Elena Svitolina: «Gagner un Grand Chelem, c’est mon objectif ultime»

Elena Svitolina: «Gagner un Grand Chelem, c’est mon objectif ultime»

4 juin 2023 Non Par SoTennis

Absente des courts depuis un an et demi suite à sa grossesse, Elina Svitolina, 192e mondiale, retrouve les quarts de finale pour son premier Grand Chelem. L’Ukrainienne a battu dimanche la Russe Daria Kasatkina, numéro 9 mondiale, en deux sets (6-4, 7-6 [5]). L’ex-numéro 3 mondiale affrontera soit Sloane Stephens, soit Aryna Sabalenka en quarts.

Vous êtes qualifié pour les quarts de finale. Est-ce que vous vous attendiez à ça avant le tournoi, après une telle pause, aussi longue ?

En fait, je prends chaque match quand il arrive, et ce qui compte pour moi, c’était d’avoir la première victoire, deuxième victoire, etc. et à chaque fois que j’arrive sur le court, ce que j’essaie de faire, c’est de me préparer au mieux, d’avoir le meilleur état d’esprit possible et je prends un match à la fois.

Vous êtes mariée à un Français, qui est le père de votre enfant. Pour le public, ici, vous ressemblez quasiment à la dernière joueuse française…

La dernière qui reste.

Quelle est votre relation avec la France, avec Paris, et pourriez-vous répondre en français ?

Pour répondre en français non, absolument pas mais j’aimerais bien. Dès le premier tour, j’ai vu qu’on me soutenait, j’étais acclamée par le public, et j’en obtiens chaque fois plus. Je ne m’attendais absolument pas à ça. Je savais déjà à Strasbourg que beaucoup de personnes me soutenaient. Je suis maintenant mariée depuis plusieurs années, cela fait plus de 5 ans que je suis avec Gaël, je ne m’attendais pas à ce que cela arrive cette année en tout cas ! Mais bon, je suis reconnaissante au public d’être là, à me soutenir, même si parfois j’étais menée d’une manche dans certains matchs, et que j’ai fait mon retour, le public était là ! Il m’a soutenue. Il me donne cet espoir aussi, l’espoir que je peux faire mon retour et gagner.

Vous étiez dans le Top 5, Top 10 pendant longtemps. Est-ce “intéressant” de ne plus avoir un tel chiffre près de son nom, pour vous surprendre et surprendre d’autres personnes ?

Bien sûr, c’est l’une des choses que j’ai remarquées. À l’heure actuelle, je n’ai pas cette pression que j’avais autrefois. Et personnellement, je me mets déjà de la pression, parce que je veux gagner un Grand Chelem, c’est mon objectif ultime. Mais en tout cas, je n’ai plus la pression qui vient de l’extérieur, c’est vrai. Parce que personne ne s’attend à ce que j’arrive ici à Roland-Garros et que, tout d’un coup, j’arrive en quart de finale. En tout cas, en tout début de tournoi. Je ne crois pas qu’il y aurait eu beaucoup de personnes qui se seraient dit : “Oui, oui, elle va y arriver !” C’est pourquoi cela m’aide, et j’ai l’impression aussi qu’à nouveau, j’ai 17 ans ! Je suis fraîche, je n’ai pas à défendre des points, ni ici ni la semaine prochaine. Je me sens donc plus libre.

Vous avez dit avoir l’impression que vous avez encore 17 ans. Votre grossesse c’est la pause la plus longue que vous n’ayez jamais prise. Quand vous regardez en arrière, y a-t-il des moments où vous n’avez pas vu que vous étiez fatiguée ? Maintenant, vous sentez-vous beaucoup plus fraîche ?

Parfois, quand on joue chaque semaine, quand on est un peu comme dans un aquarium tout le temps, c’est très fatigant. Il faut toujours être parfaite ou presque. Et c’est impossible. Nous sommes tous des êtres humains, nous sommes des personnes, on a des jours avec, des jours sans. Et bien sûr, c’est difficile pour tout le monde.
En ce qui me concerne, pour moi, c’était un bon moment d’être loin des courts, d’avoir complètement déconnecté. Et j’ai pu en profiter pleinement avec ma famille, je ne parlais pas du tournoi à venir, du but à me fixer, de la joueuse contre laquelle je devais jouer, du tout, j’étais normale. Et mon esprit a pris du repos, et mon corps aussi s’est reposé ; bien sûr, tout en étant enceinte, comme j’ai pu. Mais cette période m’a permis de me rafraîchir. Lorsqu’en janvier j’ai recommencé l’entraînement, j’étais très motivée, sans doute plus que jamais. J’ai beaucoup travaillé, des mois et des mois. Là, je commence à engranger à la fois mon expérience qui m’aide et le côté fraîcheur. C’est pourquoi je suis peut-être revenue sur le circuit, plutôt rapidement. C’est pour ça, peut-être, que cela se passe aussi rapidement pour moi.

Est-ce qu’à la fin du match avez-vous salué Daria ?

Bien sûr, je l’ai saluée, et je la remercie pour la position qu’elle a prise. Bien sûr, je reconnais ce qu’elle a fait, elle est courageuse. Elle s’est exprimée publiquement, il n’y a pas beaucoup de joueuses qui l’ont fait. Elle est courageuse.

Propos recueillis par E-A à Roland-Garros