Rafael Nadal:  «Ce n’est pas comme cela qu’on voulait que cela se passe»

Rafael Nadal: «Ce n’est pas comme cela qu’on voulait que cela se passe»

3 juin 2022 Non Par SoTennis

Rafael Nadal s’est qualifié vendredi pour sa 14e finale à Roland-Garros. Alors que le Majorquin, avait remporté le premier set, et Alexander Zverev s’apprêtaient à disputer leur deuxième tie-break (7-6, 6-6), l’Allemand s’est blessé à la cheville droite et a dû abandonner.

Rafa, quelques mots concernant Sascha…

Ce n’est pas facile. Ce n’est pas non plus simple de parler après ce qui s’est passé. La seule chose que je peux dire, c’est que j’espère qu’il ne va pas trop mal. Avec un peu de chance, j’espère que c’est juste une torsion de la cheville, et qu’il ne s’est rien cassé. C’est ce que tout le monde espère. J’ai l’impression qu’il faille encore vérifier sa cheville. Le match était très disputé. Il a commencé à incroyablement bien jouer. Je sais ô combien ce match comptait pour lui. Il voulait gagner son premier Grand Chelem. C’est pour cela qu’il se battait. Nous sommes des collègues, nous nous entraînons très souvent ensemble. Et voir un collègue comme cela, sur le circuit, avec ce qui lui est arrivé… Même si bien sûr, pour moi, c’est le rêve d’être en finale à Roland-Garros, mais ce n’est pas comme cela qu’on voulait que cela se passe, bien sûr. Je me sens vraiment désolé, quand on est une personne, on se sent obligatoirement triste, et désolé pour un collègue.

Avez-vous parlé à Sascha depuis la fin du match et lorsqu’il était en traitement, après sa blessure ?

Oui, j’étais avec lui, il vérifiait à l’échographie, l’ultra-son, quelque chose comme cela. Il vérifiait ce qu’il y avait. J’étais là, juste pour voir comment cela évoluait, mais ce n’est pas moi qui ai le droit de dire quoi que ce soit. Si lui il veut dire quelque chose, ce sera à lui de voir. C’est sa décision. Je ne peux pas parler, moi, en son nom.

Les conditions étaient lentes. Est-ce qu’il y avait quelque chose d’un peu bizarre du côté du déplacement ?

Les conditions, effectivement, sont les plus lentes que j’ai vues depuis très longtemps ici à Roland-Garros, parce qu’il y avait beaucoup d’humidité cet après-midi. Et quand il y a beaucoup d’humidité, les balles sont très grosses, c’est très difficile de mettre de l’effet sur les balles, et de les lifter aussi. Les conditions n’étaient donc pas idéales pour moi, aujourd’hui (vendredi), étant donné les conditions qui me plaisent généralement ici. C’est pour cela que je n’ai pas réussi à créer le jeu que je voulais, pour le dominer. D’ailleurs, lui, il a commencé le match d’une façon fulgurante. Et c’est un miracle pour moi, ce premier set. Mais j’étais là, je me battais, j’essayais de trouver des solutions à chaque moment. Mais étant donné les conditions, quoi qu’il arrive, Sascha jouait très bien, quelles que soient les conditions. C’est un joueur hors pair. Avec ces conditions, c’était encore plus dur pour moi, effectivement, de le repousser, car les conditions étant lourdes. Il voyait, il ressentait que mes coups, mes balles, n’avaient pas l’effet escompté que normalement, j’arrive à mettre dans les coups que je décoche, ni contre son coup droit, ni contre ses revers. Quand je jouais le long de la ligne, ou lorsque j’essayais de l’excentrer en décroisant, mes balles ne rebondissaient pas comme d’habitude ici. Donc lui, il arrivait à se remettre en position. Et c’était pareil aussi quand j’essayais de viser son revers, et son revers, d’ailleurs, est aujourd’hui quasiment l’un des meilleurs sur le circuit. Avec ces conditions, je n’ai pas pu le repousser, et lui, il frappait à chaque fois des balles bien propres, et moi ce que je faisais, c’est que j’étais surtout en mode survie.

Après tout ce que vous avez réussi ici, est-ce qu’il y a encore des choses que vous souhaitez vous prouver à vous-même, ou pensez-vous que vous n’avez plus rien à vous prouver ?

Ce qui compte, c’est ce que l’on fait au quotidien, ce n’est pas de se prouver quoi que ce soit à soi-même. Ce qui compte, c’est d’aimer ce que l’on fait. Si on n’aime pas ce que l’on fait, c’est une autre histoire. Si on aime ce que l’on fait, on va de l’avant. Par exemple, vous, si vous voulez jouer au golf, vous allez jouer au golf et vous continuez. Si moi j’aime jouer au tennis et si je peux y jouer, bien sûr, si j’arrive à gérer le jeu, je continue à jouer parce que j’aime ce que je fais. C’est à peu près ça. Comme je le disais, j’aime jouer. Si je suis en bonne santé pour pouvoir jouer, alors j’aime ces combats, j’aime l’aspect compétitif du jeu. Je trouve que je suis encore bon dans cette course, cela veut dire beaucoup et donc, je suis fier et content de tout ce que j’ai fait. Je crois que c’est à peu près tout ce que j’ai à dire.

Physiquement, comment vous sentez-vous ?

Physiquement, je vais bien. Généralement, mon problème, ce n’est pas la performance physique. Bien sûr, aujourd’hui, les conditions étaient particulièrement difficiles, très humides. Je le sais, j’ai l’expérience, je sais que lorsque je joue dans ce genre de conditions, je souffre un peu plus, je veux dire physiquement. Cela m’est arrivé en Australie contre Shapo. Et aujourd’hui, c’était encore comme ça, ce n’était pas complètement dingue, mais je souffrais, enfin tous les deux, les deux joueurs souffraient. Il y a eu beaucoup de hauts et de bas pendant tout le match, même si le niveau de tennis était très élevé, de bons points. Lorsque les balles sont lentes, les conditions sont lourdes, il y a beaucoup d’humidité, alors dans ce cas-là physiquement, on souffre plus.

Propos recueillis par E-A à Roland-Garros