Jo-Wilfried Tsonga : «Ce moment restera dans ma mémoire»

Jo-Wilfried Tsonga : «Ce moment restera dans ma mémoire»

24 mai 2022 Non Par SoTennis

Jo-Wilfried Tsonga est allé au bout de lui-même à Roland-Garros. Mardi, au premier tour, le Manceau s’est incliné en quatre sets contre Casper Ruud, tête de série n°8. Son dernier match en simple de sa carrière.

Quelle est maintenant ton émotion la plus forte ? Qu’as-tu ressenti en fin de match avec cette standing ovation du public ?

La plus grosse émotion, elle a duré tout le long du match aujourd’hui et même après. C’était incroyable la façon dont le public m’a soutenu aujourd’hui. Ils m’ont donné de quoi me battre et c’est ce que j’ai fait. Aujourd’hui, le match a été bon pour moi mais, malheureusement, je n’ai pas terminé comme je l’avais souhaité. En tout cas, j’ai terminé sur le court en jouant comme je l’ai fait tout au long de ma carrière, c’est-à-dire à courir après chaque point. C’est vrai qu’il y a eu beaucoup d’émotion de mon côté et ce moment restera dans ma mémoire. D’une certaine façon, j’ai terminé comme je le souhaitais.

Vous avez dit un jour que le court était l’endroit où vous pouvez vraiment vous exprimer pleinement. Est-ce que vous pouvez peut-être nous dire ce que vous avez exprimé sur les courts ?

Dans la vie réelle, il est parfois difficile d’être intense dans ce que l’on fait, parce qu’on ne veut pas choquer les gens, on ne veut pas non plus être impoli, on ne veut pas faire de mal à qui que ce soit. A chaque fois, on essaie d’agir, je ne trouve pas les mots… d’agir pour être gentil, pour être sociable. Mais sur le court, au contraire, on peut exprimer sa fièvre, on peut exprimer tout ce que l’on veut en nous et je n’arrive parfois pas à trouver les mots en anglais, pour le mot libérateur. En anglais freeing.

Quels sont vous souvenirs favoris de votre carrière ? Et quelle est la chose la plus importante que le tennis vous a apportée ?

Pour moi, tous les moments ont été bons, tout le long de ce chemin. Chaque instant était bon à vivre, même les moments tristes, même les moments difficiles. Je ne peux vraiment pas dire qu’un jour a été mieux qu’un autre, parce qu’un jour on gagne Paris-Bercy et le jour d’après, on se sent encore bien, donc c’est encore une bonne journée. J’ai passé tant de bons moments. Et ce qui a compté le plus pour moi, c’était de vivre tout cela, entouré de personnes, de pouvoir partager, partager la tristesse parfois, parfois le bonheur. Ce dont je me souviendrai, ça c’est certain, ce sont tous les liens que j’ai tissés avec les personnes autour de moi. C’est ce qui restera.

Il y a un peu de tout dans ce match, un peu toute ta carrière résumée dans ce dernier match ?

Il y a de tout, il y a du scénario, il y a de la blessure, il y avait un adversaire en face très solide, parce que ça aussi, cela fait partie de ma carrière. Je pense avoir affronté des joueurs incroyables toute ma carrière, évidemment le top 4 mais pas seulement, d’autres aussi, Del Potro, Cilic, Wawrinka, Federer, tous aussi accrocheurs les uns que les autres. Aujourd’hui, c’est vrai que je suis content d’avoir joué contre Casper, parce que c’est un joueur qui est vraiment intense, qui a une vraie régularité dans ses résultats. C’est un joueur qui est solide et, pour moi, avoir été capable aujourd’hui de lutter contre un joueur solide, pour mon dernier match, c’est ce que j’attendais, c’est ce que j’attendais, c’est ce que j’avais envie de faire. J’avais envie de finir comme ça sur le court à tout donner, blessé ou pas. Quand je me suis fait mal, sur la balle de break pour mener 6-1 et servir au quatrième set, c’est vraiment sur le dernier coup droit où lui rate que je me fais mal, et quand je vais servir et que je me rends compte que je ne peux plus lever l’épaule, j’appelle le kiné, mais je me dis que de toute façon, je vais rester sur le court, je vais finir parce que c’est comme cela que j’avais envie de finir sur le court en donnant le maximum et je crois que là, je suis allé au bout. De toute façon, je crois qu’il n’y aurait pas eu de deuxième match, parce que j’ai tout laissé sur le terrain.

Qu’est-ce que vous savez de votre soirée, des jours prochains, des mois à venir et de la page qui s’ouvre, qui est une nouvelle vie ? Comment voyez-vous l’avenir à court, moyen et long terme ?

À court terme, je ne vous invite pas, parce que vous n’allez pas rentrer très bien chez vous… Au-delà de la plaisanterie, à court terme, je vais profiter avec mes amis, parce que beaucoup sont venus de loin pour me voir et pour fêter ça. Donc, je vais profiter un peu ce soir. Demain, je pense que je vais venir faire des examens, parce que je pense que je me suis fait très mal à l’épaule. Tout à l’heure, mon bébé m’a demandé de le porter, je n’y arrivais pas : ce n’est pas cool. La suite, ça va être de profiter un peu de l’été, qui arrive ici en Europe ; me reposer, continuer à développer l’Académie, avec Thierry ; continuer à organiser les tournois ATP, ici, en France ; essayer de profiter des gens que je n’ai pas pu voir toutes ces années, qui m’ont manqué.

Vous avez goûté une dernière fois à un grand match de haut niveau sur un grand court avec du public et beaucoup de ferveur. À la fin de votre carrière, qu’est-ce qui va vous manquer le plus de votre vie de joueur ?

Je pense que c’est ça, c’est l’adrénaline de monter sur un grand court comme ça, l’adrénaline quand tu as 15 000 personnes qui crient ton nom et te portent sur le terrain. En fait, ce qui s’est passé aujourd’hui pour moi est improbable, parce que j’avoue que je n’étais pas au mieux physiquement ces derniers temps. Aujourd’hui, franchement, et je l’ai dit avant, on va dire les deux, trois derniers jours, je me sens mieux, je ne me suis pas senti comme ça depuis très longtemps. Je pense que c’est grâce à tout ça en fait, c’est grâce à l’engouement, à tous ces gens qui me portent tous les jours, que ce soient les proches, les gens dans les gradins. Aujourd’hui, c’était la folie ! C’est une des plus belles ambiances que j’ai vécue dans ma carrière qui arrive sur mon dernier match. Je ne pouvais pas demander mieux. Je ne pouvais pas demander de meilleur scénario, hormis le fait que j’aurais pu gagner. C’est ce qui va me manquer, ce contact avec le public et avec aussi avec les gens que m’ont porté toutes ces années.