
Nicolas Mahut : «Le maître mot, c’est vraiment le plaisir»
21 mai 2025Fin avril, Nicolas Mahut avait annoncé qu’il tirera sa révérence au terme de cette saison. Pour l’accompagner dans cet épilogue, l’Angevin, qui n’avait plus joué de match officiel depuis Wimbledon 2024 en raison d’une blessure, a retrouvé, pour le plaisir, son partenaire de double Pierre-Hugues Herbert. Avec authenticité, le quadragénaire a pris de son temps, lors du récent tournoi Challenger de Bordeaux, pour nous raconter l’importance, pour lui, de conclure sa carrière côté court et comment il envisageait, sa vie d’après.
Quel a été votre cheminement pour tenter de soigner votre blessure et ce retour sur les courts ?
La première étape a été d’appréhender cette blessure et de me rendre compte de sa gravité. J’ai beaucoup forcé pour tenter de me qualifier pour les Jeux olympiques (de Paris 2024). J’avais eu une blessure en fin d’année 2023, que j’ai essayé de soigner, mais j’ai été embêté en début d’année 2024. Finalement, lorsque le coude allait mieux, j’ai eu cette hernie aux cervicales qui est apparue la veille de la finale du double au tournoi Challenger de Bordeaux. J’ai fait le maximum pour jouer Roland-Garros et Wimbledon, mais cela a été très compliqué. À partir de là, j’ai pris le temps de consulter des chirurgiens, des médecins avec Vincent Guillard (ndlr : médecin fédéral et référent traumatologie à la Fédération française de tennis) qui a été très présent, à ce moment-là, à mes côtés. J’ai vu des médecins qui m’ont conseillé l’opération, mais c’est quelque chose que je redoutais un petit peu. Parce que c’était au niveau des cervicales, c’était compliqué. Pendant deux mois, les douleurs étaient très vives. Avec très peu de sommeil. J’ai décidé de prendre le temps et de ne pas me faire opérer. Il y avait un risque que je ne puisse pas rejouer, car c’était une grave blessure. Au même moment, parallèlement, je m’étais inscrit à la formation d’entraîneur de haut niveau, qui était au mois d’août. À partir du mois de septembre, il y a eu une bonne évolution. Je n’ai plus ressenti de douleur au quotidien. Cela a été assez encourageant. Néanmoins, progressivement, à la reprise de l’entraînement, le corps ne réagissait pas forcément très très bien, du moins pas aussi bien de ce que je voulais et comme j’avais beaucoup d’activité en parallèle, le commentaire pour Eurosport, la formation d’entraîneur et mon tournoi à Angers (ndlr : WTA 125 dont il est le directeur), cela a décalé ma reprise. Je voyais que physiquement, c’était compliqué. À partir de ce moment-là, je n’avais plus qu’un objectif, cela s’est un peu imposé à moi, je me suis dit : « Il va falloir réussir à revenir en forme pour pouvoir arrêter sur le terrain. »
.@nmahut prépare la der des ders…
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Cette formation d’entraîneur l’aviez-vous en tête avant cette période ?
C’était assez éloigné, j’étais encore joueur, je commençais le commentaire pour Eurosport. Mais comme je déteste être inactif, c’est un peu l’opportunité qui a fait que j’ai accéléré. C’est-à-dire que c’est arrivé pendant ma blessure. Je ne savais pas combien de temps, j’allais être éloigné des terrains. C’était aussi au même moment que mes deux copains de promotion Pau-Henri Mathieu et Julien Benneteau effectuaient cette formation par rapport à leurs obligations en tant que capitaine (de l’équipe de France de Coupe Davis et de Billie Jean King Cup). Tout cela m’a permis certes d’être loin des terrains, mais d’être très occupé et de na pas trop ruminer afin que cela ne soit pas trop difficile.
Entraîner un joueur, est-ce l’un de vos souhaits ?
Je laisse toutes les portes ouvertes. Je suis assez curieux, j’ai envie de voir ce qui me plaît. Je sais que j’ai besoin d’objectifs. La transmission m’intéresse énormément. De quelle manière ? Je ne sais pas encore. En début d’année, j’ai accompagné Adrian Mannarino, parce que c’est un copain, et il était dans ce besoin. Ce n’était pas pour moi un projet d’être entraîneur. C’était plus un accompagnement. D’un côté, j’ai commencé le commentaire, cela me plaît et je veux voir ce que cela donne. J’ai envie aussi de faire grandir mon tournoi. J’ai eu mon diplôme, les examens étaient la semaine dernière (ndlr : entretien réalisé le 14 mai 2025) et je suis content de l’avoir obtenu. Aujourd’hui, je suis entraîneur, je peux postuler à des postes qui requièrent ce diplôme. C’est aussi pour cela que je l’ai fait. Honnêtement, cela a été beaucoup plus chronophage de ce que je pensais. Il demande un contenu qui demande beaucoup de temps, d’investissement. Dans ces circonstances-là, je ne sais pas si je le referais, en tout cas, j’aurais moins d’activités en parallèle. J’avais peur de l’inactivité. Durant sept mois, je n’ai pas été déçu.
Ce retour, est-ce une façon de « soigner » sa sortie ?
Malgré tout, j’ai le sentiment que j’ai subi ma fin de carrière. Ce n’est pas cette fin de carrière que j’aurais aimée. De toute manière, j’ai le sentiment que cela ne pouvait pas se passer autrement. J’ai une telle passion pour ce sport et pour ce jeu, qu’à 43 ans, j’avais toujours cette passion pour jouer. C’est mon corps qui m’a dit : « C’est plus possible. Je t’ai laissé pendant plus de trente ans, maintenant, c’est le moment d’arrêter. » Je pense que j’ai poussé un peu loin et que physiquement, je ne suis plus capable de continuer. L’idée, c’est de pouvoir refaire les efforts nécessaires pour avoir un niveau décent et de terminer de belle manière, en tout cas sur le terrain. Pour moi, c’était très important de ne pas finir à l’infirmerie. Ce n’est jamais évident pour un athlète d’arrêter sa carrière, même si on a d’autres projets et qu’on a le sentiment de pouvoir passer à autre chose, cela reste plus de trente ans d’une vie. Il faut refermer ce chapitre et je voulais le refermer sur le terrain et d’une manière personnelle. Lors des tournois qui me plaisaient pour pouvoir vraiment basculer à l’après, même si quelque part depuis un an, j’ai commencé à construire ma vie différemment.
Est-ce possible de négocier avec soi-même lorsqu’on ressent que physiquement, cela décline ?
J’apprends à être un peu plus indulgent avec moi-même. Ce qui m’a poussé à jouer aussi longtemps, en double, c’est que j’avais toujours des objectifs pour remporter des grands tournois. Même si lors les deux dernières années, je n’ai pas réussi à remporter un Grand Chelem, en 2023, avec Pierre-Hugues Herbert, nous étions en demi-finale de l’US Open. En 2024, j’avais encore des ambitions élevées. Même si je ne gagnais pas, je sentais que je restais compétitif et dans la course pour gagner des titres. Aujourd’hui, je ne fais pas la course pour gagner les grands tournois. Cela ne m’intéresse plus. Par conséquent, la motivation est plus difficile à aller chercher. Il faut accepter qu’actuellement, je n’ai plus le même niveau. Il faut accepter que je sois plus capable d’évoluer au même niveau. L’objectif est d’être suffisamment en forme, pour pouvoir essayer de disputer quelques tours, prendre du plaisir sur le terrain et surtout pouvoir disputer mon dernier Roland-Garros auprès de Pierre-Hugues. Lorsque je lui ai dit que c’était mon dernier, il a tout de suite dit oui. C’était pour moi extrêmement important, car il fait partie de mon entourage proche et c’est quelqu’un qui a énormément compté dans ma vie et dans ma carrière.
Avec Pierre-Hugues, comment se sont passées vos retrouvailles ?
Potentiellement, Roland-Garros pourrait être le dernier, je ne sais pas, je ne peux pas m’aventurer, mais en tout cas, on s’est préparé pour ça. Et dans notre préparation de Roland-Garros, on voulait aussi se retrouver ici à Bordeaux, pour passer du temps sur le terrain ensemble (ndlr : éliminés au stade des quarts de finale. La semaine suivante, ils ont reçu une wild-card pour l’ATP 250 de Genève). Là, le maître mot, c’est vraiment le plaisir. Je sais qu’à un moment donné, quand cela sera le dernier match, il y aura l’émotion qui arrivera, en raison de tout ce qu’on a fait ensemble, et pour ce qu’il m’a apporté. Pour moi, c’est extraordinaire. De pouvoir se retrouver, retrouver ces automatismes. Quand on est ensemble sur le terrain, il y a une sorte d’alchimie naturelle. Il y a une sorte de bien-être et de plaisir. On a simplement envie de passer du bon moment ensemble. Évidemment, nous savons qu’on ne va pas se mêler à la course au titre, mais peu importe, on va jouer ce premier tour. Peut-être que ce sera le dernier à Roland-Garros, mais on va tout faire pour aller le plus loin possible, partager du bon temps ensemble, essayer de communiquer avec les personnes qui viendront nous voir, et garder une belle image de notre association.
Nicolas Mahut et Pierre-Hugues Herbert au Challenger de Bordeaux / ©SoTennis
Dans son autobiographie, Getting a Grip, Monica Seles, avait évoqué, entre autres, son long travail sur elle-même pour parvenir à remodeler son identité en dehors de son statut de championne. Comment envisagez-vous cette nouvelle vie sans l’étiquette de joueur professionnel ?
Je me suis efforcé tout au long de ma carrière d’être assez authentique, d’être moi-même sur un terrain ou en dehors. Donc je n’ai pas peur de ça, parce que, de toute manière, je serai moi-même. J’ai le sentiment d’être la même personne dans ce que je vais pouvoir faire comme métier après cette carrière de joueur professionnel. Donc ce n’est pas une crainte. Ce qui est difficile, c’est de se dire, qu’il n’y aura plus la même adrénaline, plus la même préparation, et quelque part aussi, c’est un peu un soulagement. Ça devenait difficile quand même d’aller tout le temps à l’entraînement, d’avoir cette hygiène de vie, de se dire : « Je n’ai pas dormi suffisamment cette nuit, parce que j’ai fait un dîner un petit peu tard, donc il faut que je le rattrape ». Je vais pouvoir vivre différemment, être un peu plus allégé, tout en restant la même personne dans mon travail. Si à un moment donné, je suis amené à entraîner, cela sera avec mes convictions, avec mes doutes aussi, avec ma force de travail et d’apprentissage. J’ai toujours envie d’apprendre, de progresser. J’ai le sentiment que je vais rester le même. C’est juste que je vais devoir apprendre, certainement, à me retrouver dans de nouvelles situations, qui seront, parfois, peut-être stressantes. Mais elles seront enrichissantes.
En simple, vous êtes parvenu à remporter quatre titres (‘s-Hertogenbosch en 2013, 2015 et 2016 et Newport en 2013). Aujourd’hui, alors que s’amorce votre épilogue, quel regard portez-vous sur ce parcours ? Êtes-vous satisfait de vous-même ?
Je pense que j’aurais pu faire mieux. J’aurais aussi pu faire moins bien. Ce que j’ai aimé, c’est ma persévérance. Et c’est ça que je vais retenir. J’avais le sentiment assez profond que si je n’avais pas gagné de Grand Chelem en double, je n’aurais pas réussi ma carrière. Déjà, j’ai mis longtemps avant de prendre conscience que j’étais capable de gagner un Grand Chelem. J’avais un manque de confiance en moi, donc ça, ça a été difficile. C’est d’ailleurs grâce à mon association avec Michaël Llodra qui m’a poussé, qui m’a fait prendre conscience que je faisais partie de cette catégorie de joueurs qui pouvaient prétendre à gagner des titres en Grand Chelem. C’était assez tard dans ma carrière. Et puis à partir de là, pour moi, c’est devenu pratiquement une obsession. Et quand on a commencé à jouer ensemble avec Pierre-Hugues , c’est devenu mon objectif. Même si à ce moment-là, j’ai atteint mon meilleur classement en simple (ndlr : 37e en mai 2014), c’était vraiment ça. Ce que je retiens, ce que j’ai aimé, c’est cette recherche d’être le meilleur possible. J’ai fait des erreurs. Je me suis parfois perdu en chemin. Mais j’ai sans arrêt essayé de chercher à être meilleur, à atteindre des objectifs. Peut-être que si j’avais fait des choix différents plus tôt dans ma carrière, j’aurais eu une meilleure carrière. Je ne sais pas. En tout cas, je n’ai jamais cessé de vouloir être le meilleur. Pour moi, ça, c’est déjà une vraie satisfaction. Après, en termes de palmarès, il y a plein de joueurs qui ont eu une meilleure carrière que moi. Il y en a plein aussi qui en ont eu une moins bonne. Je suis satisfait aussi parce que, pendant longtemps, on m’a aussi associé au beau perdant. J’avais perdu cette finale aux Queens, avec une balle de match (ndlr : en 2007 face à Andy Roddick, tête de série n°2). J’ai perdu, évidemment, à Wimbledon, mon match face à John Isner (ndlr : lors de l’édition 2010), qui, évidemment, a marqué l’esprit des gens. Je le conçois, parce que c’est un fait marquant de ma carrière. Et certainement, ceux qui ne sont pas amateurs de tennis me connaissent à travers ce match-là.
Et ça, est-ce que ça vous agace ?
Non, c’est une fierté. Parce que c’est un grand moment dans ma vie. Pas seulement de joueur de tennis, mais dans ma vie, c’est un grand moment. Ça a façonné qui je suis devenu par la suite. Si j’ai gagné après, c’est grâce à ce match aussi, en partie. Donc, je suis très fier de ça. Je suis très fier d’avoir mon nom inscrit sur une plaque à Wimbledon, parce que je n’étais pas assez fort pour le gagner en simple et avoir mon nom gravé. En revanche, j’ai fait quelque chose de spécial. Et sur le court 18, il y a quelque part mon nom associé à celui de John Isner. Quand je viens et que je suis avec mon fils, j’ai cette fierté de passer à côté de ce court. En revanche, je le suis devenu parce qu’après, j’ai réussi à gagner. Cela aurait été très difficile pour moi d’être associé en permanence à, quelque part un événement marquant, mais qui est une défaite. Que ce soit cette finale au Queen’s, que ce soit celle-là, où lors de ma première finale de Roland-Garros en 2013, en double, avec Michaël Llodra, où nous avions perdu 7-6 au troisième set contre les Bryan, même s’il étaient numéro un mondiaux. C’était pour moi beaucoup de défaites. J’avais besoin, en tant que personne, à titre personnel, de gagner. Donc, j’ai gagné… Aujourd’hui, c’est assez anonyme, mais j’ai gagné quand même sur le circuit (ATP) 4 titres.
Comment ça, c’est anonyme ?
Dans une manière globale, quand on regarde cette carrière, bon, j’ai 4 titres en simple. Je mesure bien ma place par rapport à ceux qui ont marqué l’histoire du jeu. En revanche, en tant que joueur de tennis, je me dis : « ok, j’ai réussi ça. » J’aurais aimé faire plus de deuxième semaine en Grand Champs. J’ai réussi à en faire une malgré tout (ndlr : huitième de finale à Wimbledon en 2016). Pour moi, c’était important de pouvoir le faire. Et puis surtout, d’arriver à gagner les Grands Champs en double et d’atteindre cette place de numéro mondial (ndlr:en juin 2016). Pour moi, ça, c’était important. Aussi, j’ai voulu jouer au tennis pour gagner la Coupe Davis. C’est ça qui m’a poussé. Il fallait que j’arrive à gagner d’une manière ou d’une autre la Coupe Davis. On a réussi à le faire dans des circonstances un peu particulières, mais la Coupe, elle est à la maison. Et quand je me retourne, je me dis, j’ai quand même réussi à faire certaines choses.
Tout au long de votre carrière, vous avez aussi, parfois, avalé de sacrées couleuvres. Comment êtes-vous parvenu à traverser ces moments ?
Je pense que j’ai une telle passion pour ce sport, que c’est ça qui a fait la différence. Mais il y a des cicatrices, ça laisse des traces. Mais ça fait aussi partie du parcours, ça permet de se renforcer, ça permet souvent de se refixer des objectifs pour basculer vers autre chose. Ça m’a souvent servi… En 2017, la finale de Coupe Davis que je n’ai pas jouée, ça a été une épreuve. Malgré tout, la France a gagné et c’est ce qu’on retient. Mon cas personnel était très secondaire. C’était une déception très forte, très personnelle. Un an après, je me suis retrouvé sur le court pour rejouer à nouveau ce qui pour moi était la dernière finale de Coupe Davis, avant que la compétition ne change (de format). Même si on a perdu cette finale, j’ai eu cette émotion d’être sur le terrain lors d’une finale de Coupe Davis. Chaque joueur, à un moment donné, doit faire face à des déceptions et à des moments un peu difficiles. Je ne sais pas si j’en ai eu plus que d’autres, mais en tout cas, je pense que c’est cette passion qui m’a permis de rebondir à chaque fois.
L’an dernier, sur le circuit ATP, de nouvelles règles ont été expérimentées pour le double. Les organisateurs de l’US Open ont annoncé que lors de la prochaine édition du Grand Chelem new-yorkais le double mixte va se retrouver la semaine des qualifications. Que vous inspirent ces changements ?
Pour le double mixte, ce qui me gêne, ce n’est pas tellement le moment où c’est placé, mais c’est la manière de sélection. Il n’y a plus de classement. Je crois qu’il y a 8 wild-cards (ndlr : seize paires participeront à ce tournoi. Huit sur la base de leurs classements combinés en simple et huit grâce à une invitation. Le tout avec des matches en deux sets de quatre jeux et tie-break à 4-4). Pour moi, la manière dont c’est fait, c’est que ça devient plus une exhibition qu’un tournoi qui est mis en place. C’est une manière pour les joueurs de simple de s’entraîner. Mettre ce double mixte cette semaine-là, ça ne me dérange pas plus que ça. Mais dès lors que les joueurs, avec leur classement, leur mérite, peuvent y participer. Peut-être également augmenter un peu plus les wild-cards. Mais là, tout de suite, la transition a été pour moi un peu forte. Le message qu’on envoie, ça veut dire vraiment qu’on ne veut plus vraiment de cette compétition. On veut s’en servir comme une exhibition. Cela fait penser un peu au trophée des légendes, mais en double mixte. Je trouve qu’il faut faire attention. Il faut respecter aussi les traditions et l’histoire du jeu. Le double fait partie de l’histoire du jeu. On a commencé à jouer au tennis en simple et en double. Et il y a une vraie menace autour du double aujourd’hui. Et il faut faire attention. Je comprends aussi au niveau économique la position des directeurs du tournoi. Mais il ne faut pas non plus oublier l’histoire du jeu. Et le double fait clairement partie de l’histoire du jeu.
À la fin de votre livre (ndlr : Le match de ma vie, avec la collaboration de Philippe Bouin, publié en 2011 aux éditions prolongations), il y a une photo de vous enfant, sur l’un des courts de votre club à Beaucouzé. Si, aujourd’hui, vous pouviez vous adresser à ce Nicolas, qu’est-ce que vous lui diriez ?
Je lui dirais, tu n’es pas au bout de tes surprises. Tu vas vivre quand même une sacrée aventure. Ça ne va pas être drôle tous les jours, mais quelle chance tu vas avoir. Vraiment, quelle chance tu vas avoir. Et profite, parce que ça passe vite. Je lui dirais tout ça. À ce moment-là, ma maman était encore là (ndlr : décédée en 2005. Le 10 décembre 2022, la municipalité de Beaucouzé a donné le nom de Brigitte Mahut, investie pour la commune, à sa nouvelle halle de tennis, en présence de Nicolas Mahut, son père et son frère). C’est énormément aussi grâce à elle que j’ai pu faire cette carrière-là. Donc, je lui dirais de profiter des instants qu’il a avec sa maman.
Et au moment de raccrocher, vous penserez à elle aussi…
Oh oui, très certainement (ému) !
Propos recueillis par E-A le 14 mai 2025 au BNP Paribas Primrose