Terrain foncier

Terrain foncier

18 août 2018 Non Par SoTennis

Nichés à quelques centaines de mètres de la plage, les terrains de tennis de la Source des Abatilles, à Arcachon, sont encore et toujours menacés de destruction, sur l’autel du business. Une menace qui mettrait fin à 93 ans d’existence.

La reprise du tennis n’est que temporaire sur les terrains de la Source des Abatilles, à Arcachon. Situés à quelques centaines de mètres de la plage, dans un quartier résidentiel, les trois courts en terre battue, entourés d’arbres, et son club-house en bois (non affilié à la Fédération française de tennis) sont toujours menacés de destruction. Fin 2017, une décision de la cour d’appel du tribunal de Bordeaux, avait contraint Bertrand Alix, Jean-Marie Cameleyre et Luc Finoel, les trois professeurs, qui enseignaient là lors des vacances scolaires (jusqu’à 500 stagiaires par an), à ranger leurs raquettes et leurs balles. Bien que la décision sur le fond n’a pas été, encore, rendue par le juge, les trois « compères » n’ont pas pu obtenir gain de cause auprès du propriétaire du lieu, la Société des eaux minérales d’Arcachon (Sema), autrement dit la Source des Abatilles, pour une prolongation de partie… L’appel n’étant pas suspensif, la Source des Abatilles, a ainsi pu récupérer son lopin de terre, de 8.600 m², immédiatement et rompre l’autorisation d’occupation par le club. Cette navrante histoire, teintée de spéculations et de gros sous, ramène à l’ancien propriétaire des lieux, un certain Roger Padois. Cet Arcachonnais, demi-frère de l’actuel maire d’Arcachon, Yves Foulon, avec qui il s’est associé, le 1er décembre 2016, à la société « Hemingway Enterprise SL Unipersonal », dont le siège social se situe à Tenerife aux Canaries (Espagne). Ils vont créer la société civile immobilière (SCI) « Mestrezat », domiciliée à Arcachon, afin d’acheter un ensemble immobilier à Arcachon, comme le révèle le site Internet de La Dépêche du Bassin. « Lorsque M Padois a acheté l’usine (en 2008), nous avions appris que son souhait était de casser les terrains de tennis, pour y mettre au départ un centre thermal, puis une résidence de tourisme senior, nous dit Bertrand Alix, qui a eu la gérance de ce club, familial et intergénérationnel, durant près de 20 ans. Il y a eu beaucoup de choses… Nous lui avons mis quelques bâtons dans les roues… Il y a quelques années, il avait oublié de nous envoyer une lettre recommandée pour nous signifier la fin du bail. Nous avons ainsi pu récupérer six ans. À partir de là, cela, c’est très mal passé. Les relations se sont détériorées. Ce qui s’est passé ensuite, c’est que M Padois a vendu l’usine (il y a cinq ans). Malgré tout, il avait conservé le terrain pour y faire ses projets. Mais il n’est pas parvenu. Les nouveaux propriétaires ont, sans doute, eu peur qu’avec son projet, cela abîme peut-être le parc et que l’eau de la source (puisée à 472 mètres de profondeur) allait être dégradée. »

Ça coule de source

Revendu en 2016, aux propriétaires actuels (le négociant en vin et propriétaire du grand cru classé Château Gruaud Larose Jean Merlot et le fondateur de la maison de négoce MVins Hervé Maudet) de la Source des Abatilles, ce terrain, de 8.600 m², qui jouxte l’unité de production des eaux minérales devait permettre, dans un premier temps, à l’entreprise de réaliser une extension de son aire de stockage. « Un investissement d’avenir destiné à augmenter la capacité de stockage » face au développement de la marque, justifiait Hervé Maudet, directeur général du site, dans les colonnes du journal Sud Ouest. Alors que nous souhaitions évoquer ces différents sujets avec ce dernier, toutes nos demandes d’interviews ont reçu une fin de non-recevoir. « Cette histoire, je la lis dans les journaux, je vois son évolution. Ce que cela m’inspire, c’est qu’à Arcachon, il y a un intérêt pour l’immobilier qui est évident, nous explique Stéphane Scotto, photographe professionnel spécialisé en photos aériennes et panoramiques, notamment du Bassin d’Arcachon. Nous avons vu ces dernières années transformer cette ville en une véritable plate-forme immobilière. Le moindre terrain qui était non-constructible et qui pourrait le devenir pour de multiples raisons, devient une manne financière intéressante. Cette histoire, je la lis dans les journaux, je vois son évolution. » En début d’année 2018, la Société des eaux minérales d’Arcachon, a déposé un permis de construire pour ce nouveau lieu de stockage, après avoir fait appel à un architecte spécialisé dans le patrimoine, histoire que ce dépôt s’intègre « parfaitement » au paysage. Face à cette croissance annoncée, une pétition avait été lancée, pour se plaindre notamment des nuisances liées aux camions circulant sur la D 217, juste devant l’entreprise, dont le projet prévoyait un stationnement, de ces camions, dans le parc. Finalement, la mairie d’Arcachon n’a pas délivré le permis de construire pour cet espace. Et le tennis a rouvert ses portes quasi en catimini, lors des dernières vacances de Pâques, surprenant les habitués du club. Une reprise temporaire, avec Danièle et Jean-Louis Constans, ancien directeur technique des Abatilles et ex-président du comité de quartier des Abatilles, comme nouveaux exploitants du tennis de la Source des Abatilles, grâce à un bail d’un an avec les actuels propriétaires. Et avec comme moniteur Luc Finoel, accompagné d’un deuxième coach, qui n’est autre que l’entraîneur qui officiait pour Bertrand Alix. Voué dans un premier temps à une aire de stockage, qui se tient en fin de compte dans la zone d’activités de la Teste, les terrains de tennis, son club-house et son parc, pourraient finalement accueillir un centre thermal (sans hôtellerie) grâce à l’eau des pins du coin, en cours d’analyse, comme le révélait le journal Sud Ouest. Ce serait ainsi la fin de 93 ans d’existence, sacrifié sur l’autel du business.