Lloyd Harris: «J’ai pris beaucoup de confiance de ce match»
1 août 2023Entré dans le Top 50 en avril 2021, Lloyd Harris avait franchi les étapes vitesse Grand V. Quelques mois plus tard, après une victoire face à Rafael Nadal à Washington, le Sud-Africain atteignait son premier quart de finale en Grand Chelem, à l’US Open. Après une saison 2022 compliquée, où il a été contraint de se faire opérer au poignet droit, « The King », comme il est surnommé, retrouve peu à peu son niveau. Avec son franc-parler, l’actuel 186e mondial a bien voulu jeter un coup d’œil dans le rétroviseur et évoquer son présent, en toute décontraction.
La saison dernière a été marquée par votre opération au poignet droit, en juin, alors que vous étiez sur une « belle » lancée. Quel a été votre état d’esprit à ce moment-là ?
L’année dernière a été très difficile parce que je jouais avec ma blessure et c’était dans un coin de ma tête, genre : « Quand vais-je me faire opérer ? » J’ai essayé de retarder l’inévitable. Ensuite, après l’opération, je me suis senti tellement mieux, tellement plus heureux. J’étais finalement en accord avec moi-même. Pour revenir, le processus a été vraiment difficile. Ça a pris du temps, mais après sept, huit mois, je me suis dit : « Ok, là, je commence à jouer sans douleur. » C’était incroyable, parce que je jouais avec cette douleur (au poignet) depuis si longtemps. J’ai fait une très bonne intersaison et un très bon début d’année. C’était incroyable. Je n’aurais pas pu demander un meilleur départ. Janvier a été tout simplement fantastique, puis je me suis de nouveau blessé et j’ai dû me retirer au Challenger de Tenerife. Puis il y a eu des hauts et des bas. Quatre mois avec une blessure au fessier, je pouvais à peine rejouer, à peine m’entraîner. Maintenant, je joue depuis presque trois mois, sans douleurs. C’est agréable d’être de retour sur le terrain. Je reviens en pleine forme physique. Définitivement, revenir après une blessure, ce n’est pas facile. Ce sont beaucoup de tracas chaque jour. Il s’agit simplement de la façon dont vous travaillez, la façon dont vous vous construisez pour tenter de revenir là où vous étiez. Vous voulez finalement construire là-dessus. Mais oui, ce n’est pas un processus facile.
En 2021, vous avez gagné à Washington contre Rafael Nadal. Quelle place occupe cette victoire dans votre carrière ?
C’est probablement le meilleur souvenir de ma carrière. Un moment incroyable. Je l’ai toujours idolâtré toute ma vie. Je le fais encore. Il est probablement le meilleur compétiteur, si on ne parle que de tennis. C’était une nuit incroyable, une bataille incroyable. Et je pense que j’en ai tiré beaucoup de leçons, parce qu’ensuite, lors des deux semaines suivantes, j’avais joué du très bon tennis, j’avais très bien joué jusqu’à l’US Open, où j’avais eu, à l’US Open, mon meilleur résultat, jusqu’à présent, en Grand Chelem. Donc, évidemment, j’ai pris beaucoup de confiance de ce match et beaucoup de conviction de pouvoir jouer et tenir tête à un joueur légendaire comme ça. C’était tout simplement incroyable. Je pense que de tous les matchs que j’ai joués contre les grands, que j’ai gagné ou perdu, j’ai beaucoup appris et pris beaucoup de confiance pour la suite de ma carrière, ça, c’est sûr !
Lloyd OVERJOYED ?¬ワᄄ@lloydharris63 stuns Nadal 6-4 1-6 6-4 under the lights in Washington to reach the QF!#CitiOpen pic.twitter.com/qEmPHT8Psb
— Tennis TV (@TennisTV) August 6, 2021
En 2019, au 1er tour de Wimbledon, vous aviez pris un set à Roger Federer. Lorsqu’il est revenu cette année, cette fois comme spectateur, invité à la Royal Box, avez-vous regardé son retour ?
J’en avais entendu parler et j’avais envoyé un message à ma mère, en lui disant : « Tu dois allumer la télé. Tu dois aller voir. » Parce qu’elle est la plus grande fan de Roger. Lorsque je l’ai joué en 2019, c’était mon premier match du tableau principal à Wimbledon. C’était la première fois de toute sa vie où elle n’avait pas soutenu Roger. C’était un grand moment intimidant. J’avais fini par gagner le premier set. Il y avait eu beaucoup de drame dans les gradins du centre court, beaucoup de silence. Mais vous savez, la foule aime aussi un peu l’outsider, mais pas autant que Roger, c’est sûr. Oui, c’était juste une expérience incroyable. J’ai aussi beaucoup appris de ce match qui reste une défaite, mais c’était un moment très spécial dans ma carrière. Je ne l’oublierai pas. Définitivement pas.
Est-il vrai que votre surnom est « King » ?
Ouais, ce n’est qu’un surnom que j’ai, parmi mes coéquipiers de Coupe Davis. C’est juste en Coupe Davis. On a tous un petit surnom. Ce n’est pas quelque chose que beaucoup d’autres personnes connaissent ou m’appellent même ainsi.
Pourquoi « King » ?
Quand j’ai rejoint l’équipe de Coupe Davis, je battais tout le monde. Et tout le monde dans l’équipe était beaucoup plus âgé que moi. Ils avaient 26, 27 ans, ils étaient déjà établis. J’avais 17, 18 ans. Je commençais, à vraiment bien jouer, je les ai battus dans un tas de tournois. Et puis l’un des gars de l’équipe, c’est en quelque sorte celui qui a donné la plupart des surnoms, m’a dit : « On t’appellera King parce que c’est juste ridicule ce qui se passe en ce moment. » Nous avons tous eu des surnoms intéressants dans l’équipe. C’est bien.
Aimez-vous ce surnom ?
Comment pouvez-vous ne pas l’aimer (rires) ? Je suppose que c’est bien. De toute façon, je pense que même si j’avais un très mauvais surnom, je serais probablement d’accord avec ça parce que c’est juste pour les plaisanteries de Coupe Davis. Mais je ne peux certainement pas me plaindre. J’ai l’impression d’avoir eu de la chance avec le mien.
Est-il est exact que Tottenham, qui évolue en Premier League, est votre club préféré ?
Je n’ai pas grandi avec le football. Vraiment pas. C’était plus avec le rugby, le cricket, l’athlétisme et le tennis. Cela fait probablement huit, neuf ans que j’ai commencé à suivre beaucoup de football, d’ailleurs, je viens aussi de me lancer dans la Fantasy Premier League. Un jour, lorsque j’étais en Angleterre, pour disputer un tournoi, le club de Tottenham a attiré mon attention, avec sa dynamique d’équipe. J’ai, aussi, beaucoup aimé certains de leurs joueurs. Heung-min Son, Harry Kane. J’ai acheté le maillot et tout ce qui va avec. Cela fait huit ou neuf ans que je les soutiens et nous n’avons toujours pas gagné le trophée, donc j’attends toujours que les gars remportent le titre. Mais je suis un fan inconditionnel, c’est sûr.
Actuellement, avec Ons Jabeur, pour la Tunisie, Mayar Sherif, pour l’Egypte, et vous qui venez d’Afrique du Sud, le continent africain est représenté au plus haut niveau sur le circuit WTA et ATP. Que vous inspire l’éclosion du tennis africain ? Vous considérez-vous comme une source d’inspiration ?
J’ai l’impression qu’il y a eu une bonne quantité de meilleurs joueurs africains ces derniers temps. Nous avons eu beaucoup de gars qui ont plutôt bien réussi. Avec Malek Jaziri dans le top 100 durant longtemps, Mohamed Safwat, qui frappait à la porte du top 100 et 200 depuis longtemps. Nous avons eu Kevin (Anderson), qui a été notre vaisseau-amiral pour l’Afrique du Sud pendant très longtemps (ndlr : entretien réalisé avant l’annonce du retour sur le circuit ATP de Kevin Anderson). Le fait que j’ai pu avoir d’assez bons résultats, au cours des deux dernières années, et que j’ai en quelque sorte succédé à Kevin, peut avoir une grande influence sur le tennis dans mon pays et cela peut simplement le faire avancer et créer, un grand goût pour le tennis, en particulier parmi les enfants, parmi les fans, parmi n’importe qui, quiconque est assis devant la télévision en regardant par exemple Wimbledon… J’espère montrer un bon exemple et être un bon modèle pour les enfants. Je pense que c’est très important. Pour moi, c’est un sport qui me passionne. Donc, plus il y a d’enfants, plus les gens peuvent jouer au tennis, mieux c’est.
Propos recueillis par E-A