Gilles Simon : «Des belles sensations»

Gilles Simon : «Des belles sensations»

26 mai 2022 Non Par SoTennis

Gilles Simon a signé face à Steve Johnson jeudi à Roland-Garros la 500e victoire de sa carrière sur le circuit ATP. Le Niçois s’est imposé en trois sets ( 7-5 6-1 7-6) affrontera au troisième tour Marin Cilic tête de série n°20.

Est-ce que vous pouvez comparer les émotions de ce soir (jeudi) à celles que vous avez vécues sur le court Simonne-Mathieu quand vous avez gagné contre Carreno-Busta ?

C’étaient des sensations différentes. Je pense que chaque match est différent. Le premier était vraiment spécial. C’était une atmosphère vraiment unique. Et ce n’est possible que quand vous jouez aussi tard, avec des fans qui sont assez fous pour rester aussi tard, pour regarder le match jusqu’à la fin. Donc, c’était vraiment un moment très, très particulier. Aujourd’hui (jeudi), sur le Central, c’était aussi très spécial, parce que le match était différent. J’étais très stressé. C’était plus difficile pour moi de communiquer avec le public. Je pouvais sentir qu’il était là, dès le départ, prêt à m’aider. Mais j’étais plus nerveux, plus impatient, et même parfois, je trouvais qu’il m’embêtait un peu, entre le premier et le deuxième service. Je me disais : « allez, calme-toi, c’est le dernier Roland-Garros, tu as tellement de chance d’être ici, profite de chaque instant ». Mais j’avais, moi, de l’énergie. J’avais un peu le match sous contrôle, pendant 2 sets et demi. Et je voulais juste garder cela jusqu’à la fin, où je n’avais vraiment plus d’énergie du tout, à la fin. La fin du match était très, très difficile. C’était difficile, mentalement, de terminer et de conclure. Mais à ce moment, j’ai réutilisé la foule, et on a retrouvé une excellente relation sur le court. C’étaient des belles sensations.

Avez-vous déjà vécu une telle osmose avec un public à Roland-Garros, et qu’est-ce que cela vous fait ?

Celle d’aujourd’hui, oui, une fois ou deux, j’ai eu quelques matchs qui se sont très bien passés. J’en ai fait un paquet, de Roland. Il y a quand même 2 ou 3 fois où cela s’est bien passé aussi. Et surtout, c’est de ma faute, aujourd’hui, mais j’ai des matchs où parfois, j’étais aussi plus disponible pour le public, qu’aujourd’hui. Aujourd’hui, j’étais vraiment dans la gestion de mon effort. J’ai commencé, j’étais ultra tendu. Cela part mal. Voilà quoi, tu es mené 1-0, 3-0, double break, tu sens que ça va être très compliqué. J’ai mis beaucoup de temps à me sentir bien. Et puis, quand j’ai pris l’ascendant, et quand j’ai réussi à retourner ce match, et qu’il était beaucoup plus à sens unique, déjà je voulais gagner et en fait, justement après, je ne voulais pas que l’on me gêne. J’avais presque envie de dire : c’est bon, je gagne tout va bien, taisez-vous, on continue jusqu’à la fin, et on passe à autre chose. C’est pour cela, aujourd’hui, j’étais dans de moins bonnes dispositions mentales par rapport à cela. Et puis honnêtement, l’atmosphère du premier tour était juste irréelle. Elle était juste incroyable. Il y avait beaucoup moins de monde, c’était la moitié du Simonne-Mathieu rempli au maximum. Mais c’était vraiment un truc… Chaque match est différent. Aujourd’hui, je suis très content de la performance. J’ai senti que les gens étaient là, mais de plus en plus en fait, c’est un truc que je sens d’une manière générale. Je n’avais pas eu la chance d’en profiter. Mais des matchs que j’ai vus, à Bercy, sur des derniers Roland-Garros d’autres joueurs, le dernier Bercy, des grosses, grosses ambiances pour les joueurs français, des ambiances que l’on n’a pas l’habitude d’avoir chez nous, qui au passage, ont l’air parfois même un peu de déranger. Les gens vont dire : “Ah non, mais là, c’était un peu trop.” J’ai envie de leur dire : “Vous ne vous rendez pas compte comme on se fait gueuler dessus depuis 15 ans quand on va jouer dans les autres pays.” Là, c’est juste normal. Parce que quand j’ai joué Kyrgios en Australie, les mecs te hurlent dessus, et pas des trucs sympas. Tu te fais insulter tout le match. Je l’avais même dit à l’arbitre, il m’a dit : “Je ne vais pas évacuer tout le stade.” J’ai dit : “Oui, on est d’accord”, donc c’est comme cela. Là, on n’en est pas du tout là. On a toujours un public qui est ultra respectueux, mais qui est plus chaud, je trouve, qu’avant, plus prêt à y aller, et « vas-y, on y va, on pousse ensemble ». C’est hyper agréable. Évidemment, ça fait tourner des matchs puisqu’évidemment, c’est important. Mais pour un joueur comme moi, qui a joué dans des ambiances où j’ai fait des Coupes Davis en Argentine, putain, là ce n’est pas l’Argentine encore. (Rires). Voilà quoi, je vois Franck au premier rang qui doit se rappeler du premier match contre Massu, voilà, ce n’est pas pareil. Tu ne la sers pas, ta deuxième balle – ta première. Je trouve que c’est cool. Malheureusement, aujourd’hui, je n’avais pas assez « d’énergie à dépenser » là-dedans. Je voulais être très concentré. J’ai un match que je sentais à ma portée. J’avais envie d’essayer de le finir le plus rapidement possible, et de ne pas perdre le fil avec ces choses-là, avec une ola qui durerait trop longtemps, ou des trucs comme cela. Je sais qu’ils sont là, je sens qu’ils sont là. C’est hyper agréable. Franchement, c’est vraiment top.

Comment vous sentez-vous physiquement, après ces deux matchs, et avant le troisième ?

Je ne sais pas. La récupération a été compliquée, forcément, surtout quand on finit tard comme cela, cela ne permet pas de faire une première récup tout de suite, juste après le match. Le plus important, cela reste de dormir, tout simplement. Finalement, cela laisse moins de temps. Hier, on avait le double aussi avec Hugo, qui a été compliqué pour nous. On ne voyait pas les balles. Il a fallu y aller, il a fallu jouer. Cela permet de voir dans quel état on est. Et on n’était pas bien, ni l’un, ni l’autre. Donc voilà, c’est forcément inquiétant. C’est toujours cela. Il y a un mélange d’excitation et d’inquiétude. C’est vraiment comme cela que je résume, pour moi, ce dernier Roland. J’ai des inquiétudes à beaucoup de niveaux, au niveau de jeu, au niveau physique, au niveau de douleur, ou physique de récupération, de tenir 3 sets, 4 sets, 5 sets etc., de tenir des gros efforts. Mais une excitation, parce que j’ai eu la chance de faire un super match, et un deuxième. Et là, j’ai la chance d’en faire un troisième. Et c’est mon dernier, donc j’ai envie d’en profiter un maximum. J’essaye de gérer, de trouver le bon équilibre là-dedans.

Propos recueillis par E-A à Roland-Garros.