Duel au sommet

Duel au sommet

4 juin 2022 Non Par SoTennis

Le samedi 6 juin 1992, Monica Seles remportait le tournoi de Roland-Garros pour la troisième fois d’affilée. À 18 ans, la n°1 mondiale, qui dominait de tout son art le circuit féminin, avait livré face à sa rivale Steffi Graf, une inoubliable bataille, conclue 10/8 au troisième set..

Ce fut un combat homérique. Celui de deux championnes, dont le seul point commun était la rage de vaincre. Seles – Graf. La rivalité qui animait le tennis féminin au début des années 1990. Une opposition de style parfaite, qui avait connu son climax lors de la finale Dames de Roland-Garros 1992. En ce samedi 6 juin, l’ambiance du court Central du temple de la terre battue était électrique. Durant une édition particulièrement humide, c’est sous un ciel couvert que Monica Seles débutait sa finale à folle allure et en ne commettant que peu de fautes. En face, Steffi Graf semblait plus subir la cadence imposait par la n°1 mondiale. Le premier set revenait à la Yougoslave. 6/2 en 26 minutes. L’Allemande fidèle à elle-même, réagissait dès le début du deuxième set en servant mieux et en abusant de son revers slicé. La n°2 mondiale empochait la deuxième manche 6/3. Déjà 1 h 12 de jeu. Au troisième set, Monica Seles, qui paraissait plus marquée, elle qui avait frôlé l’élimination en huitièmes de finale puis en demi-finale contre Grabriela Sabatini qui avait mené 4/2 au troisième set, réalisait malgré tout le break au deuxième jeu. Un nouveau match débutait. La tornade Seles, qui, souvent, lâchait, en frappant ses coups, sa deuxième main, obtenait une balle de 5/2 sur le service de Graf. Une balle magistralement sauvée par l’Allemande grâce à un chirurgical coup droit décroisé. La tension montait d’un cran. 4/3 puis 5/3. À 16 h 08, Monica obtenait une première balle de match. Mais son revers renvoyait la balle dans le filet. Puis une deuxième balle de match. Cette fois, c’est un smash de Steffi qui repoussait l’échéance, puis une troisième, puis une quatrième par un revers slicé venant mourir sur la ligne. 5/4. Seles au service. Mais celle qui dominait le tennis féminin sans partage depuis près de deux ans, commettait quatre fautes. 5 partout. L’atmosphère était alors de plus en plus lourde. Le public soutenait majoritairement Steffi Graf. Pas de break jusqu’au 15e jeu. Monica parvenait à nouveau à réaliser le break et s’apprêtait à servir pour le match. Mais ne renonçant jamais, la native de Mannheim, revenait encore une fois. Jamais aussi épanouie que dans l’attaque musclée du fond de court, Seles s’appuyait, avant tout sur sa force mentale et ses coups rageurs pour réaliser le break. Avec des balles neuves, la n°1 mondiale, elle qui excellait à jouer parfaitement les points importants, parvenait sur sa sixième balle de match, 44 minutes après la première, à conclure. Le tableau d’affichage était dépassé par le score tout comme les spectateurs. Monica Seles s’imposait après 2 h 43 d’une époustouflante bataille. Troisième Roland-Garros. Elle égalisait le vieux record établi par l’Allemande Hilde Sperling de 1935 à 1937. Au bord des larmes, Graf regrettait d’avoir mal négocié quelques points. La coupe Suzanne-Lenglen entre les mains, Monica Seles savourait enfin sa victoire. Sa sixième en Grand Chelem. Le tout sous quelques applaudissements polis du public. Seles, la mal-aimée.

E-A