L’invention du tie-break

1 décembre 2014 Non Par SoTennis

Alors qu’il semblerait que la Fédération Internationale de Tennis ait des velléités de raccourcir le format de jeu des matches, pour satisfaire en premier lieu les diffuseurs, par ce changement le tennis n’en serait pas à sa première évolution, voire même révolution. La plus importante d’entre elles, est certainement l’instauration du tie-break au milieu des années 60. Ce changement est naît de la volonté d’un homme, las que les rencontres de son tournoi de Newport, dans le Rhode Island s’éternisent. Son nom, Jimmy Van Alen.

En ce 15 août 1954, Jimmy Van Alen est un homme pressé. Le boss du tournoi de Newport dans le Rhode Island aux Etats-Unis, ne décolère pas. Alors que sur le court central le match entre Ham Richardson et Straight Clark dépasse les plus de quatre heures, et ne semble pas se conclure, sous un soleil couchant, l’affiche du jour, une rencontre de double entre la paire Neale Fraser et Rex Hartwig qui s’apprête à affronter la paire Ken Rosewall et Lew Hoad, est sur le point d’être déplacée sur un court annexe, sans tribunes. Pour la petite histoire les australiens remporteront ce double dans l’indifférence totale. Mais c’en est trop pour Mister Van Alen, qui va alors chercher un moyen de dépoussiérer les règles d’un autre âge, et trouver une nouvelle façon d’établir le score. Après de nombreux tests, c’est en juillet 1965, qu’il va créer un tournoi sur invitations dotée de 10 000 dollars à Newport, que son invention va être testée. Les meilleurs joueurs de l’époque dont Rod Laver, Ken Roswall ou encore Pancho Gonzales se bousculent pour participer à cette épreuve, motivés notamment par les sommes d’argent en jeu. Le 10 juillet 1965, le Gallois Mike Davies remporte face au Chilien Luis Ayala par 5-4 le premier « tie-break » de l’histoire.

Jimmy Van Alen à Newport

Cette nouveauté va rapidement intéresser les chaînes de télé, qui retransmettent de plus en plus les matches en direct, et qui souhaitent mieux maîtriser la programmation. Dès 1970 l’US Open est le premier Majeur à adopter le tie-break, en le portant à 7 points gagnant (deux de plus que l’adversaire) dès 1975, lui donnant ainsi sa version finale. Mais 49 ans après cette révolution, les lignes ont peu changé. Ni l’Open d’Australie, ni Roland-Garros et Wimbledon ont adopté le tie-break au cinquième set, contrairement à l’US Open, laissant ainsi la possibilité à assister à des rencontres sans fin, comme en 2003 à Melbourne entre Andy Roddick et Younès El Aynaoui, ou encore à Wimbledon en 2010 entre Nicolas Mahut et John Isner. Mais il semblerait que la Fédération Internationale de Tennis souhaite apporté quelques nouveautés au format de jeu actuel, face au diktat de certain médias, dont l’envie de raccourcir la durée des matches s’accroît. Un set de quatre jeux, pas de “let” au service, pas d’avantage à égalité 40-40, tie-break à 3-3, serait-ce l’avenir du tennis? C’est en tout cas ce que s’apprêtent à jouer Roger Federer et Lleyton Hewitt en janvier prochain, à l’occasion d’un match exhibition, qui est inspiré du cricket, et expérimenté dans les clubs australiens. Mais avant que ce format de jeu fasse légion, il faudra avant tout convaincre les principaux intéressés… les joueurs, du bien fondé de ce changement, et ça c’est une autre histoire.

E-A