Les passeurs d’émotions (2/4)

17 décembre 2014 Non Par SoTennis

Tout au long de l’année grâce à leurs articles, leurs commentaires, leurs photos, ils font vivre le tennis. Tels des passeurs d’émotions, ils permettent aux lecteurs, aux auditeurs, aux téléspectateurs, de les accompagner le temps d’une conférence de presse d’après-match, où sous le halos d’une salle d’interview, ils arrivent à glaner les confessions des champions. Ou encore dans l’antre sombre d’une tribune, d’où ils suivent avec attention, toute la dramaturgie que la petite balle jaune peut offrir. Fabrice Abgrall journaliste sportif spécialisé dans le tennis à France Info et France Inter, évoque avec passion son métier, et comment à la radio, il décrit l’histoire du présent.

Depuis quelques années vous couvrez notamment les tournois du Grand Chelem pour France Info et France Inter, mais comment un historien de formation devient-il journaliste sportif?
Depuis l’âge de 13 ans j’ai toujours voulu devenir journaliste sportif. Je n’ai pas pu devenir sportif de haut niveau. Alors je me suis dis le seul moyen de côtoyer les «grands», c’est d’être journaliste. Le départ de tout cela est la passion pour le sport et le tennis en particulier. L’histoire faisait également partie de mes sujets préférés. J’adore l’histoire du sport et le sport, l’un dans l’autre j’ai réussi à trouver ce que je voulais faire. Faire de la radio c’est écrire l’histoire du présent.

Lorsque vous couvrez un tournoi, notamment du Grand Chelem, vos interventions nécessite-elles une préparation particulière avant le début des matches?
Je consulte les statistiques des joueurs, les face à face, leurs résultats de la saison, mais également le style de jeu… en quelque sorte je prépare une feuille de match, et tout ce qui peut alimenter un commentaire. Ces statistiques peuvent provenir de mes archives comme des informations distribuées au centre de presse des différents tournois que je peux couvrir, mais aussi des différents articles que je peux consulter sur Internet, et provenant de la presse écrite.

«Cela reste compliqué de faire vivre du tennis à la radio»

Votre journée type est-elle la même à Roland-Garros que pour les trois autres tournois du Grand Chelem?
Roland-Garros en tant que journaliste sportif c’est notre coupe du monde à nous. Même si tous les Grands Chelems sont importants, le French Open reste le plus exposé médiatiquement. Mes journées débutent vers 8h30, je lis la presse, j’essaye de consulter tout ce qui a pu être écrit. Puis je prépare ma journée avec les matches à venir par ordre chronologique, et en fonction de l’importance de la rencontre, je la prépare en m’appuyant sur mes statistiques… puis les directs s’enchaînent, à Roland-Garros il y en a un toutes les 30 minutes sur France Info. Après les matches, vient le temps des interviews, essentiellement les français dans un premier temps sans occulter les autres joueuses et joueurs.

Le tennis reste un sport imprévisible notamment en termes de durée, selon vous est-il important d’avoir une qualité d’improvisation dans les commentaires, à l’approche de la fin d’un set qui peut s’éterniser?
Ce n’est que de l’improvisation de toute manière. Lorsqu’un commentaire d’un match est à réaliser en direct comme je peux le faire sur France Info, ce dernier peut durer jusqu’à 2 minutes, ce qui est long en radio. L’importance n’est pas de décrire point par point, ce n’est pas pertinent pour l’auditeur. En revanche, revenir rapidement sur les faits du match, décrire la physionomie de la rencontre… reste plus intéressant. En revanche au moment d’une balle de break, de set ou de match, le commentaire peut se faire échange par échange. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé lors de la finale dames de Wimbledon en 2013.

«C’est important de rester humble. C’est un métier qui requiert beaucoup d’humilité»

En 2013 vous avez reçu de nouveau le Micro d’Or pour votre commentaire de la finale dames de Wimbledon entre Marion Bartoli et Sabine Lisicki. Que vous a-t-il apporté?
J’ai déjà eu ce prix en 2010 lors du fameux match opposant Nicolas Mahut à John Isner à Wimbledon, pour un sujet monté. A titre personnel cette nouvelle distinction ne m’a pas apporté grand chose, même si ça m’a fait plaisir. Ça m’a fait surtout plaisir que le tennis soit reconnu par ce biais là, car le tennis n’est pas très radiophonique, cela reste compliqué de faire vivre du tennis à la radio. Le fait de le faire pour les auditeurs, c’est là où réside ma principale satisfaction.

Avec l’avènement du numérique avez-vous déjà pensé à proposer une sélection de vos interviews sous ce format, agrémenté d’un contenu enrichi?
Ces interviews sont déjà disponibles sur le site Internet de France Info. Mais les rassembler afin que plus de personnes puissent profiter des interviews des champions, pourquoi pas. Mais pour cela, il faut trouver le bon média pour réaliser tout cela.

Quels conseils donneriez-vous à une personne souhaitant embrasser la même carrière que vous?
Je dirais qu’il est primordial d’être passionné. Il n’y a pas de talent particulier à avoir, en réalité il vient tout seul. Lorsqu’on peut vivre de sa passion c’est déjà bien. Je pense qu’il faut aussi croire en soi, essayer d’innover dans la mesure de ses possibilités, que ce soit dans les commentaires, les sujets des interviews… ainsi que mettre beaucoup d’enthousiasme dans ce que l’on fait, et surtout rester humble. C’est un métier qui requiert beaucoup d’humilité.

Propos recueillis par E-A