Gilles Moretton: « Je serai un président très proche du terrain, avec une dimension humaine qui sera très forte »

Gilles Moretton: « Je serai un président très proche du terrain, avec une dimension humaine qui sera très forte »

5 mars 2021 Non Par SoTennis

Élu Président de la Fédération française de tennis le 13 février dernier, avec 61,2% des voix, Gilles Moretton entame une énième vie. Enfant de la balle, homme d’affaires… le Lyonnais, qui « coche toutes les cases » comme il dit, entend pour les quatre prochaines années insuffler, avec son équipe, une nouvelle approche, pour le bien du tennis français.

Le 13 février 2021 vous avez été élu président de la Fédération française de tennis avec 61,2% des voix. Être élu avec ce score, représente-t-il quelque chose pour vous ?

C’est forcément une satisfaction collective, car je crois que c’est une véritable équipe qui s’est présentée et qui a bâti un projet pendant plus d’un an. Le score est assez révélateur parce que ce sont les clubs qui ont décidé et les délégués qui se sont exprimés à travers ce vote. C’est vrai que l’on voyait les choses se dessiner relativement tôt, puisque la campagne qui a été menée sur le terrain par notre équipe, a révélé un certain nombre de points de concordance avec les besoins, avec les sentiments, qu’avaient les clubs, les ligues et les comités. Donc oui, c’est une satisfaction. Les élections avaient été retardées (Ndlr : en raison du contexte sanitaire), elles auraient dû se dérouler le 12 décembre 2020, elles se sont finalement déroulées le 13 février 2021. Nous avions quelques indications. Mais c’est comme au tennis, tant que la balle de match n’a pas rebondi deux fois, on ne sait pas qui a gagné.

VVous avez été, entre autres, joueur de haut niveau (Ndlr : meilleur classement en simple 65e mondial), homme d’affaires, président de la ligue Auvergne Rhône-Alpes de tennis. Quel style aimeriez-vous imprimer à votre mandat de président de la Fédération française de tennis ?

Vous avez décrit mon parcours, où vous avez oublié le fait que j’ai été aussi enseignant de tennis. C’est vrai que je coche l’ensemble des cases. Je connais l’ensemble des sujets. Lorsque j’ai un interlocuteur en face de moi, je peux mieux comprendre les problématiques des uns et des autres. Du tennis loisir, que je pratique dans mon club, la compétition, l’enseignement, diriger une entreprise (pendant 35 ans). Je serai un président très proche du terrain avec une dimension humaine qui sera très forte. Je crois que notre société a besoin d’humain, les gens ont envie de se retrouver. Nous en avons besoin. Je serai proche des clubs, dans les clubs et proche de nos équipes. Lorsque j’ai un interlocuteur en face de moi, je peux mieux comprendre les problématiques des uns et des autres.

Suite à votre élection vous avez déclaré : « notre objectif est de rassembler ». Comment comptez-vous vous y prendre ?

Je pense qu’on se nourrit de nos différences. En étant dans le dialogue. Je souhaite que les gens soient d’un avis différent du mien, que l’on puisse échanger, partager et faire progresser notre Fédération. Oui, le choix a été celui du rassemblement. Je l’ai dit et je vais le faire pour ceux qui ont envie de travailler ensemble pour le bien du tennis. Je ne souhaite pas de climat clivant au sein de notre Fédération. On l’a démontré tout au long de la campagne. Nous avons fédéré des gens qui n’étaient pas forcément de notre avis au début et qui en discutant, en échangeant, se sont ralliés à ce projet : « ensemble pour un autre tennis ». Ce choix du rassemblement est un signe fort dans la période que nous traversons. Ce choix du rassemblement est un signe fort dans la période que nous traversons. Dans le contexte actuel, il faut que nous soyons tous ensemble pour défendre le tennis.

Vous évoquiez les clubs. Quelle place ces clubs ont-ils dans votre vision, dans vos, prochaines, décisions ?

Nous l’avons dit lors de notre campagne avec des éléments forts, sur la gouvernance, sur le vote des clubs, nous allons bien évidemment le mettre en place et appliquer le programme pour lequel nous avons été élus. Nous avons quasiment 2/3 de nos licenciés qui ne font pas de compétitions, qui viennent dans nos clubs pour du lien social, pour la santé, pour se faire plaisir, en famille. Il faut que l’on retrouve cette sensibilité-là, qu’on la développe, qu’on la mette en valeur dans nos clubs. C’est de là que tout part. Je suis un enfant du club, de la Fédération française de tennis donc je suis sensible au démarrage, puisque tout se passe dans un club. Nous avons ce changement entre le tennis loisir qui est important et le haut niveau dont on a besoin. C’est la raison pour laquelle tout part du club. Je suis un enfant du club, de la Fédération française de tennis donc je suis sensible au démarrage, puisque tout se passe dans un club. Encore aujourd’hui, nos clubs font preuve de créativité, d’ingéniosité de solidarité. En tant que président de la deuxième ligue de France (Ndlr : Auvergne Rhône-Alpes de tennis), je l’ai vécu. Nous avons une force énorme qui vient du bas, à nous de l’exploiter de savoir la mettre en valeur.

Avez-vous un exemple à donner des premières actions que vous souhaiteriez mettre en place pour ces clubs ?

La première action que j’ai pu mener, c’est que, trois jours après mon élection, j’ai eu la chance de rencontrer M Jean-Michel Blanquer (Ministre de l’Education nationale, de la Jeunesse et des Sports) et Mme Roxana Maracineanu (Ministre déléguée auprès du ministre de l’Education nationale, de la Jeunesse et des Sports, chargée des sports). Ma première démarche a été de leur demander la réouverture des courts couverts de nos clubs. Sur 700m², deux personnes peuvent jouer au tennis sans mettre en danger la vie de l’autre, sans déroger aux contraintes sanitaires. La deuxième a été aussi la reprise de la compétition dans nos clubs, en revanche à l’extérieur. Les matches par équipes, en extérieur, les tournois en extérieur, seraient un signal qui puisse être donné à nos clubs. Nos licenciés ont besoin de jouer, aussi pour leur santé mentale. Je pense que le tennis peut tout à fait, contrairement à d’autres disciplines, être pratiqué sans mettre la vie des gens en danger.

Qu’en est-il ressorti de cette conversation le 17 février 2021 avec M Jean-Michel Blanquer (Ministre de l’Education nationale, de la Jeunesse et des Sports) et Mme Roxana Maracineanu (Ministre déléguée auprès du ministre de l’Education nationale, de la Jeunesse et des Sports, chargée des sports) ?

C’était délicat trois jours après mon élection de demander une réponse dans la seconde. Je crois qu’il faut savoir poser les questions et puis ce sera notre rôle de relancer. Ce que j’ai fait la semaine d’après puisque j’ai rencontré encore une fois Mme Roxana Maracineanu, où j’ai reposé la question. Là, maintenant, il faudrait que l’on nous donne une réponse. Nous sommes comme tout le monde, en attente des mesures sanitaires. Si elles se durcissent, cela risque d’être peut-être un peu compliqué. Il est important pour nous, Fédération française de tennis, de prendre cette position d’effectuer cette demande et d’essayer d’avoir une réponse rapide.

Que pensez-vous de cette déclaration du 1er mars 2020 de Mme Roxana Maracineanu que « la reprise du sport amateur ne se fera pas avant un mois » ?

Je ne vais pas juger, bien évidemment, sa déclaration, mais je crois que l’on ne peut pas mettre tous les sports au même niveau (dans le sens de la pratique et dans le contexte sanitaire actuel). Par rapport à cette déclaration, la démarche qui est faite, c’est de démontrer que dans nos salles, dans nos courts de tennis en salle, on ne met pas les gens en danger. Qu’il y ait des mesures qui soient prises, c’est tout à fait normal, mais c’est à nous et à chaque discipline de défendre son activité.

Avez-vous évoqué lors de cette conversation le 17 février 2021, le sort de la prochaine édition de Roland-Garros en tant qu’événement sportif ?

Ce fut effectivement le deuxième sujet, avec les contraintes sanitaires sur lesquelles nous n’avons pas beaucoup d’informations pour l’instant et nous avons demandé à ce qu’un comité puisse travailler dès maintenant sur la jauge que l’on pourra utiliser fin mai début juin 2021 lors du tournoi de Roland-Garros. C’est quelque chose qui est en cours, nous devrions pouvoir réfléchir aux solutions. Il y a déjà des solutions qui ont déjà été préparées par la Fédération française de tennis pour l’édition 2020, avec pourquoi pas des jauges différentes sur les trois courts principaux, le court Philippe-Chatrier, le Suzanne-Lenglen et le Simonne-Mathieu, mais aussi avec des accessibilités différentes, afin d’éviter qu’il y ait des croisements de foule trop important. Il y a un certain nombre de prévisions de scénarios à envisager avec des capacités différentes et avec la circulation du public dans le stade. N’oublions pas que nous serons en extérieur, nous serons fin mai début juin et que j’ose espérer avec les vaccins, la situation s’améliore, même si en ce moment, les choses semblent, malheureusement, un petit peu s’aggraver.

On y retrouve entre autres, quatre vice-présidentes à des responsabilités stratégiques. On y retrouve entre autres, quatre vice-présidentes à des responsabilités stratégiques. Quelle a été votre démarche ?

Cela n’a pas été une démarche, c’est tout simplement la compétence. Dans nos équipes, nous avons des femmes qui ont démontré des compétences dans différents domaines. Au moment de constituer une équipe pour la Fédération française de tennis, il était évident qu’on allait difficilement pouvoir se passer de ces compétences et c’est la raison pour laquelle l’équipe a été constituée comme cela. Ce sont des gens que je connaissais, que j’ai été amené à découvrir et qui ont constitué cette belle équipe qui a été la nôtre pour remporter cette élection. Il était évident de continuer à prolonger dans cette direction que nous avions décidée.

Arnaud Clément est vice-président référent DTN en charge du haut niveau, de la formation et de la compétition. Avez-vous avancé concernant le prochain DTN (directeur technique national) ?

Nous avons rencontré un certain nombre de personnes. Nous sommes dans une phase de compréhension du mode de fonctionnement de la Fédération avec des idées que nous avons affiché, notamment sur la partie sportive avec beaucoup plus de formation que de sélection. Avec une deuxième priorité donnée sur nos joueurs des clubs, des départements, des ligues dont nous avons besoin pour la bonne santé de notre tennis. Nous n’avons pas simplement accès notre stratégie sur une élite composée de très peu de joueurs, mais au contraire sur une base la plus large possible de façon à peut-être trouver le grand champion de demain, mais aussi à arriver à trouver un équilibre avec nos joueurs de club, dont on a besoin et qui vont créer une force vive, une émulation une atmosphère que l’on souhaite revoir. Donc on a rencontré et on rencontre un certain nombre de personnes, mais la fonction de DTN n’a pas encore été évoquée. On réfléchi aujourd’hui à l’organisation générale de la FFT. Forcément, avec une équipe nouvelle qui arrive, la priorité, c’est d’abord rencontrer, prendre connaissance, faire un état des lieux et ensuite prendre les mesures nécessaires.

Après votre élection, vous avez évoqué Louis Borfiga, qui s’apprête, après un passage réussi, à quitter prochainement Tennis Canada. Avez-vous échangé avec lui au sujet de son intégration au sein de votre organisation ?

Louis Borfiga est tout d’abord un ami d’enfance avec qui j’ai joué et échangé sur les courts. Nous sommes en relation, il nous fait part de son expérience. Louis Borfiga n’est pas aujourd’hui à revendiquer une fonction de DTN, que les choses soient claires. Comme je l’ai dit d’ailleurs lors de la conférence de presse après mon élection. En revanche, il faut savoir écouter les gens qui ont réussi à l’étranger et qui ont œuvré pour le tennis et qui peuvent nous apporter. Son expertise est intéressante. Avec Arnaud Clément, Louis Borfiga et moi-même nous composons un trio de réflexion sur le modèle de DTN que voulons avoir à l’avenir.

Il fait alors déjà partie de votre équipe…

Non, non, il est encore au Canada. Il quittera dans quelques mois ses fonctions comme cela a été annoncé par Tennis Canada. Ensuite, nous verrons de quelle manière, il peut intégrer notre équipe. Pour l’instant, c’est plus un ami, un conseil à mes côtés et qui nous fait part de son savoir

Comment s’est passée la transition avec la précédente équipe fédérale ?

Très bien et cela continue. La FFT est une machine importante. Nous rencontrons l’ensemble des acteurs, département par département et les dossiers nous ont été transmis tout à fait normalement.

Propos recueillis par E-A lors d’un entretien téléphonique réalisé le 2 mars 2021. Photo FFT