlr : Fédération Internationale de Tennis). Son inoxydable président M Francesco Ricci Bitti, clame que le tennis : « pose des dilemmes à la télévision, qui est très importante. » Mais de là, à changer le format de jeu de ce sport, et à le dénaturer pour satisfaire le diktat des diffuseurs, il semblerait qu’il n’y ait plus qu’un pas.


C’est une idée qui fait son chemin. Celle de raccourcir la durée des matches de tennis. Le 12 janvier prochain du côté de Sydney, Roger Federer et Lleyton Hewitt testeront un nouveau format de jeu révolutionnaire, lors d’une exhibition. Un set de quatre jeux, pas de “let” au service, pas d’avantage à égalité 40-40, tie-break à 3-3, voilà pour les règles de ce match entre « amis ». Mais cette rencontre fera-t-elle date ? Serait-ce l’avenir du tennis? On peut se poser légitimement la question. Néanmoins, pour les promoteurs de cette exhibition (ndlr: qui n’est pas organisée par l’ITF et l’ATP), ce format de jeu inspiré du cricket, et expérimenté dans les clubs australiens, doit permettre de réduire de moitié le temps d’un match. Et le temps c’est de l’argent. Tant pour les amateurs, toujours très pressés de caser leurs matches dans un emploi du temps surbookée, et pour les instances dirigeantes du tennis, désireuses de répondre aux attentes des médias, soucieux de maîtriser le début et la fin d’une rencontre. ” La longueur de nos matches est un problème d’une manière générale, déclare Francesco Ricci Bitti, le président de l’ITF. Notre sport pose des dilemmes à la télévision, et la télévision est très importante.”

Réduire les temps morts, et éviter un effet zapping

Des médias qui sont également importants dans la promotion d’un sport, qui compte plusieurs dizaines de millions de pratiquants à travers le monde, et qui semble tout aussi primordial dans cette réflexion. Au pays de l’oncle Sam cela fait des décennies que la programmation des matches de l’US Open, est dictée par les surpuissantes chaînes américaines, donnant lieu parfois à des aberrations. Toujours dans cette optique d’aller toujours plus vite, de réduire les temps morts, et éviter un effet zapping, en double, depuis 2006, la règle du “no ad” (pas d’avantage) a été instaurée, ainsi qu’un super tie-break dans la manche décisive (jeu décisif en 10 points), format pratiqué lors de quelques tournois amateurs ou lors des interclubs de ligue nationale en Suisse. Début 2013, l’ATP avait testé un format raccourci de matches, et en sanctionnant plus sévèrement le dépassement de temps (25 secondes) entre chaque point sur le circuit principal, et en supprimant les “let” au service sur le circuit Challenger. Résultat de cette expérimentation, pléthore d’avertissements lors des matches officiels pour dépassement de temps, et le maintien de la règle du “let”  sur le circuit challenger. Mais dans tout cela, que fait-on des spectateurs, des fans avides de rebondissements en tout genre, et des matches marathon, lorsque c’est le cas, et ayant payés leurs billets à prix d’or, alors qu’ils peuvent déjà la plupart du temps, assister à la victoire de Serena Williams ou Roger Federer en quelques coups de raquette ? Une telle réforme est-elle nécessaire? En tout cas M Francesco Ricci Bitti et toute sa clique y songe, histoire d’éviter l’immobilisme. Mais tout changement entraîne résistance. Même si l’histoire de la petite balle jaune se compose de plusieurs évolutions, comme l’instauration du tie-break (jeu décisif en sept points, à 6-6) à l’US Open au cinquième set, pas sûr qu’une telle modification, dans le cas où elle soit engagée par cet instance, puisse satisfaire les principaux intéressés… les joueurs. “Bien sûr, nous sommes là pour défendre la tradition quand elle est bonne, rappelle Francesco Ricci Bitti. Les joueurs sont très conservateurs.” Mais dans certain cas, le conservatisme ça a du bon.

E-A