
Arthur Fils : «Ça restera l’un des meilleurs cinq sets de toute ma vie»
29 mai 2025Arthur Fils s’est qualifié pour le troisième tour de Roland-Garros. Jeudi, sur le court Suzanne-Lenglen, le Français, tête de série n°14, touché au dos, a battu l’Espagnol Jaume Munar en cinq sets (7-6 [3], 7-6 [4], 2-6, 0-6, 6-4).
Vous avez quitté le court il y a trois heures (au moment de sa conférence de presse). Est-ce que vous pouvez nous raconter ces trois dernières heures pour toi ?
Bain de glace avec un peu de chaleur. Ensuite, un peu de kiné, massage. J’ai mangé également. Et maintenant je suis là. J’ai également vu ma famille.
Comment vous sentez-vous ?
Un peu fatigué pour être honnête. Un peu naze, mes jambes sont lourdes mais ça va. Je pensais que ça allait être pire mais ça va. Je me sens bien. Il faudrait voir ça demain matin quand je me réveillerai, mais tout va bien.
Vous avez eu des difficultés avec votre dos, n’est-ce pas ?
Oh oui ! J’ai eu mal au dos ; j’ai des problèmes de dos mais depuis ma jeunesse, j’ai donc l’habitude. J’ai également des crampes. Donc, un peu de tout. Le mélange n’était pas très bon.
Comment c’était pour vous d’avoir cette expérience de ce cinquième set, d’entendre le public qui commençait à chanter l’hymne national à 5-4 ?
C’était formidable ; c’était incroyable. Je n’ai jamais vu ça. J’ai déjà joué à Bercy mais je n’ai jamais vu ça avant. C’est le meilleur court du monde. Le public m’a vraiment poussé à gagner ce match, parce que si j’avais joué ce match en Asie ou ailleurs, je ne suis pas certain que j’aurais terminé le match et encore moins certain de le gagner. Aujourd’hui, avec le public, avec tout, j’y suis parvenu. J’ai eu de la chance, mais c’est comme cela.
Saviez-vous que vous aviez en vous autant de résistance ?
Je suis un dur. Je peux te raconter ça. Je le sais de par mon éducation. Mes parents m’ont vraiment poussé lorsque j’étais plus jeune. Je sais ce dont je suis capable. Aujourd’hui, c’était beaucoup pour moi à digérer mais je savais que j’allais me battre juste qu’au bout. Je perds parfois, je gagne parfois, mais au moins je me bats et puis je verrai.
Votre prochain match face à Andrey Rublev risque d’être programmé en night session. En raison de la finale de la Ligue des Champions, allez-vous demander à ne pas jouer la night session ? Si vous suffisamment tôt, comptez-vous prendre un vol pour y assister ou regarder cette finale à la télé ?
Non, ce serait trop difficile d’y aller. Peut-être que Rublev va demander la night session juste pour m’embêter. Il faut regarder la programmation. J’espère pouvoir jouer l’après-midi mais pas le soir.
Où classez-vous ce match dans votre panthéon personnel ?
Lui, il est vraiment pas mal. J’ai fait des gros matches mais je n’ai pas fait d’aussi gros matches en cinq sets, je pense. J’en ai eu quelques-uns pas mal ; j’en ai eu un contre Talone, mon tout premier à l’US Open qui était vraiment dur mais celui-là, Roland-Garros, je pense que c’est le meilleur 5 sets que je n’aie jamais joué. J’aurais pu le perdre. J’ai eu de la chance mais ça restera l’un des meilleurs cinq sets de toute ma vie.
Parfois, vous êtes allé chercher le public. Il provoquait presque votre adversaire ce qui lui n’a pas plu. Pour certains, ce public est indiscipliné. Qu’en pensez-vous ?
« Indiscipliné », c’est un grand mot. Quand tu vois le public qu’il y a au foot, ici ce n’est rien encore. Quand tu vois le public qu’il y a en NBA, ce n’est rien, ou en NFL, peu importe. L’atmosphère est dingue mais c’est du tennis. Indiscipliné, s’ils font un peu de bruit avant de servir, c’est toujours un peu agaçant pour l’adversaire, ; mais il faut faire avec, il n’y a pas le choix. Quand je suis allé au Brésil, j’ai joué Fonseca, je ne me suis pas plaint du public. Il faut faire avec, on n’a pas le choix. Quand on va en Australie, qu’on joue des Australiens ou quand on va à New York et qu’on joue contre des Américains, les mecs te hurlent dans les oreilles pendant 3-4 heures, qu’est-ce que tu veux faire ? Tu ne vas pas te plaindre du public ? Tu n’as pas le choix, tu sais que c’est là. Moi, je pense que le public français c’est l’un des meilleurs, si ce n’est pas le meilleur et ça restera comme ça.
Si on se projette sur le prochain match, sur l’adversaire, vous en pensez quoi ?
Ça ne va pas être un match facile, forcément. Il a été bien mieux classé que moi ; il a été top 10, peut-être top 5, non ? Top 5. Il a l’habitude de ces matches en Grand Chelem. Il en a fait pas mal des 5 sets. Je sais que ça va être un match compliqué. Après, une fois qu’on rentre sur le terrain, c’est 50/50 : il a ses chances, j’ai mes chances. On va voir ce que ça donne.
Propos recueillis par E-A à Roland-Garros