
Nicolas Mahut : «Très honnêtement, je ne pouvais pas espérer mieux»
30 mai 2025Nicolas Mahut a disputé son dernier match à Roland-Garros. Associé à Pierre-Hugues Herbert, les Français se sont inclinés, au premier tour jeudi soir sur le court Simonne-Mathieu, face à la paire italienne Bolelli-Vavassori (7-6 [2], 6-2). Après la rencontre, l’Angevin a reçu des mains d’Amélie Mauresmo, directrice du tournoi, et Gilles Moretton, Président de la Fédération française de tennis, un trophée honorifique.
Comment avez-vous ressenti à titre personnel ce moment, sur ce court Simonne-Mathieu ?
On avait vraiment envie que ce ne soit pas le dernier. Donc, on s’est préparé pour gagner le match, comme on le fait à chaque fois. Évidemment, moi, je suis arrivé avec très, très peu de préparation. J’ai commencé à reprendre l’entraînement il y a un mois, alors que j’avais pratiquement 10 mois d’arrêt. C’était donc assez compliqué. Malgré tout, depuis Bordeaux, c’était plutôt bien. Après, une blessure à Genève qui a retardé cette semaine de préparation. Le tournoi a fait en sorte que l’on joue le plus tard possible. Après, sur ce match, moi, je suis content d’avoir terminé sur le Simonne-Mathieu. J’ai fait mon dernier simple sur ce court. J’ai fait mon dernier double. C’est un peu… Je termine la boucle comme il fallait. Il y a eu des discussions. Vraiment, je remercie Amélie, Stefan* et le Président, quand j’ai annoncé assez tardivement que ce serait ma fin de saison, même si ce n’était pas une grosse nouvelle, tout le monde s’y attendait, ils m’ont tout de suite appelé. Ils voulaient faire une cérémonie. Ils voulaient, de préférence, que j’aille sur le Central, pour faire comme d’autres joueurs.
En tout cas, ils ont respecté ma volonté. Pour moi, c’était très important d’être sur le court, d’être avec Pierre-Hugues. C’était magnifique. On a réussi à avoir un bon court. Ils ont fait en sorte d’avoir la programmation pour avoir un beau terrain. C’était soit le 14, soit le Simonne-Mathieu. Très honnêtement je ne pouvais pas espérer mieux. Évidemment, on aurait aimé gagner, aller loin dans le tournoi, mais la manière dont je suis arrivé, un peu diminué et puis l’équipe que l’on avait en face, c’était difficile. En tout cas, j’ai eu quelques larmes, mais j’étais très heureux.
— So Tennis (@sotennis1) May 29, 2025
Pierre-Hugues, cela a été une sacrée journée. Qu’est-ce qui a été le plus dur : les trois heures contre Fonseca ou de remettre le couvert un peu plus de deux heures après et les émotions de ce soir ?
Ce double m’a permis de passer assez rapidement à autre chose. De toute façon, je lui avais envoyé un petit message avant le match. Quoi qu’il arrive, je le rejoignais après. Je voulais que ce soit une fête pour Nico, pour nous, pour moi, pour les gens qui venaient sur ce match. Après, c’est sûr que je suis arrivé un peu entamé, parce que c’était assez physique comme match contre Fonseca et c’était bien le « bordel » sur le terrain aussi. Je suis juste heureux d’avoir pu jouer ce Roland-Garros, d’avoir pu terminer à Roland-Garros aux côtés de Nico, avec tout ce que l’on a pu vivre ensemble depuis toutes ces années. Et cela m’a fait énormément plaisir, comme les deux derniers tournois où on a partagé le terrain, à Bordeaux et à Genève. Ce sont des moments qui me rappellent, peut-être, mes plus beaux souvenirs en carrière. Donc, c’est un vrai bonheur. Il y avait, de toute façon, l’énergie. Là, je suis bien « cané » quand même.
Pierre-Hugues, concernant votre match de simple contre Fonseca, c’est un joueur dont on parle de plus en plus, et qui impressionne. Est-ce que sa qualité de balles vous a paru quelque chose de spécial et notamment son coup droit qui fait beaucoup de bruit ?
Je ne vais pas être le premier, mais oui, il se passe quelque chose quand il lâche son coup droit à fond. Il en a fait deux dans le tie-break du second en retour, qui ont bien traversé l’air à une bonne vitesse et qui m’ont bien traumatisé sur ce deuxième tie-break. J’avais l’impression, en tout cas, que j’avais élevé mon niveau de jeu sur ce deuxième set. Oui, franchement, c’était quelque chose, l’ambiance. C’est vrai que j’ai fait énormément de challengers ces derniers temps, je ne suis peut-être plus habitué à ce genre d’ambiance. Cela m’a fait un poil penser à la fois où j’avais joué Roger à HALLE où c’était complètement différent. Là, c’était une ambiance très particulière. C’est vrai que je trouve que c’est un joueur très particulier, de par déjà sa maturité à son âge et son caractère, parce que j’ai l’impression de l’avoir poussé dans ses retranchements, notamment sur ce second set et il a su répondre présent et me faire une fin de tie-break assez monumentale.
C’était votre dernier double ensemble à Roland-Garros, mais quelle est la suite du programme ?
Nicolas Mahut : «Normalement, je devais jouer Hertogenbosch avec Ugo Humbert. Voilà pour la suite du programme. Wimbledon avec Quentin Halys parce qu’avec Pierre-Hugues, on ne rentrait pas. Après, peut-être Gstaad avec un Suisse. Et peut-être l’US Open, je ne sais pas encore. J’ai un classement protégé. Après, si je suis en forme, je vais essayer de terminer à Paris, et voir si l’on peut terminer à Paris ensemble ou pas, mais cela dépendra de beaucoup de choses, de la Coupe Davis.
C’est notre dernière Roland, c’est sûr et potentiellement, je n’espère pas le dernier match. J’espère que l’on rejouera ensemble, mais on ne sait pas du tout.»
Nicolas, vous avez commencé le match strapé à la cuisse. À 4/3, vous êtes fait un peu plus mal. Est-ce que, dans votre tête, vous étiez prêt, quoi qu’il arrive, à finir le match, même sur une jambe ?
J’étais sur une jambe et demie déjà pendant un set et demi, mais, oui, de toute manière, il aurait fallu vraiment que je ne puisse plus marcher pour ne pas terminer ce match. Ce n’était, pour moi, pas concevable de ne pas terminer ce match, de toute manière. Je savais que j’arrivais un peu juste avec ma blessure. J’avais une petite lésion musculaire à Genève, c’était un peu la course contre la montre. Ce match a relancé la douleur. Après, j’ai serré les dents. J’aurais, de toute manière, quoi qu’il arrive, terminé le match.
Propos recueillis par E-A à Roland-Garros