Léolia JeanJean : «Cela m’aide beaucoup à relativiser»

Léolia JeanJean : «Cela m’aide beaucoup à relativiser»

26 mai 2022 Non Par SoTennis

La belle aventure à Roland-Garros se poursuit pour Léolia JeanJean. La Française, wild-card, qui dispute pour la première fois un tournoi du Grand Chelem, s’est qualifiée jeudi pour le troisième tour en dominant la Tchèque Karolina Pliskova en deux sets (6-2, 6-2).

Est-ce que vous vous surprenez, d’un point de vue émotionnel, comme ça, de passer ?

Oui, je suis très surprise de garder mon calme, d’être aussi concentrée. Pour être honnête, je suis normalement quelqu’un qui s’énerve un peu, qui râle un peu. Je n’ai pas la meilleure des attitudes sur le terrain. Mais depuis que je suis arrivée ici, je pense que je me comporte bien, ce que je fais, c’est bien. Et donc, oui, je suis assez surprise de gérer aussi bien les émotions, surtout sur un court comme le Simonne MATHIEU. C’est la première fois que je joue sur un stade aussi grand, avec autant de monde, autant de monde qui m’encourage, etc. Très contente !

Vous dites que vous gérez vos émotions. Avez-vous envie de les savourer de cette façon-là ?

Oui, je n’ai pas envie de m’éparpiller en fait, de perdre un peu d’énergie, j’ai envie de dire… En fait, je suis quand même très tendue quand je joue, et donc, j’ai quand même le coeur qui bat assez vite. Et donc, c’est pourquoi j’essaie de bien respirer, de garder mon calme, de ne pas crier dans tous les sens, parce que pour le moment, je pense que ça me desservirait plus que cela ne m’apporterait quelque chose. C’est la manière dont j’ai envie de célébrer.

Tout ce que vous avez vécu, votre parcours finalement, est-ce que cela vous aide à un peu dédramatiser l’instant sportif en vous disant, il y a peut-être des choses plus graves dans la vie ? Vous avez as eu tellement de galères que finalement, vous avez une forme de distance par rapport à tout ce qui vous arrive ?

Sûrement. Je suis quand même très contente de ce qui se passe, mais avec la vie que j’ai eue, surtout les expériences de vie, je pense que cela m’aide beaucoup à relativiser et à sortir le meilleur de moi-même dans ce genre de moment.

Au niveau tennis pur, il y a encore trois semaines, vous n’aviez jamais joué contre une top 100, là, vous jouez une top 50, vous la batez en deux sets, puis une Top 10. Êtes-vous surprise de cela ?

Oui, très surprise. Celle que j’ai jouée au premier tour, la top 50, je ne pensais pas gagner. Aujourd’hui, encore moins. Ce qui me surprend, c’est le fait de voir que mon jeu les dérange autant, finalement. Je pensais que je serais prise de vitesse, que j’allais prendre des coups gagnants dans tous les sens, et finalement, ce n’est pas le cas. Même en termes de services, je pensais qu’elle ferait plus d’aces, que je serais beaucoup plus embêtée. Et oui, je suis très surprise, mais en même temps, très contente, parce que ça veut dire, finalement, que j’ai peut-être le niveau d’être à leur place aussi !

Ça fait un an et demi que vous vous êtes mis en tête de disputer ce Roland-Garros. Sur quoi avez-vous le plus bossé pour en arriver là ?

Surtout sur le physique. Aux Etats-Unis, j’avais quand même perdu un peu de condition physique, j’avais pris un peu de poids, ce n’était pas évident de revenir. C’est là où j’ai fait le plus gros travail. Après, tennistiquement, j’ai toujours joué comme ça. Forcément, on s’entraîne, on améliore deux ou trois lacunes que j’avais avant. Le gros point a été le physique et l’attitude, surtout.

Avec votre victoire, aujourd’hui (vendredi), dans le pire des cas, vous devrez être autour de la 150ème place mondiale. Même si c’est un peu tôt, vous êtes toujours dans le tournoi, mais comment voyez-vous la suite ?

L’objectif, c’était de rentrer qualif de Grand Chelem, pour Roland-Garros. C’est sûr qu’avec ce qui se passe, ça change un peu les plans. Ça change surtout la programmation, parce que j’étais repartie à faire des ITF, des 25, des 60. Là, finalement, je vais pouvoir faire des WTA, et donc ça change beaucoup. En vrai, je ne mets pas du tout de limite de classement, surtout quand je vois comment ça se passe là. Dans ma tête, c’était d’être top 100 et tableau de Grand Chelem. En vrai, je joue, et puis je vois comment ça se passe surtout !

Propos recueillis par E-A à Roland-Garros