La promesse Kokkinakis

22 juin 2015 Non Par SoTennis
Thanasi Kokkinakis Bordeaux 2015

©SoTennis

A 19 ans Thanasi Kokkinakis fait déjà partie des 100 premiers mondiaux (69e cette semaine), et compte à son tableau de chasse, quelques folles victoires. Avec sa bouille d’adolescent, et sa décontraction, l’Australien est en passe de devenir la nouvelle terreur du circuit ATP. Le natif d’Adélaïde poursuit ainsi son chemin avec ambition, sans se départir de son sourire, et de sa déconcertante simplicité d’approche.

Attablé au players’ restaurant de la Villa Primrose, Thanasi Kokkinakis est à la cool. Devant son assiette de pâtes, le teenager regarde avec intérêt le grand écran se trouvant à sa gauche. Dessus, est diffusé le tournoi de Rome, où Carla Suarez-Navarro est en plein match. Après s’être restauré, l’Australien se lève, vient saluer ses collègues et néanmoins rivaux, et se trouve un coin au calme pour refaire le grip de ses raquettes, avant d’aller disputer l’un des matches qui l’ont amené à la victoire finale, au challenger de Bordeaux, après être sorti des qualifications. Un tournoi qu’il a failli ne pas disputer. Alors qu’il tente de se rendre au Masters 1000 de Rome, pour y disputer les « qualifs », un incendie à l’aéroport italien a bloqué son vol, et l’a contraint de passer la nuit dans un fast food au sein de l’aéroport de Madrid. Il décide alors de se diriger vers la capitale girondine. Une semaine durant laquelle il va étrenner son nouveau classement, séduire le public, les organisateurs et les médias, notamment par son attitude, et par sa générosité. Comme en témoigne cette anecdote. Assis sur son banc après sa victoire en finale contre Thiemo de Bakker (6-4, 1-6, 7-6), Thanasi Kokkinakis savoure ce moment. Alors que la cérémonie de remise de prix se prépare, il aperçoit un ramasseur de balles auquel il fait signe. Haut comme trois pommes, le gamin s’approche pour recevoir des mains du vainqueur arborant un large sourire, l’un de ses poignets éponge.

Un nouveau cap

Thanasi Kokkinakis vainqueur au challenger de Bordeaux mai 2015

Thanasi Kokkinakis vainqueur au challenger de Bordeaux. ©SoTennis

Après un début de saison sur les chapeaux de roues, avec notamment une victoire en cinq sets (5-7, 6-0, 1-6, 7-6, 8-6), au premier tour de l’Open d’Australie (après avoir reçu une invitation) face à Ernests Gulbis (ndlr: 13e mondial à ce moment), lors du premier tour de la Coupe Davis, ramenant un point en simple, après avoir été mené deux sets à zéro face à Lukáš Rosol (il s’impose finalement 4-6, 2-6, 7-5, 7-5, 6-3), et au Masters 1000 d’Indian Wells où il parvient à remporter son premier match dans cette catégorie de tournoi, contre l’Allemand Jan-Lennard Struff, avant d’enchaîner face à l’Espagnol Guillermo García-López et l’Argentin Juan Mónaco, et où il s’incline contre son compatriote Bernard Tomic en huitièmes, ces “perfs” lui permettent de lui ouvrir les portes du Top 100. « C’est cool de faire partie des 100 premiers mondiaux à mon âge, il y a beaucoup de joueurs qui essayent de franchir ce classement. Mais c’est une petite marche vers là où je souhaite me retrouver » déclarait-il au soir de sa victoire au challenger de Bordeaux. Avec ses entraîneurs Todd Langman qui s’occupe de lui depuis ses 7 ans, et Jason Stoltenberg, « The Kokk » comme on le surnomme en Australie, trace sa route vers les sommets. « Il a tout pour figurer très rapidement dans le Top 50, dixit Jean-Baptiste Perlant, directeur du tournoi Challenger de Bordeaux et ancien joueur professionnel. Thanasi a déjà cette faculté de rester calme dans les moments importants d’un match, et à jouer juste, voire même à élever son niveau de jeu.» Car c’est bien là qu’il souhaite se retrouver, tout en haut de la hiérarchie mondiale, sans se départir d’une simplicité d’approche déconcertante, qu’il a hérité de son père Trevor et de sa mère Voula, qui ont veillé à lui inculquer une éducation basée sur le respect, la sincérité et la famille. Ainsi, avant de disputer le tournoi du Queen’s, il n’a pas hésité de faire un aller-retour express Londres – Adélaïde, pour rendre visite à sa grand-mère souffrante. Depuis ce titre à Bordeaux et son troisième tour à Roland-Garros, en sortant lors de son entrée en lice son compatriote Bernard Tomic après avoir été mené 2 sets à zéro, Thanasi Kokkinakis a passé un nouveau cap. Avec toute l’ambition qui l’anime, et une identité de jeu et une personnalité déjà très forte, l’Australien est l’un des prétendants à succéder à la génération Djokovic-Nadal. Alors à quand le pouvoir ?

Propos recueillis par E-A